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Leaving Neverland nous oblige à faire face à la réalité.

Leaving Neverland nous oblige à faire face à la réalité.

J'ai regardé «Leaving Neverland» :  Wade Robson et James Safechuck, décrivent en détail la manière dont Jackson les a manipulés et agressés sexuellement dans leur enfance. Les deux racontent qu'ils ont passé des nuits seuls avec Jackson dans son lit et les nombreux actes sexuels auxquels ils ont été forcés de s'adonner, dans ce que le chanteur considérait comme de «L'amour» !

Un des buts de ce documentaire est de nous démontrer combien les passions, et les admirations excessives envers un artiste sont dangereuses !  Et de nous prévenir sur la façon dont un prédateur sélectionne l'enfant, joue sur sa curiosité et sa naïveté (là réside le vrai danger, car toute l'horreur du piège se referme sur lui)  Les procédés du toilettage sont mis en évidence (soyez attentifs à cela), ainsi que la façon dont le pédophile abuse de l'enfant après l'avoir éloigné de ses parents,   l'empêche de divulguer ce qu'il a subi, se sépare de lui quand il a dépassé l'âge pour le remplacer par un enfant plus jeune, et à quel point il est ensuite affecté par ces  mauvais traitements.  Cela englobe qu'un prédateur pédo-sexuel est  un personnage totalement dépourvu d'empathie, qui n'éprouve aucun respect pour les autres, qu'il considère comme des objets utiles à ses besoins de pouvoir, d'autorité. 

Le côté sombre de Jackson était bien masqué, il ne le donnait à voir qu'à ses malheureuses petites victimes. Les parents n'imaginaient pas une seconde que cet homme tellement généreux et affable pouvait faire des choses aussi monstrueuses !   Pensant qu'il était un autre eux-même,  cet-à-dire une bonne personne, ils ont malheureusement laissé leurs enfants dormir avec lui.

À Neverland, dans cet espace parfaitement balisé dans lequel il se savait à l'abri, au sein duquel, chaque être lui était soumis, Jackson s'adonnait à ce qu'il savait faire de mieux : Tout contrôler. 

Nous sommes peu habitués à devoir faire face à de tels actes et nous avons tous naturellement tendance à nous dire que cela «n'est pas possible». Une part de nous renferme toujours une tendance à éluder le problème du mal. Et le pédophile sait tirer parti de cette faiblesse :   Son innocence est une évidence, il est victime d'accusations injustes, fomentées, le plus souvent par des personnes déséquilibrées ou avides. C'est ce que Jackson a fait croire aux parents des enfants, et au monde entier.

Pendant quatre heures, les deux hommes regardent distraitement au loin, déglutissent nerveusement et, Safechuck termine fréquemment ses phrases avec beaucoup de mal, comme s'il ne pouvait pas vraiment inclure son esprit dans ce qu'il dit. C'est aussi inconfortable à regarder que convainquant, notamment parce que ce sont deux hommes qui ont témoigné pour défendre Jackson dans le passé, niant catégoriquement que le chanteur leur avait fait du mal. (Pour la petite histoire, la famille Jackson et la succession, soulignent cette incongruité comme preuve que ces hommes mentent et veulent seulement gagner de l'argent avec leurs revendications).

Le documentaire,  oblige de maintes façons à remettre en question les récits fabuleux racontés sur Jackson pendant de nombreuses années. Jackson n'était pas l'homme enfant jésus innocent, qu'il prétendait être,  bien au contraire. L'ampleur de sa puissance de  star lui permettait de maîtriser l'art d'utiliser un masque, à commencer par celui de la perfection, dont il se servait pour mieux  manoeuvrer  quiconque, tout en sévissant sans vergogne. Il ne s'agissait pas de jeux sexuels avec les enfants mais de relations sexuelles  qui ne laissent aucune place à l'ambiguïté. Une organisation très précise est décrite,  exercices de rhabillement très rapide au cas où ils auraient été surpris en plein acte, entraînement des enfants avec des réponses à donner aux policiers si jamais ils étaient interrogés... Le  modus operandi  de Jackson était toujours le même :  Il gagnait la confiance des enfants et celles de leurs parents en les comblant d'attentions et de cadeaux somptueux pour les rendre dépendants (Toilettage)   En confiant leurs enfants à Jackson, les parents pensaient que leurs fils auraient un avenir meilleur !  Ils étaient  sous le charme de son charisme et de son succès,   émerveillés par la splendeur de Neverland, et le luxe des hôtels où ils étaient emmenés en villégiature.  Jackson jouait  «le rôle» de l'homme enfant,   au point qu'il avait réussi à s'infiltrer chez les Safechuck et Joy se considérant comme sa mère  lui lavait son linge ! (Ce n'est pas très différent du récit de Frank Cascio dans son livre «Mon ami Michael») Peu à peu déstabilisés,  parfois par les larmes hypocrites de Jackson,  les parents n'arrivaient plus à penser par eux-même, alors ils épousaient son mode de fonctionnement. C'est  un cas typique d'emprise mentale. Autrement dit, la manipulation mentale est la pratique visant à influencer la volonté où le libre arbitre d'autrui, pour modifier son comportement,  sans qu'il ne s'en aperçoive(Ce sont des préjudices ineffaçables !) 

James, Wade et leurs familles ont  beaucoup de courage de se dévoiler devant des millions de spectateurs pour raconter leurs histoires déchirantes. 

Cependant,  il reste une question inquiétante et plus subtile, mais qui doit être déballée de la même manière : Le système juridique a fait obstacle à la justice,  même lorsqu'il est censé servir les citoyens.

1993 - L’affaire Chandler

En pleine tournée pour son album Dangerous, Michael Jackson est mis en cause par Jordan Chandler. L’adolescent de 13 ans accuse MJ de l’avoir agressé sexuellement dans des conditions similaires à celles décrites par Wade Robson et James Safechuck dans Leaving Neverland. Evan Chandler, le père de l’enfant porte plainte.

Des perquisitions sont menées à Neverland, le domaine de Michael Jackson et un examen du corps de l’artiste est effectué pour le comparer à la description donnée par l’adolescent. (Selon des dossiers judiciaires les dessins de Jordan concordent avec les photos) Le chanteur clame son innocence dans une vidéo diffusée sur CNN en décembre de la même année. «Ces déclarations sont entièrement fausses. Ne me traitez pas comme un criminel, car je suis innocent. C’est un cauchemar, un horrible cauchemar, si je suis coupable de quelque chose, c’est de donner tout ce que j’ai à donner pour aider les enfants du monde entier» Michael Jackson conclu un accord amiable avec la famille Chandler, pour 22 millions de dollars.

Il est important de noter qu'au moment où ils ont été appelés à témoigner pour la première fois, en 1993, pour l'affaire Chandler,  ils avaient respectivement 11 et 15 ans. Selon les allégations actuelles de Wade Robson, Jackson aurait abusé de lui de 7 à 14 ans, le chanteur abusait toujours de lui au moment de son témoignage. En outre, au moment où ils comparaissaient devant un tribunal, les deux garçons avaient déjà été préparés pendant des années sur la façon dont ils devaient cacher leurs relations avec Jackson et nier toute interaction sexuelle avec lui. Selon Robson, le chanteur avait commencé très tôt à lui faire comprendre «que lui et Wade iraient en prison pour le reste de leur vie» si jamais quelqu'un découvrait ce qu'ils faisaient.

2005 - Le procès

 

Jackson est acquitté le 13 juin 2005 pour l'affaire Gavin Arvizo (un petit rescapé du cancer) par le jury de l’ensemble des dix chefs d’inculpation pour lesquels il était jugé. Le jury, qui pointe le manque de preuves, (alors qu'il n'en manquait pas), a été sensible à la célébrité de la star et à l’argumentation des avocats de Jackson, qui avaient accusé la famille de la victime d’avoir monté une arnaque pour soutirer de l’argent à MJ. (laissant entendre que Jackson était la victime ! et qu'il était de ce fait beaucoup plus innocent que les enfants.)

Peu importe ce que les opposants peuvent dire sur la validité de leurs affirmations, Wade et James  ont les nombreux comportements typiques de ceux qui peuvent enfin comprendre et  accepter leurs traumatismes. 

Ils n'ont pas réalisé qu'ils avaient été maltraités jusqu'à ce qu'il soit trop tard aux yeux du tribunal. Lorsqu'ils se sont présentés en 2013 pour accuser le chanteur d'années d'abus sexuels, leurs cas ont finalement été rejetés, non pas par manque de crédibilité, mais parce que le délai de prescription était écoulé. Ils ont tous deux attendu trop longtemps après les violences, bien que, comme des experts l'ont souligné, il existe une multitude de raisons pour lesquelles les victimes sont incapables de se faire connaître. Et l'une des principales raisons vient de l'agresseur lui-même, parce que les victimes l'aiment. C'est évident dans le documentaire.  En disant à Robson que Dieu les avait réunis, ou quant il organisait une cérémonie de mariage avec Safechuck,  Jackson, tombe facilement dans cette catégorie. La confiance inhérente que les deux hommes avaient en Jackson quand ils étaient enfants les a  empêchés de considérer les relations sexuelles comme des abus, et les a même poussés à porter le fardeau du secret à l'égal d'un honneur ; ils avaient été choisis par Jackson. 

En dehors de l'affaire Jackson, d'innombrables cas montrent que ces schémas de victimes d'abus sexuels durant l'enfance ont pris des années, voire des décennies, pour traiter leurs traumatismes :

En France 25 évêques, ont méthodiquement couvert pendant des années 32 auteurs d'abus sexuels, qui ont laissé derrière eux 339 victimes.

Des évêques catholiques du New-Jersey ont cité près de 200 prêtres qui avaient abusé sexuellement d'enfants. Un grand nombre d'abuseurs figurant sur la liste sont  morts et les abus dont ils ont été accusés ont été perpétrés il y a plusieurs décennies. En août 2018, des membres de l'Église catholique romaine de Pennsylvanie ont été accusés d'avoir dissimulé des abus sexuels commis contre des enfants par plus de 300 prêtres au cours des 70 dernières années, pour un total de 1 000 victimes identifiables.   Et Larry Nassar, (dont j'ai parlé dans ce blog) le médecin déchu de la gym américaine,  a abusé de 332 jeunes femmes au cours de plusieurs décennies. Il  a fallu à toutes ces victimes des années pour traiter leurs traumatismes  et ensuite raconter leurs histoires. 

Compte tenu de tout cela, il est clair que le délai de prescription actuel dans la plupart des États aux USA est  obsolète. Les circonstances qui entourent les abus sexuels dans l'enfance font que les victimes se sentent complices, remettant en question la crédibilité de l'amour de leurs proches, et ne révèlent pas immédiatement les abus de l'auteur, elles considèrent même l'attention qu'elles reçoivent «spéciale», comme l'ont fait Wade Robson et James Safechuck. Par conséquent,  il serait logique que les tribunaux  s'adaptent pour refléter ces ressources, car le rôle du système juridique, dans ces cas, est de servir la justice. 

Plusieurs États américains ont voté en faveur d'une prolongation du délai de prescription pour les victimes d'abus sexuels durant leur enfance. Les sénateurs du Dakota du Nord ont voté pour que le statut soit plus que doublé passant de 21 ans, au lieu de 10 ans ; des survivants ont témoigné en larmes dans le Minnesota avec l'espoir de faire adopter un projet de loi qui éliminerait complètement le délai de prescription. Et les législateurs du New-Jersey ont voté une nouvelle législation qui offrira aux victimes la possibilité d'engager des poursuites jusqu'à ce qu'elles atteignent l'âge de 55 ans. D'autres États, comme le Vermont, envisagent déjà de modifier ou de supprimer leurs délais de prescription à la lumière de ce qu'ils comprennent maintenant au sujet des répercussions tardives des agressions sexuelles commises dans l'enfance. De plus en plus d'États devraient faire de même.  En France, depuis 2018, le délai de prescription est passé de  20 à 30 ans.

Leaving Neverland nous oblige à faire face à la réalité.
On peut aussi se demander, si Robson et Safechuck avaient eu l'occasion de témoigner en 2013, à quel point les choses auraient pu se passer différemment. Leur témoignage dans «Leaving Neverland» est fascinant, mais pour l'instant  il n'est pas encore entendu par un tribunal, où sa véracité pourrait être déterminée de manière plus conséquente et où la succession pourrait également réfuter leurs accusations,  incriminant les victimes de leurs traditionnels griefs  ►Ce sont des menteurs, c'est pour l'argent◄  Le fait que deux hommes racontent leurs histoires maintenant, n'ayant pas obtenu d'autre possibilité de justice, fait suite à un échec de la part du système juridique américain. 
A présent, dans le contexte du mouvement #MeToo et de la volonté de donner une voix aux victimes d'agressions sexuelles, il serait tout à fait approprié que les systèmes juridiques soient reconsidérés, puisqu'ils  maintiennent en place de fausses croyances sur les accusés. 
Si vous ne pouvez pas comprendre que Michael Jackson était un pédophile récidiviste après avoir visionné le documentaire «Leaving Neverland», vous êtes délibérément aveugles. Et si vous faites campagne contre cela, vous collaborez activement à faire accepter d'autres Neverland délirants,  et à faire taire toutes les victimes.  
Rudi Dolezal /Michael Jackson

Rudi Dolezal /Michael Jackson

 Rudi Dolezal, qui a travaillé avec Jackson pendant de nombreuses années et a produit des émissions de télévision et des clips pour le chanteur, a déclaré cette semaine à Richard Johnson du New-York Post «Je crois pratiquement chaque mot du documentaire. C'est un travail brillant» J'ai pu constater des comportements qui laissent peu de place au doute. «Le Roi de la pop, était un prédateur pédophile»

Dolezal, qui a commencé à travailler pour Jackson quand il a filmé la tournée «Dangerous» à Munich en 1992 et  ensuite collaboré avec le chanteur sur plusieurs projets, a expliqué qu'il comprenait pourquoi les hommes avaient d'abord menti pour dissimuler les mauvais traitements infligés par Jackson. «Personne ne pouvait arrêter Michael. Il est difficile de croire qu'une icône était un sale type»

Il n'a pas semblé comprendre comment ses fans pouvaient le défendre coûte que coûte contre les accusations portées dans ce documentaire : «Si la légende de Michael Jackson est détruite, le responsable est Michael Jackson, et personne d'autre». a-t-il dit. 

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