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MICHAEL JACKSON a-t-il été assassiné ?

MICHAEL JACKSON en 2009

MICHAEL JACKSON en 2009

Dépressions et suicides sont surreprésentés chez les stars, et nombre d'accidents et d'overdoses peuvent êtres compris comme des conduites suicidaires. Suicide et dépression ne sont cependant par directement superposables (on peut se suicider impulsivement, sans être déprimés, et on peut être déprimé sans se suicider). Cela dit, si les stars se suicident, c'est souvent parce qu'elles sont déprimées. Si l'on ne trouve pas le moyen d'apaiser son mal-être et de se défendre, alors «en finir» est la dernière solution face à la douleur.

La dépression et son corolaire le plus dramatique, le suicide, traversent toute l'histoire de la création artistique. La mélancolie, les troubles dépressifs et bipolaires imprègnent souvent le processus de la création. Il est difficile de faire la part des choses entre création et besoin de gloire, l'un et l'autre s'interpénétrant de manière inévitable. Ainsi retrouve-t-on le plus grand nombre d'orphelins parmi les écrivains, mais aussi le plus de suicides. Le désir de reconnaissance est souvent la conséquence d'un ou plusieurs deuils. Comme une résilience qui ne tiendrait qu'un temps, une béquille fragile. La dépression et la mort peuvent resurgir à tout moment.

MICHAEL JACKSON a-t-il été assassiné ?

Le double bienveillant peut donc se changer en démon persécuteur. Le double détesté, qui prend toute la place, peut devenir l'ennemi numéro un de la célébrité et l'homme à abattre. Quand on ne peut quitter son «double célèbre» ni temporairement, ni définitivement, quand on ne peut plus pactiser avec lui, une dernière solution subsiste : le tuer.

Eminem, une fois pris dans les rets de la célébrité, a des envies de meurtres. Il estime qu'il est temps dorénavant de tuer «Slim Shaddy», le double célèbre de ses débuts : «Pour moi, Slim Shaddy a fini par représenter les signes extérieurs de la célébrité. Il était devenu tellement célèbre qu'il a failli détruire ma famille.» C'est comme si son double le mettait au défi d'exister par lui-même. Il fomente alors l'idée de se débarrasser de cet alter ego importun....en le chassant de ses futurs albums.

C'est déjà ce qu'avait fait David Bowie lorsqu'il comprit que son succès ne tenait qu'à Ziggy Stardust  (l'avatar qu'il s'était inventé, en créant par là même le glam rock) : Il décida de le sacrifier sur scène en juin 1973 à Hammerfield, après avoir joué Rock'n'Roll Suicide. Belle façon de se servir de son art pour sublimer ses pulsions de mort.

«L'assassinat si fréquent du double par lequel le héros cherche à se garantir contre les persécutions de son propre moi n'est pas autre chose qu'un suicide sous la forme indolore de la mort d'un autre moi.» C'est acte donne à son auteur l'illusion inconsciente de s'être séparé d'un moi mauvais et blâmable - illusion qui paraît être la condition de chaque suicide. Le personnage qui veut se supprimer cherche à fuir la peur de la mort que provoque toute menace sur son narcissisme. Il a bien recours à l'unique libération possible, le suicide, mais il est incapable de l'exécuter autrement qu'en tuant le fantôme du double redouté et haï. Il aime trop son moi, il l'estime trop pour lui faire du mal ou accomplir sa destruction.

Et on revient tout naturellement à l'histoire de Narcisse. Plusieurs versions existent d'ailleurs, dont une avec son jumeau....Et si en se tuant on permettait enfin aux deux instances de se séparer ? de mener «une vie» autonome, ou plutôt «une mort» autonome ?  L'âme a beau monter au ciel, le double célèbre reste sur terre. Ovide fait clamer à Oedipe : «Si je pouvais me dissocier de mon propre corps !» Captive de son reflet médiatique, la célébrité ne peut se séparer de son double sans disparaître, rien ni personne ne peut s'en mêler. Jean Seberg , exténuée, semble nous dire par son suicide : « Gardez mon double, puisqu'il vous plait tant, moi, je m'en vais..»

Nino Ferrer s'est suicidé à soixante-quatre ans en se tirant une balle en plein coeur, au milieu d'un champ de blé, en août 1998. Il s'était retiré volontairement des tumultes du succès depuis longtemps déjà, mais la mort de sa mère quelques semaines auparavant semble avoir constitué une nouvelle perte irréparable. Il y a une dimension romantique dans cette façon de disparaître. Mais on peut penser que ce musicien créatif, un vrai bluesman, a tué ainsi son double qu'il haïssait. Il méprisait le saltimbanque qui chantait des chansons comiques, que le public adorait, alors que ses créations plus originales étaient boudées. Il a supprimé le clown, cette incarnation encombrante qui avait envahi sa vie et symbolisait sa carrière.

On songe aussi à Patrick Dewaere qui s'est suicidé en juillet 1982 à l'âge de trente cinq ans. En changeant de nom, au début de sa carrière, il disait avoir déjà suicidé Patrick Maurin (son nom de naissance, attaché à moult secrets), pour renaître en Patrick Dewaere. Qui fallait-il tuer dorénavant ?

Elvis  avait un rapport particulier à son double. Celui-ci a existé sous la forme de Jess Garon Presley, son jumeau, mort en venant au monde quelques heures avant sa propre naissance et enterré dans une boite à chaussures. Il le considérait comme son double sombre. On raconte qu'Elvis enfant allait souvent au cimetière se recueillir sur sa tombe. Une fable voudrait également que les deux frères se soient battus pour prendre le contrôle du corps survivant. «Elvis, le rebelle», c'était l'esprit de Jess. Le gentil garçon pieux, «fils à maman», c'était Elvis. Quand il devint une star, la lutte ne fit que s'intensifier. Le côté Jess, destructeur, se mit à tirer sur des postes de télé, collectionna les armes à feu et les femmes. Le vrai prenait des calmants pour essayer de trouver un peu de répit.(Greil Marcus, Dead Elvis. Chronique d'une obsession culturelle, Allia, 2003)  Sa mère Gladys ne cessait de lui répéter : «Lorsqu'un jumeau meurt, le survivant hérite de toute la force des deux.»

Si on ne peut tuer son alter ego, lui pourrait bien vous tuer ! Pour Otto Rank, le suicide est le moyen par lequel de nombreux héros poursuivis par leur double terminent leur vie. «À première vue, écrit-il, entre le suicide auquel recourent ces héros et la crainte de la mort que nous constatons chez eux, il n'y a qu'une contradiction apparente. Mais en étudiant de près les situations, on voit que le suicide est autant une manifestation de leur crainte de mourir que de leur disposition au narcissisme ; car ces héros et leurs auteurs ( dans la mesure où ces derniers se sont réellement suicidés, [Raimund, Maupassant] , ou ont tenté de le faire) , ne craignent pas la mort : ce qui leur est insupportable, c'est l'attente de leur sort inévitable.

Dorian Gray disait : «Je n'ai pas peur de la mort, c'est seulement son approche qui m'effraie». La pensée normalement inconsciente de la future destruction du moi martyrise ces malheureux en leur représentant leur disparition complète pour toute éternité. Seule la mort peut les débarrasser de ce martyre. Ainsi s'explique le fait paradoxal que pour se débarrasser d'une angoisse insupportable de mourir on se précipite volontiers dans la mort. [Otto Rank, Don Juan et le Double, op.cit.]

Le double se manifeste fréquemment dans l'enfance sous la forme de l'ami imaginaire. Plus tard, si les défenses névrotiques viennent à manquer et que des souffrances identitaires occupent le devant de la scène psychique, l'ami imaginaire reprendra du service. Kurt Cobain  évoque son ami d'enfance rêvé, Boddah, dans la lettre qu'il écrit avant de se suicider. Il y fait appel à lui une dernière fois.

Finalement, le narcissisme, poussé dans ses limites, aboutit au suicide. Si elles en viennent à considérer leur moi réel comme indigne de leur moi idéal, les stars peuvent désirer tuer leur moi réel décevant, insuffisant, et se suicider pour ne laisser que le sublime et l'idéal accéder au mythe. Elles préfèrent l'immortalité sociale à la vie terrestre : «De toute façon, je suis plutôt contre les mythes. Le danger, pour un acteur ou pour un chanteur, c'est de pousser trop loin le propre personnage qu'il a crée et de ne pas arriver à s'en échapper, il devient alors un vrai mythomane, comme  Jim Morrison. Car, sur scène, on se transforme sans arrêt, on s'adapte à la personnalité de chaque chanson, de la balade, du slow, du rock....Après, il s'agit de jeter tout ça à la poubelle ou de le mettre au frigo. Et quand on n'y arrive pas.......» explique Mick Jagger  à propos de la mort de Briand Jones. 

MICHAEL JACKSON a-t-il été assassiné ?

Lorsque je regarde This Is It, le film qui a capturé par inadvertance les derniers jours torturés du Roi de la Pop, je pense que ce documentaire aurait du être classé dans la section des horreurs. Où  du moins ne pas être montré «par respect». Mais les fans ont aimé regarder cette mort pratiquement... en direct ....!!!!  Concluant que Jackson était humble, doux, et en pleine forme pour son âge .....(Pour son âge... ;  un exemple : Maïa Plissetskaïa ballerine dansera jusqu'à ses 70 ans !)

On voit Michael Jackson répéter pour 50 concerts en prévision de son retour à l'O2 Arena de Londres, il semblait savoir qu'il se dirigeait à la catastrophe, et son désespoir était et reste pitoyable à voir. Il ne pouvait même pas se rappeler des paroles de ses chansons à succès, et encore moins chanter de façon cohérente, ses mouvements de danse arthritiques sont la risée   du génie qui avait crée le Moonwalk. Il se plaignait, bizarrement, à un moment donné, d'avoir interrompu sa traversée du désert,  pour devoir courir encore une foi... (bouée de détresse de celui qui se noie).

Certes,  le cercle intérieur servile de Jackson -  producteurs, conseillers, avocats et médecins - avaient devant eux l'évidence aveuglante, de ce pauvre homme, qui  mentalement et physiquement malade, était poussé au-delà de ses limites.  Des signes extérieurs observables par tous. Pourtant, avec des centaines de millions de dollars en jeu, ils l'ont conduit au pire sans relâche, et même parfois avec brutalité.

Le jour de la conférence de presse, Michael Jackson n'était pas au mieux de sa forme, c'est ce qu'ont révélé des échanges entre Randy Phillips, directeur d'AEG Live, et son patron Tim Leiweke  : « Michael Jackson est enfermé dans sa chambre, bourré et déprimé. J'essaie de le faire dessaouler », écrit le premier. Ce à quoi Tim Leweike a répondu : « Tu plaisantes ? ». « Je lui ai crié dessus si fort que les murs en ont tremblé » continue Randy Phillips. « Il est complètement paumé et paralysé, il se déteste, il est bloqué par les doutes maintenant qu'il faut commencer le show » ajoute-t-il, à quelques minutes de la conférence de presse. « Il est flippé à mort », écrit Randy Phillips. D'après les e-mails échangés à ce moment précis, on comprend que le directeur d'AEG Live a dû habiller lui-même le chanteur, avec l'aide de son manager.

« On ne peut pas nous forcer à arrêter ça, ce que Michael Jackson va essayer de faire, car il est paresseux et change en permanence d'avis en fonction de ses envies immédiates », a répondu un autre responsable d'AEG Live, Paul Gongaware, à Randy Phillips. « Il est coincé, il a signé un contrat, il n'a pas le choix... » ajoute-t-il.
 
Quand Jackson a été déclaré mort au Centre Médical du Ronald Reagan UCLA  à Los Angeles, à 14 h 26 le 25 juin 2009, des doigts accusateurs ont été pointés dans toutes les directions. Plusieurs membres de sa famille ont même affirmé qu'il avait été assassiné. Assassiné je ne crois pas ...Mais tous  par leur inaction, ou leurs mauvaises actions, ont contribué à aggraver les conséquences de son péril en considérant que  l'état dans lequel il se trouvait était entièrement dû à son fait ou à sa faute....Ce n'était pas inexact. Néanmoins,  il y a eu abstention volontaire de porter assistance à  personne en danger.
 
D'après les documents du Los Angeles Times, quelques semaines après le décès du chanteur, Randy Phillips a écrit à l'une de ses connaissances : « La mort de Michael Jackson est une tragédie, mais la vie continue. AEG va engranger une fortune avec les ventes de produits dérivés, les tickets, l'exposition et le DVD du film...» (effectivement, les fans se sont précipités, pour dépenser leur argent !!!).
 
Michael Jackson s'est-il suicidé ?

Eh bien, il était certainement extrêmement déprimé, et pour de bonnes raisons : Sa dépendances aux drogues, ses problèmes psychologiques, sa dette de 500 millions de $,  ses scandales sexuels d'enfants, tout cela accolé à un stress monumental afin d'essayer de recréer ou restaurer sa vieille magie, ou alors irrémédiablement briser sa réputation. Bref ;   Michael était  rempli de tourments et de  douleur : une âme suicidaire entraînant dans son cauchemar le Docteur Murray.

Mais moralement,  il y a aussi toutes les raisons de remettre en question le jugement des personnes qui ne sont pas venues à son secours, alors qu'elles savaient qu'il prenait des cocktails réguliers de stupéfiants et qu'il devait manifestement être évident que le corps squelettique  de MJ ne pouvait en supporter davantage. En outre, au cours de ses derniers mois, Jackson avait été «traité» par au moins six autres médecins, dont aucun n'a eu à répondre à des accusations. La même chose vaut pour les pharmaciens qui dispensaient aux «guérisseurs» de Jackson,  des médicaments opiacés, prescrits à de faux patients. Ensuite, il y a AEG, la société de production qui voulait tirer plus de 75 millions de $ de bénéfice  des concerts à l'O2 Arena, et dont les  attachés clamaient que Jackson était dans une forme olympique !!  N'auraient-ils pas dû assumer une certaine responsabilité pour avoir placé un tel fardeau sur un artiste manifestement inapte ? Il y a eu de puissants avertissements et Jackson aurait du être conduit à l'hôpital, même s'il n'était pas d'usage de tenir tête au Roi de la Pop.

Pour tout cela, on ne peut s'empêcher de se demander pourquoi seul le Docteur Murray a été condamné ! Certainement parce qu' Il était la cible la plus facile et la plus parfaite.

Quand la plus célèbre pop star du monde meurt, d'une manière qui expose le ventre sordide du show business, il semble que quelqu'un doit être désigné pour en payer le prix.

L'avocat de la famille Jackson, Brian Oxman, avait estimé  que «la simple pensée» d'une inculpation pour homicide involontaire était «atterrante», alors que lui et ses clients savaient «que Michael Jackson allait à la mort par sa consommation de médicaments». 

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