24 Mars 2017
Michael Jackson, doublé par le sosie E'Casanova dans le Clip "Who Is It "qui n'a rien à voir avec les paroles de la chanson.
L'album Dangerous est sorti le 26 Novembre 1991, bien avant les accusations de pédophilie.
J'écoute la rythmique obsessionnelle de «Who Is It» ...Une sorte de parade splendide, équilibrant dans une même densité émotionnelle la violence et la nostalgie. Un chant sacré, un vrai chant de croisade, pondu par Jackson qui apparaît ici étranger au monde :
« N'idolâtrez pas Michael Jackson - Ne suivez pas Michael Jackson».
L'adoration que lui voue une grande partie de son public appartient au culte, à la croyance surnaturelle :
«Si tu parles aux fans hardcore de Jackson, et il y en a vraiment beaucoup, tu as l'impression de rencontrer les 1er chrétiens, écrit Manoeuvre dans Rock et Folk »
Michael Jackson a très vite rejeté le rigorisme poussiéreux de la bible et il s'est fabriqué un messianisme harnaché de hautes technologies, plus proche des univers futuristes de William Gibson - le pape du Cyberspace - que des prophéties d'Isaïe ou d'Ezéchiel. On le voit à sa pathologie régressive, larmoyant, lorsqu'il se sentait menacé.
Sa passion pour E.T s'explique par une double obsession : Il y a la monstruosité, la créature traquée par les hommes à laquelle il s'identifie et qui lui fait verser des larmes.
Jackson souffrait de son incapacité à participer à ce mouvement d'émancipation de la réalité :
L'histoire d'E.T est celle de ma vie à bien des égards. Il possède ce super pouvoir qui lui permet de décoller et de voler à chaque fois qu'il a envie de quitter la terre - C'est une chose à laquelle je peux m'identifier - Aujourd'hui encore je rêve que je vole - Nous pouvons voler, vous savez ! Simplement, nous ne savons pas appeler les pensées qui nous permettraient de léviter au dessus du sol.
« Les qualités narcissiques de valence positive, peuvent, en cas de frustration inverser leur polarité, jusqu'à déployer, le cas échéant, une énergie apocalyptique»
Icare, le héros grisé par la réussite, s'élève toujours plus haut et oublie les interdits et limites dictés par son père, Dédale. S'approchant trop près du soleil, il voit fondre ses ailes en cire et s'abîme dans la mer qui portera son nom.
Plus près de nous, le livre du cinéaste Kenneth Anger, Hollywood Babylon, décrit par le menu la face cachée de la ville des stars de 1900 à 1950 : meurtres, suicides, perversions sexuelles en tous genres. Il est d'abord publié en France en 1959 puis aux État-Unis en 1965 avant d'y être interdit. L'auteur veut faire comprendre que le rêve à son revers, que la ruine et la mort sont consubstantielles à la grâce. La culture de l'excès glorifie le toujours plus. La noirceur fascine alors tout autant que l'éclat. Napoléon avait Sainte-Hélène. De Fatty Arbuckle à Phil Spector, tous ont connu leur enfer. La déchéance et la ruine font suite aux sommets. Mythologie oblige, les héros gravissent les montagnes et les redescendent parfois très vite.
La décadence d'O.J Simpson est exemplaire, et l'une des plus impressionnantes. En 1973, il est élu meilleur athlète de l'année. Grand joueur de football américain, il fait vibrer les stades et le petit écran, il devient ensuite acteur de cinéma. Vingt ans plus tard il est toujours présent sur les chaînes du câble, mais cette fois pour un procès-fleuve où il comparait pour le meurtre de sa femme. Il est acquitté en 1995, mais en 2007 il se fait pincer pour un braquage à main armée. Dans une autre style, Britney Spears fait parler d'elle grâce à ses shows flamboyants, certes, mais les magazines à scandale font leur une sur ses colères, ses ivresses.
L'auto-engendrement à l'oeuvre lors de la naissance de la célébrité se retourne en autodestruction. Après avoir avalé le monde, les grandes stars se font avaler par lui. Largement commenté, ce dernier phénomène est beaucoup plus visible et scandaleux pour le grand public que les mystères de la naissance de la star. On s'est construit une ascension extraordinaire, on ne peut aller plus haut : On se construira une chute magnifique. On ne quitte pas Narcisse, on en explore la face la plus noire. La régression narcissique creuse sa propre tombe. Se met alors en place un narcissisme négatif et destructeur : Le moi, pour soutenir son illusion de toute-puissance, cherche l'immortalité et refuse la blessure du désir frustré et du manque. Un conflit a lieu au sein même du narcissisme primaire entre sa part érotique et sa part mortifère. La destruction vient alors au service de l'omnipotence. L'idéal devient destructeur. Si le narcissisme libidinal se caractérise par une idéalisation excessive du moi (amour de soi et attitudes mégalomaniaques) , le narcissisme destructeur se nourrit du fantasme de la toute-puissance de sa propre destructivité (Sadisme est agressivité). Je ne résiste pas ici au plaisir de citer La Fontaine dans la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Boeuf.
Who Is It ? Qui suis-je ? Qui est-ce ? laisse penser que Jackson ne sait plus qui il est ..et qu'il souffre d'une dépossession de lui-même. Mais le problème n'est pas ce qu'il disait, mais bien ce qu'il était.
MJ avait beaucoup de charme, il était Bourré de talent, capable de mettre en scène des spectacles d’une qualité rarissime, d’écrire des tubes à jamais mémorables, de déhancher son corps d’une manière ahurissante, Michael Jackson a d’abord séduit le public par ses qualités d’artiste. Il était bouleversant, alors dans un premier temps, vous le voyez en victime de son père, des médias etc... et finalement il vous attire, vous commencez à ressentir de la peine pour lui, et vous vous enlisez dans un processus d'aliénation que l'on appelle communément : la dépendance affective. Pourtant, vis à vis de lui, vous ressentez en outre et sans cesse un sentiment d'inconfort, de doute. On repère un manipulateur à certaines émotions que l'on peut ressentir. Ces émotions peuvent être de l'ordre du vague mal-être, du malaise peu défini. Mais ces émotions peuvent également être de l'ordre de l'admiration exagérée...qui indique quelque chose de malsain. En fait, MJ était un individu déroutant, prétendant qu'il fallait le comprendre, mais qui a toujours fait des choses à dessein pour vous confondre afin que vous ne puissiez pas le comprendre dans le seul but de dissimuler des comportements très opposés aux discours qu'il tenait.
17 août 1993 : coup de tonnerre dans le ciel du show business. La police de Los Angeles ouvre une enquête à l'encontre de Michael Jackson. Le roi de la pop est soupçonné de s'être livré à des attentats à la pudeur sur un jeune garçon : Jordan Chandler.
C'est alors que Jackson a eu l'audace de paraître encore plus bouleversé que personne ne le comprenne !