15 Janvier 2019
Le chanteur et producteur américain R.Kelly est accusé, dans un documentaire diffusé jeudi, vendredi et samedi, d'avoir eu des relations sexuelles avec plusieurs jeunes filles de moins de 16 ans.
En 2013 survenait un fait glaçant, que rappelle le documentaire : son procès pour des faits de pédophilie, après la divulgation d'une vidéo le montrant en train d'uriner dans la bouche d'une fille de 14 ans. Celle-ci n'ayant jamais voulu témoigner, il avait été innocenté, malgré le fait que quatorze témoins (dont sa tante) avaient identifié l'adolescente.
Mais si R.Kelly apparaît dans le documentaire comme un mégalomane capable de duper son monde grâce à un storytelling bien huilé, pas de quoi exempter l'industrie musicale ni même la justice, qui savent depuis longtemps de quoi il est accusé.
Long de six heures, ce nouveau documentaire, diffusé par la chaîne câblée Lifetime en six épisodes, offre un nouvel éclairage sur les accusations dont fait l'objet depuis plusieurs années Robert Sylvester Kelly, de son vrai nom. Le chanteur et producteur de 51 ans, auteur du hit «I Believe I can fly» et d'un grand succès de Jackson «You Are Not Alone»(un plagiat), avait été inculpé en 2002 pour avoir filmé des actes sexuels entre lui et une jeune fille de 14 ans, mais finalement acquitté en 2008.
L'équipe de «Surviving R.Kelly» (Survivre à R.Kelly) a réalisé des dizaines d'interviews filmées avec des personnes qui ont côtoyé l'artiste. D'anciennes choristes racontent avoir été témoins de relations sexuelles entre R.Kelly et trois jeunes filles de moins de 16 ans, notamment la chanteuse Aaliyah (décédée en 2001), âgée de 15 ans à l'époque.
La mère d'Aaliyah, Diane Haughton, a démenti ces allégations, qualifiées «d'inventions», et accusé la choriste Jovante Cunningham d'être «une menteuse», selon une déclaration postée sur le compte officiel de la chanteuse.
Dans le documentaire, d'autres femmes présentent R.Kelly comme manipulateur, violent et porté sur les très jeunes femmes, desquelles il exigeait notamment qu'elles l'appellent «daddy» (papa).
Lizette Martinez, qui l'a rencontré à 17 ans alors que lui approchait de la trentaine, assure avoir été victime de harcèlement mental et d'agressions physiques au cours de leur relation, qui a duré plusieurs années. «En abusant de moi de cette façon, il m'a volé m'a vie», dit-elle dans le documentaire, réalisé par Dream Hampton :
Je ne pense pas qu'il comprenne à quel point nous, jeunes filles, sommes impressionnables et à quel point ces épisodes sont traumatiques pour nous. Ils vous changent à jamais.
L'une des séquence les plus pénibles du documentaire reste le témoignage de Jerhonda Pace, qui explique avoir rencontré son idole alors qu'elle avait 14 ans et assistait à son procès pour le soutenir...avant de devenir, deux ans plus tard, sa victime. Sans que cela ne conduise à une arrestation ou, a minima, à un arrêt de sa carrière. Après le visionnage du documentaire, ce sont d'ailleurs les deux questions qui restent en suspens : Quand R.Kelly sera-t-il enfin lâché par l'industrie, son label RCA Records et les plateformes de streaming en tête ? Mais surtout, que deviennent les femmes qui sont, aujourd'hui encore, sous son emprise ?
Après la diffusion du documentaire sur R.Kelly, Kim Foxx, procureure de l'Illinois dont dépend Chicago, a tenu une conférence de presse pour lancer un appel à témoin. La justice Américaine se mobilise enfin !
Dire la vérité est utile à qui on la dit, mais désavantageux à ceux qui la disent, parce qu'ils se font haïr.
Cara Delevingne, (Mannequin) après avoir visionné le documentaire consacré à R.Kelly, accusé de pédophilie, a publié un texte sur Instagram :
Je suis tellement choquée et scandalisée de constater depuis combien de temps cela dure, cet homme est un prédateur qui se nourrit de pouvoir et, à mon avis, est bien pire qu'Harvey Weinstein et doit être tenu pour responsable. Je ne cherche pas à comparer les deux, je veux dire que Harvey fait l'objet d'une enquête, mais pas vraiment R.Kelly. Je connaissais les allégations, mais je n'avais pas réussi à comprendre la gravité de la situation. J'ai toujours continué à écouter sa musique. Arrêtez de séparer l'art de l'artiste, ce n'est pas parce qu'il chante comme un ange qu'il en est un.
Dans un autre commentaire, Cara Delevingne, explique avoir perdu 50 000 followers après la publication de son texte :
Chaque fois que je dis quelque chose de réel, quelque chose que je crois vraiment, que les autres peuvent considérer comme controversé, qui fait que les gens réfléchissent et posent des questions, je perds des abonnés.
En 2019, je veux être plus conflictuelle : La confrontation n'est pas une violence, c'est une communication. On m'a toujours appris à éviter la confrontation à tout prix, ce qui m'a fait garder le silence presque toute ma vie, le silence provoque la répression et la répression provoque la maladie. Plus maintenant ! Adieu le silence et les adeptes arriérés, bonjour la confrontation et les avant-gardistes.
Bientôt dix ans après la mort de Michael Jackson, de nouvelles voix s'élèvent contre le roi de la pop. Un nouveau film-documentaire baptisé Leaving Neverland, qui se déroule en deux parties et totalise 3 heures 53 mn, sera présenté en première mondiale dans la catégorie des événements spéciaux du festival américain de Sundance avant d'être diffusé sur HBO ce printemps. Deux hommes affirment avoir été victimes d'abus sexuels de la part de Michael Jackson lorsqu'ils étaient âgés de sept et dix ans.
Dans un communiqué, les héritiers du roi de la pop ont réagi avec virulence, dénonçant, comme à leur habitude : «Une tentative scandaleuse et pathétique d'exploiter et de tirer profit de Michael Jackson».
Les proches de MJ se disent convaincus que les allégations portées par ces deux victimes présumées sont cousues de fil blanc : «Ce prétendu documentaire est juste une réédition de vieilles allégations infondées. Il serait surprenant qu'un quelconque réalisateur digne de ce nom soit impliqué dans un tel projet».
Leur principe : s’attaquer personnellement aux accusateurs pour démonter leurs arguments en les accusant de vouloir tirer profit de MJ, et en ce qui concerne le réalisateur, d'être incompétent et cupide.
Ce réalisateur n'est autre qu'un certain Dan Reed, qui a auparavant réalisé d'autres documentaires dont celui sur Les attentats de Charlie Hebdo en 2015.
«Je n'ai aucun doute sur leur crédibilité» assure le producteur. Les deux victimes présumées ont toutes deux déposé plainte contre Michael Jackson et leurs héritiers. Wade Robson, a porté plainte contre les héritiers du roi de la pop et sa succesion en 2013, soit quatre ans après son décès. James Safechuck, a également déposé plainte contre les héritiers du chanteur. Mais les deux plaignants ont été déboutés par la justice américaine en 2017. Deux déboutements qui n'ont toutefois pas convaincu Dan Reed, qui a tenu à redonner la parole aux plaignants.
S'il y a bien une chose que nous avons apprise, c'est que les abus sexuels sont complexes et qu'on doit entendre la voix des victimes. Il a fallu beaucoup de courage à ces deux hommes pour raconter leur histoire, et je n'ai aucun doute sur leur crédibilité. Je crois que tous ceux qui regarderont ce film verront et ressentiront l'émotion ressentie par ces hommes et leurs familles et comprendront la force nécessaire pour faire face aux secrets tenus de longue date.
DES ACCUSATIONS DE PÉDOPHILIE QUI DURENT DEPUIS Les ANNÉES 80.
Des allégations de mauvais traitements infligés aux enfants ont d’abord été soulevées dans les années 80 et un adolescent alors âgé de 13 ans, Jordan Chandler et ses parents, avaient porté plainte pour abus sexuels en 1993, plainte à laquelle Jackson mit fin en versant 22 millions de dollars a ses accusateurs. Douze ans plus tard, une affaire similaire voyait le jour avec Gavin Arvizo, mais Jackson avait été acquitté, malgré le témoignage d'une autre victime, Jason Francia, et de documents judiciaires accablants !
Philippe Manoeuvre a récemment raconté cette anecdote au sujet de Jackson dans l'émission de Laurent Ruquier «On est pas couchés». J'étais assis à une table avec des Sud-Américains, on picolait grave, on étaient contents...et ils me disent : «On est les parents du copain de Michael. Lors d'une dédicace, il est tombé en pâmoison devant notre fils et depuis, on l'accompagne, on tourne avec lui autour du monde. Ils font tout ensemble et parfois Michael nous laisse sa carte de crédit pour aller faire les courses et il reste avec notre fils qui est son meilleur ami» Age du garçon : 14 ans. (c'était en 1987 pendant le Bad Tour) «Et j'ai vu passer le scoop du siècle devant moi, sans réagir, je n'ai pas compris ce qu'il se passait», a commenté Philippe Manœuvre, précisant que le garçon qu'il avait vu avec Michael Jackson ce soir-là ne faisait pas partie de ceux qui l'avaient par la suite accusé d'abus sexuels.