13 Août 2018
Certains artistes ont des dons multiples qu'ils exercent dans plusieurs domaines, même si l'histoire n'en retient qu'un : LEONARD DE VINCI.
Quant à la synesthésie, qui s'exprime chez certains artistes, c'est l'étonnante aptitude à percevoir simultanément des sensations de différentes natures, par exemple visuelles et auditives.
Le plus célèbre de tous les génies polyvalents est bien Léonard de Vinci, peintre, inventeur et ingénieur visionnaire. Il créait des automates pour animer les fêtes de François 1er. Ses créations les plus étonnantes sont ses machines volantes. En peinture, il a inventé le fameux sfumato, dont LA JOCONDE, avec ses contours vaporeux, est emblématique.
Sans établir de comparaison, je cite aussi BORIS VIAN, qui cumulait les dons puisqu'il était à la fois écrivain, poète, parolier, chanteur, critique, musicien de jazz français, mort jeune, à l'âge de 39 ans, le 23 juin 1959. Sa courte existence lui a malgré tout laissé le temps d'exprimer ses nombreux talents. Ou encore Man Ray, qui était photographe de mode, qui peignait, dessinait, réalisait des films, créait des objets, rédigeait ....
Les artistes sont parfois des synesthètes, c'est à dire que face à un même stimulus, ils perçoivent simultanément deux sensations. Le plus souvent, ce sont des musiciens qui disent voir des couleurs en entendant des sons, ce qui s'appelle «l'audition colorée». D'autres associent des chiffres à des couleurs (le quatre et le vert par exemple).
Le langage courant lui-même manifeste de nombreuses traces de synesthésie puisqu'on parle de couleurs «chaudes» ou «froides», de la «couleur d'une voix». Parfums et musique ont aussi un vocabulaire commun puisque musiciens et parfumeurs parlent de «notes» de «compositions», de «gammes», de «dissonances», d'«accords» .....On peut penser que les artistes sont plus aptes à faire des associations sensorielles inhabituelles, ce qui renforce leurs aptitudes créatives.
Synesthésie et poésie :
Arthur Rimbaud n'était pas un synesthète, mais gageons que son hypersensibilité de poète lui ouvrait des perceptions inconnues du profane. Son célèbre poème «Voyelles» attribue à chaque voyelle une couleur.
«A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles».
Et voici la dernière strophe, consacrée au «O»:
«O, suprême Clairon plein de strideurs étranges - Silences traversés des Mondes et des Anges ; - O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !».
Quelle est la part de l'intuition dans les expériences d'improvisation artistique ? Pour le pianiste FABRICE DEVIENNE, l'improvisation est un langage dont l'interprétation dépend des autres musiciens, comme une conversation dépend des différents interlocuteurs. Et l'intuition serait une forme d'énergie, qui circulerait parfois de façon incroyable.
Ce que Fabrice Devienne dit de l'intuition :
Cela dépend de ceux avec lesquels je joue ! En effet, l'improvisation c'est un vocabulaire, une syntaxe, que tu travailles. Il s'agit donc d'un bagage linguistique, un vrai langage que tu restitues une fois qu'il est acquis. En musique, comme dans la conversation, ta façon de parler va dépendre du contexte. Le cadre, les autres musiciens, conditionnent plus ou moins ta façon de jouer : Tu t'adaptes.
Avec de très grands musiciens, tu donnes le meilleur de toi-même. Ils peuvent t'entraîner dans d'autres chemins, te bousculer, te sublimer....Cela surprend, oui. Mais ce qui change, c'est dans la forme, pas dans le fond ! Tu gardes ta personnalité, ton bagage linguistique, comme dans une conversation passionnante. Et puis, le nombre de musiciens avec lesquels tu joues est déterminant, dans la mesure où tu dois servir la musique avant tout. Dans un big band, tu cherches l'équilibre musical (avant la satisfaction de ton ego!) et tu peux être amené à te rendre moins présent si cela bénéficie à tout le monde. À l'opposé, pour l'émulation musicale, le trio où chacun exprime sa personnalité est la formule la plus magique !
Le jeu est imprévisible, oui, mais incontrôlé non ! On reste dans le contrôle, mais les énergies mises en jeu peuvent être surprenantes et t'entrainer dans des strates hallucinantes. À l'inverse, parfois, la mayonnaise ne prend pas. On assure alors le minimum syndical, on joue correctement et c'est tout. C'est vraiment une question d'énergies, fortes ou faibles.
C'est plutôt au sein d'un même groupe qu'il existe de tels moments de «magie» musicale. On joue ensemble régulièrement, mais il y a des moments où la magie opère sans que l'on sache pourquoi. C'est peut-être dû à l'état d'esprit de chacun d'entre nous à cet instant là. En effet, on joue dans l'état où on est, mais il y a parfois des conjonctions entre tous les membres. Je me souviens d'une soirée au Sunset avec mon quartet de Jazz, où les énergies circulaient magnifiquement. Impossible d'expliquer pourquoi, pourquoi ce soir-là. Mais il en ressortait d'infinies nuances, une émulation extraordinaire ! À cela, le public répondait, bien sûr, ce qui ajoutait de la magie à l'instant.
Quand je compose, j'ai des bribes de phrases musicales parfois disparates, des enchainements d'accords et je crée mon discours à partir de ça. Je donne une cohésion, je lie l'ensemble. En revanche, je suis très visuel, même en musique. Ce sont des images, des photos, qui m'inspirent dans mon écriture.
L'art total de l'impro :
Une équipe Américaine s'est intéressée en 2015 à des musiciens de Jazz et a découvert que les «circuits cérébraux qui sous-tendent, la créativité, sont significativement modifiés par la nature et l'intensité des émotions qui nous habitent». Les musiciens, tout en passant une IRM, devaient improviser sur un petit clavier après qu'on leur a montré des photos exprimant diverses émotions (joie, tristesse). Les impros joyeuses généreraient davantage de lâcher-prise, les impros tristes stimuleraient davantage les circuits de récompense.
Candy Dulfer née à Amsterdam, sait faire des impros joyeuses, elle est une saxophoniste alto et chanteuse néerlandaise de Jazz-funk, de smooth jazz et de pop jazz. Elle est connue dans le monde entier pour ses concerts débordants d'énergie.
Elle travaille avec les plus grands artistes, joue avec son groupe à travers le monde, et a reçu une nomination aux Grammy Awards pour son album «Saxuality» qui s'est vendu à plus de 2.5 millions d'exemplaires à travers le monde.
Elle s'est fait connaître après avoir travaillé avec Dave Stewart et PRINCE, avec qui elle a joué sur le Jay Leno's Tonight Show et sur des dizaines de concerts. Elle a également participé à plusieurs albums de ce dernier et joué avec lui à la cérémonie des Grammy Awards aux côtés de Beyoncé. En 2011, elle a travaillé en collaboration avec le producteur des Black Eyed Peas, Printz Board.
Candy Dulfer a choisi le saxophone pour la première fois en 1975 à l'âge de six ans. Trente ans plus tard le succès lui est toujours garanti.
Née en Hollande en 1969, Dulfer a grandi dans une famille de musiciens. Son père, Hans Dulfer, était un saxophoniste hollandais bien connu qui a fondé le Bimhaus, le célèbre club de jazz subventionné à l'origine par le gouvernement pour promouvoir les arts. Ironiquement, Hans a été évincé de l'organisation originale car il embrassait des styles en dehors des limites strictes du jazz traditionnel. Voir son père ostracisé de la même communauté de jazz qu'il avait aidée à créer a eu un effet profond sur la jeune Candy.
«À l'époque, même dans ma jeunesse, je me sentais trahie par la scène jazz hollandaise», se souvient-elle, «j'ai décidé que j'allais faire les choses à ma façon. J'ai décidé que je jouerais du R & B, de la pop, et tout ce qui m'émeut, et que je déciderais plus tard si tout le jazz que j'avais entendu enfant cadrait dans ce que je faisais. Je n'ai jamais vraiment joué de concerts en direct. Je pensais que c'était très puriste et confinant».
À l'âge de 14 ans, elle avait formé son propre groupe, Funky Stuff (le nom seul devrait donner une idée de sa rébellion contre les paramètres étouffants du jazz traditionnel). L'unité musicale était encore intacte cinq ans plus tard quand elle enregistra Saxuality, son premier album solo, en 1988. Le succès massif de l'album a incité Dulfer et Funky Stuff à tourner dans le monde entier au début des années 90. Plus de 15 ans et dix albums solo plus tard - sans parler des nombreuses apparitions d'invités sur des albums d'autres artistes - l'itinéraire de la globe-trotteuse doit encore se poursuivre.
Sur le chemin, Dulfer s'est fait des dizaines d'amis en haut lieu.
Dave Stewart (Eurythmics), Maceo Parker, Van Morrison, David Sanborn, Beyonce, Pink Floyd, Chaka Khan, Aretha Franklin, Blondie, Joey DeFrancesco et bien d'autres ont été ses partenaires. Clairement, c'est une artiste qui n'est pas gênée par les contraintes typiques d'un genre ou d'un style par rapport à un autre.
«Je pense que l'une des raisons pour lesquelles ma carrière s'est si bien passée et continue de bien se passer après toutes ces années, dit Dulfer, c'est que je fais ce mélange vraiment étrange de toutes les musiques avec lesquelles j'ai grandi, même si n'a pas toujours de sens. Je n'ai pas peur de mettre du jazz, du R & B et de la musique house dans ce que je fais. Pour certaines personnes, cela semble fou, mais la plupart des gens aiment ça.»
Dulfer a apporté cette approche melting-pot à Candy Store, pour ses débuts en 2007 sur Heads Up International, une division de Concord Music Group. L'album est une confection bouillonnante de R & B, pop, funk, hip-hop, latin et plus encore - une formule tout compris qui s'inscrit dans sa philosophie de tisser une diversité de styles pour créer de la musique positive et énergique.
«En dehors de mon père, j'ai été l'une des premières musiciennes en Hollande à vraiment y aller et à dire : Peu importe, Je ne jouerai jamais les musiques américaines aussi bien que les Américains, parce qu'ils l'ont inventée. Mais ce que je peux faire c'est de la prendre et de le combiner avec ce que je sais de ma propre culture et de mes propres antécédents, et de faire ensuite la musique que je pense être la plus amusante».
Tout le monde a en tête la mélodie de «Lily Was Here», où guitare et saxophone dialoguent sur une section rythmique rectiligne et doucement jazzy. A l’origine, le morceau avait été composé comme bande originale du film hollandais «De Kassière» (1989) par le guitariste Dave Stewart de Eurythmics. Pour tenir la partie de sax, celui-ci avait invité Candy Dulfer, encore peu connue du public. Le morceau s’est transformé en hit planétaire et la carrière de la belle hollandaise a littéralement explosé.
Entre, Candy Dulfer, la tromboniste et Uloc Bed, le guitariste ....Émulation musicale :