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Les mœurs dissolues des Guns N'Roses ...

 Les mœurs dissolues des  Guns N'Roses ...

Quand les Guns N'Roses emménagèrent chez leur agent Vicky Hamilton à Los Angeles, juste à côté du Whisky a Go Go, celle-ci eut l'impression qu'un cyclone avait traversé son salon. C'était en 1986, mais elle s'en souvient comme si c'était hier : «Je venais d'emménager, alors je n'avais aucun meuble, rien, même pas un frigo. Les Guns dormaient dans des sacs de couchage posés par terre. Des mégots et des frites traînaient sur la moquette. Quand leurs copines venaient leur rendre visite, il zippaient deux sacs ensemble pour pouvoir coucher avec elles. C'était dingue. L'appartement n'avait qu'une chambre donc ma coloc et moi on s'est barricadées dedans. On n'osait même plus aller dans la salle de bains : elle était entièrement recouverte de crasse. Le message de notre répondeur, c'était leur chanson Welcome to the Jungle, le moment où Axl Rose chante : «You're in the jungle baby, you gonna die» (Tu es dans la jungle, baby, tu vas mourir !) Il se déclenchait toutes les minutes ! 

Vicky Hamilton

Le groupe avait débarqué chez Vicky après l'accusation portée contre Slash et Axl d'avoir violé des groupies mineures. Comment en sont-ils arrivés là ? «Quand les Guns ont débarqué à Los Angeles en 1983, ils étaient différents. Ils étaient dangereux. Les voir jouer, c'était comme regarder un train dérailler, on ne pouvait par regarder ailleurs» a raconté Vicky. C'est ainsi qu'à Los Angeles, au royaume du fric et des corps bronzés, musclés et épilés, cinq prolos sales, mal nourris et constamment ivres s'apprêtent à devenir le plus grand groupe de rock du monde. 

En juin 1985, une tournée désastreuse les unit comme une vraie famille. La famille, un cocon que la plupart d'entre eux n'ont jamais connu. À leur retour, ils louent un entrepôt de 12 m² pour répéter, derrière le numéro 7508 de Sunset Boulevard. Il n'y a ni cuisine, ni toilettes, ni salle de bains, mais ils y construisent une minuscule mezzanine où ils s'installent. Ils tapissent les murs de posters pornos, font leurs besoins dans des boîtes. Izzy Stradlin y vend sa dope, Steven Adler utilise ses baguettes pour se faire griller des brochettes. Très vite, l'entrepôt devient le repaire de tout ce que Los Angeles compte de musiciens, de midinettes, de dealers, de maquereaux, de junkies...Au désespoir de la police. Les Guns sniffent de la coke, boivent beaucoup. Surtout, ils se servent des femmes sans pitié. «Quand l'un des gars était en train d'en sauter une, un autre fouillait son porte monnaie et prenait 5 ou 10 dollars», raconte Steven. Ils couchent avec des filles en permanence, sans protection, alors que le sida vient de faire son apparition.... Inutile de vous préciser que dans ces conditions, ils ne demandaient pas à leurs conquêtes leur carte d'identité. 

Or, un jour, une groupie droguée nommée Michelle accuse Axl de l'avoir violée (elle deviendra ensuite sa petite amie, celle de leur chanson My Michelle). Elle a 15 ans, or coucher avec une mineure est passible de prison aux États-Unis, Slash est sous le coup d'une accusation similaire peu de temps après. C'est à ce moment qu'ils décident de se cacher chez leur agent. 

Pour Vicky, faire signer les Guns sur un label devient une priorité : plus vite ils toucheront leur avance, plus vite ils décolleront de sa moquette. En mars 1986, alléluia, elle leur décroche un contrat chez Geffen Records, la label d'Aerosmith, les héros des Guns. David Geffen, le patron du label, est un ami des parents de Slash. Mais Slash cache si bien son identité que Geffen n'apprend qu'un an plus tard qu'il a un jour changé les couches du guitariste du groupe qu'il vient d'enrôler. 

La signature du contrat elle-même est épique. Vicky l'a racontée : «Au moment de partir signer le contrat, Axl ne trouvait plus ses lentilles de contact. Il pensait qu'on les avait volées. Il est sorti de la maison furieux. Finalement on les a retrouvées dans un de ses pantalons, mais on ne trouvait plus Axl. Il était sur le toit du Whisky a Go Go, en train de méditer.  Au final, on est arrivés avec deux heures de retard. Et là, sur le chèque de Slash, il y a écrit «Stash» [La planque]. On a rigolé et on a signé. Moi, j'ai pleuré de joie : ça voulait dire qu'ils allaient enfin déménager !». 

Les Guns louent alors une magnifique villa à Los Angeles ayant appartenu au réalisateur de péplums Cecil B.DeMille. À leur arrivée, le groupe arrache les toilettes et les jette par la fenêtre (Personne n'a jamais compris pourquoi). Tom Zutaut, qui était pourtant habitué à travailler avec Mötley Crüe, le groupe le plus mal élevé d'Hollywood, se souvient : «Les gens déféquaient dans les lavabos. Les trous laissés dans le sol à la place des toilettes étaient remplis d'urine. Il y avait des whoppers [célèbres sandwiches de Burger King] entamés dont l'emballage était couvert de moisissures. Ils prenaient de la drogue et devenaient fous furieux». (Rolling Stone, le 9 août 2007.) Une seule chambre est restée intacte : celle d'Axl. «Une porte cadenassée fermait la chambre immaculée et parfaite d'Axl». décrit Zutaut. 

Les propriétaires, furieux, appelèrent le label qui dut s'acquitter d'une notre de 22 000 dollars. Leur premier manager, Arnold Stiefel, les a lâchés. Mais les poursuites pour viol contre Axl et Slash furent abandonnées. «Sur Sunset Boulevard, on disait qu'Axl avait couché avec la mère de Michelle, qui avait alors convaincu sa fille de laisser tomber», explique leur biographe. [Stephan Davis, Guns N'Roses, une saga américaine, 2010]

Le groupe a persisté dans sa folie destructrice. Leur manager suivant Alan Niven l'a confirmé : «Lors de notre deuxième voyage en Europe, Slash a balancé une télévision par la fenêtre d'un hôtel. Quand ils lui ont présenté l'addition, il n'a plus trouvé ça si drôle et il a arrêté». Le rock'n'roll a ses limites. 

L'enregistrement d'Appetite for Destruction 

Au printemps 1987, dans une ancienne église baptiste de la 57e Rue à New-York, à deux pas de Columbus Circus, une dizaine d'ingénieurs du son peaufinent le mix  du premier album d'un jeune groupe de hard rock de L.A., les Guns N'Roses. À l'époque, Media Sound est la Rolls des studios d'enregistrement de Manhattan. Gloria Gaynor y a enregistré Never Can Say Goodbye, et c'est le lieu que les Rolling Stones exigeaient quand leur prenait l'envie subite de mettre un morceau sur bandes. Un soir, Tom Zutaut, l'employé de Geffen Records qui a signé les Guns sur le label, observe, à travers la vitre de la cabine d'enregistrement où il se trouve, la jupe très courte de la jolie brune au nez retroussé qui discute avec Axl Rose. Une bouteille de whisky à la main, la brunette ondule devant le chanteur. 
 
Adriana Smith et Axl Rose
À cet instant précis, Vic Deyglio (ou Victor «The fuckin' engineer» Deyglio comme il sera crédité sur l'album) pénètre dans la cabine. L'ingénieur du son dispose soigneusement un microphone sur le sol. Il baisse doucement la lumière. Il fait maintenant quasiment nuit dans la pièce, Axl se dirige vers la fille. La bouteille de whisky finie, elle se déshabille devant lui. Cheveux coupés au carré, souriante, Adriana Smith est strip-teaseuse au Seventh Veil Club, une boîte sur Sunset Boulevard. Depuis un an, elle sort avec le batteur du groupe, Steven Adler, qui est resté à Los Angeles. En fait, c'est pour Slash qu'elle est là, car le guitariste et la danseuse sont devenus des compagnons de biture. [Adriana Smith, interrogée par Live-Metal.net, le 15/12/2008]. Slash, lui a spécifiquement demandé de ne pas flirter avec Axl. Mais pour le groupe, et une bouteille de Jack Daniel's, la fille de 19 ans est prête à faire des compromis. Surtout si c'est pour «l'art», comme le lui affirme Axl. En effet, celui-ci tient absolument à ajouter des cris de jouissance à Rocket Queen, la dernière et lumineuse chanson de l'album des Guns :  Appetite for destruction. 
 
Quelques semaines plus tôt, au Rambo Sound Studio à Los Angeles, où ils enregistraient l'album, Axl avait déjà fait venir une fille de son entourage pour «inspirer» leur avocat Jeff Fenster, DJ et harmoniciste à ses heures perdues, dépêché par le groupe pour enregistrer quelques prises d'harmonica sur la chanson Nightrain. [Tom Zutaut, le 26 juin 2017]. À 33 ans, cet employé de la Warner (qui en deviendra vice-président vingt ans plus tard) a eu droit à une fellation mémorable alors qu'il soufflait dans son instrument. «Nous avions fini d'enregistrer, mais en écoutant le mixage, Axl trouvait qu'il manquait quelque chose, a confirmé Tom Zutaut. Il voulait capturer l'énergie hyper-sexuelle du groupe, et la mettre dans la chanson». 
 
Ses cheveux roux crêpés à mort, Axl, 25 ans, allonge Adriana sur le tapis. La strip-teaseuse, délurée mais pas si exhibitionniste, refuse de faire l'amour avec lui devant tout le monde. Le chanteur cède : seuls un technicien et Tom Zutaut resteront dans le studio pour enregistrer leurs ébats, pendant une heure et demie. De temps en temps, l'ingénieur entre dans la pièce pour remettre en place les micros. «Vas-y, Adriana, fais un effort, arrête de simuler». [Rolling Stone, le 9 août 2007] lui commande Axl. «C'était pas très romantique. En fait c'était un peu artificiel......» décrira-t-elle au Miror le 12 juin 2016. Pourtant, ce ne n'est pas la première fois qu'Axl et elle sont si proches....En fait, Steven Adler avait déjà surpris sa coquine copine au lit avec Slash et Axl. «On était tous les trois très soûls, Steven m'avait trompée et j'avais envie de me venger», justifiera-t-elle des années plus tard. 
 
Les caresses terminées, Axl semble très content du résultat, et demande que la piste soit intégrée à la chanson Rocket Queen. [Adriana Smith dans le documentaire Guns N'Roses, le groupe le plus dangereux du monde, Arte, juillet 2016]. En effet, à partir de 2 minutes et 14 secondes, derrière les envolées de batterie de Steven Adler et les riffs de guitare de Slash et d'Izzy Stradlin, on entend les souffles, et les gémissements d'Adriana. Pourtant, ce n'est pas elle la Rocket Queen dont Axl parle dans la chanson...Celui-ci l'a écrite en hommage à Barbi Von Greif, une fille de 18 ans qui a accompagné le groupe à ses débuts, les conseillant sur leur style et leur alllure glam'. 
 
♫«Don't ever leave mel say you'ill always be therel all I ever wanted / was for you to know that I care»♫
Ne me quitte jamais / dis que tu seras toujours là/ la seule chose que j'aie jamais voulue/ c'est que tu saches que tu comptes pour moi.  Huuuurle Axl, dans une longue litanie suraiguë à cette précieuse amie, dont il a fait tatouer le beau visage aux lèvres rouges sur son biceps droit, juste en dessous d'une rose bleue. 
 
Mike Clink, producteur de l'album, a réussi à capturer l'énergie brutale et animale du groupe en les faisant jouer tous ensemble, comme en live (or sur scène, les Guns jouaient très - très -fort). 
 
Rocket Queen est une belle illustration des liens tissés par le groupe entre le mouvement punk, le glam' et le rock alternatif. Il a été enregistré en analogie, dans la tradition des grands albums de rock des années 70, loin des productions synthétiques et froides de la fin des années 80, car ils voulaient faire renaître à coup de laque Aqua Nat, Led Zeppelin et Kiss, et laisser dans leur sillage un paysage dévasté par la drogue et l'excès......
 
En rentrant à leur hôtel de New-York, Tom et Vic racontent au manager des Guns Alan Niven qu'Axl a couché avec une fille dans le studio, pour ajouter ses gémissements dans les chansons. «J'ai juste dit : j'espère que le mixage sera réussi ! raconte-t-il, tente ans plus tard. J'avais déjà travaillé avec des groupes difficiles.....Mais les Guns, ils n'en faisaient qu'à leur tête. Avec eux, c'était à prendre ou à laisser. J'adorais ça».
En fait, les frasques sexuelles du groupe étaient le cadet de ses soucis. «Appetite For Destruction» a coûté 365 000 dollars, c'est énorme pour un premier album. À cela s'ajoutaient les coûts de la tournée, et l'idée qu'ils pouvaient exploser en plein vol...Ils étaient un peu too munch pour les radios à l'époque. Je ne savais pas si on s'en sortirait financièrement. Or, je venais d'avoir un enfant....Bref, je n'en dormais plus. Enfin, on ne fait pas toujours des choix rationnels dans la vie. Je me suis dit : si je peux les faire rester ensemble, ce sera le groupe underground le plus cool d'Hollywood».  
 
Et comment Steven a-t-il réagi en apprenant que son «Amérindienne canon au visage de rêve et au corps ferme» (c'est ainsi qu'il décrit Adriana dans son auto-biographie) l'a trompé avec un membre de son groupe ? «C'était pas ma copine. Ma copine, c'était la musique. Je leur ai dit : super bon boulot. C'est pour l'amour de l'art. C'est rock'n'roll», se contente-t-il de commenter, quand même un peu vexé. [Steven Adler dans le documentaire Guns N'Roses, le groupe le plus dangereux du monde]. 
 
Axl Rose et Erin Everly

En dessaoulant, Adriana a un peu déchanté. Aspirante actrice, elle a préféré rester discrète sur ces quelques heures de sa vie, même si elle continua de fréquenter Axl par la suite. Il sortait déjà avec le mannequin Erin Everly, dont il était fou malgré ses infidélités (les paroles de l'énorme tube des Guns Sweet Child O'Mine ont été écrites pour elle). «En fait, il m'a proposé d'emménager avec eux pour que j'apprenne le sexe à Erin. J'ai évidemment refusé !» raconte Adriana au Mirror, le 12 juin 2016. 

Appetite for Destruction est sorti le 21 juillet 1987. Avec ses 30 millions d'exemplaires, c'est le premier album le plus vendu de l'histoire. Ceux qui sont à l'âge où on est en colère contre le monde entier font des Guns N'Roses les porte-parole de leur génération, et sans filtre, comme ce témoignage renversant de Mick Wall, un des journalistes phares de Kerrang ! : «Alors que Bon Jovi me disait qu'il adorait les enfants et qu'il allait épouser son amour de jeunesse, avant de partir à la gym, une bouteille d'eau minérale à la main, le première question que les Guns m'ont posée quand je les ai rencontrés, c'était où trouver de la drogue. Puis pendant l'interview, Slash a commencé à me parler des porn-stars avec qui il couchait. Il avait peur d'attraper le sida parce que les rock stars couchaient tous avec les mêmes filles, et que si une l'avait, ils l'auraient tous.....J'étais soulagé : Dieu merci, le rock'n'roll existait encore ! C'était merveilleux d'écrire sur eux. Il suffisait d'être dans la même pièce pour avoir une histoire à raconter». 

Longtemps les Guns N'Roses se sont demandés où avait bien pu passer Axl Rose, disparu le soir de leur concert à Phoenix, Arizona, le 12 février 1988. 

Quelques jours plus tôt, il s'était violemment battu avec sa petite amie, la mannequin Erin Everly. Il avait l'air agité. Arrive le soir du concert, et personne ne sait où il est. Son téléphone sonne dans le vide. Il est souvent très en retard, le groupe décide donc de faire jouer la première partie, espérant le faire apparaître. Raté. Il ne refait surface que deux jours plus tard, l'air fatigué. Le groupe est furieux. Mais impossible de virer leur charismatique chanteur ! Ça les rend encore plus fous. Duff engloutit plusieurs litres de vodka, Slash sniffe autant de coke qu'il peut et détruit sa chambre d'hôtel, courant ensuite dans les couloirs, nu et en sang, jusqu'à ce que les secours arrivent. Axl vient de leur faire perdre beaucoup d'argent...Mais celui-ci reste évasif sur les raisons de son absence. Près de vingt ans plus tard, Alan Niven, leur ex-manager, révèle ce qu'il s'est passé cette nuit : «À Phoenix, Axl refusait tout simplement de sortir de sa chambre. Il est resté enfermé deux jours. Il a énormément de talent mais il ne lui est pas toujours facile de monter sur scène et de transmettre sincèrement les mêmes émotions, soir après soir. C'est plus facile de jouer de la guitare que de chanter. Parfois, il n'était tout simplement d'humeur à le faire. Lors d'une longue conversation sur le groupe, Mick Wall, journaliste et ami d'Axl Rose, a expliqué sa théorie sur le chanteur : «Il se comporte comme une diva, mais ce n'en est pas une. Tous ses fans qui le détestent parce qu'il arrive à 3 heures du matin sur scène, je les comprends, mais je suis persuadé que personne n'en souffre autant que lui. Slash, Duff, Izzy...Ils étaient beaucoup trop jeunes et insouciants pour comprendre ça. En fait, je suis persuadé qu'Axl a le syndrome d'Asperger. Il coche toutes les cases, il n'a pas d'empathie, il n'est jamais satisfait, toujours persuadé d'avoir raison, obsédé par des détails, et d'une incroyable créativité. Il est tellement anxieux que plus on lui demande d'être à l'heure, moins il est capable de le faire.

Francis Zégut, ex-animateur vedette d'RTL puis de RTL2, qui a été le premier à passer les Guns en France, trouve quant à lui le comportement d'Axl inexcusable : «Entre la narcissisme, l'ego, la drogue et l'alcool, impossible de savoir ce qu'il a dans la tête. Je les ai vus pour la première fois à l'hippodrome de Vincennes, en 1992. Le public, c'était des mômes de 15 à 25 ans. Axl est arrivé avec deux heures de retard, et du coup tout le monde était en rade de métro pour renter. Je veux bien prétexter le rock'n'roll, mais il y a un moment, il faut respecter le public qui t'a fait. Dans le métal, les gens sont fidèles. Quand ils aiment un groupe, ils le suivent jusqu'au bout. Mais là ils étaient vraiment agacés». 

Malheureusement, ce groupe qui ne connaît aucune limite implose rapidement car, même entre eux, ils sont incapables de jouer la comédie. Steven Adler s'est fait virer du groupe : il était tellement défoncé qu'il s'écroulait sur sa batterie. Matt Sorum l'a remplacé pour enregistrer Use Your Illusion I et II, fantastique double album qui déclencha des émeutes dans les magasins de disques le jour de sa sortie en 1991. Axl, prisonnier de ses terribles angoisses, était tyrannique et arrivait des heures en retard aux concerts. Mick Wall, qu a longtemps fréquenté le chanteur, en a dit plus sur son fonctionnement : «Tous les soirs, avant de monter sur scène, il voyait ses chiropracticiens, masseurs, coaches vocaux, voyants, psychologues....Il buvait de mystérieux élixirs pendant que le reste du groupe prenait du whisky et de la coke de l'autre côté du couloir, pour passer le temps.

Donc à la fin, ils se sont tous dis : «ce mec est un connard, je ne peux plus le supporter, je pars».

Axl Rose vivra seul et reclus dans sa villa de Malibu, entouré de sa gouvernante brésilienne et les fils de celle-ci, qui sont ses actuels managers.

Chinese Democracy, l'album  sorti en 2008 après dix ans de travail, est un échec commercial et critique. Mais pas assez pour entamer le pouvoir d'attraction du groupe.

 Les mœurs dissolues des  Guns N'Roses ...

SLASH, après les Guns. 

Dans le panthéon du rock, il est le dieu de la guitare. A 53 ans, le regard toujours caché derrière sa crinière frisée de jais, ses lunettes d'aviateur et son chapeau,  ses doigts couverts de bagues en tête de mort, Slash n'a jamais raté un solo sur sa Gibson, même après avoir ingurgité des quantités astronomiques d'héroïne, de cocaïne et de whiskey Jack Daniel's. Sacré meilleur guitariste du monde (derrière Jimi Hendrix) par Time Magazine, il a appris a jouer sur un instrument à une corde offert par sa grand-mère. 

«Ça m'a permis de découvrir les riff d'une note et, jusqu'à ce jour, ce qui me touche le plus dans la musique, ce sont ces mélodies à une note». 

Son surnom, Slash, Saul Hudson le tient de l'acteur Seymour Cassel, le père d'un de ses amis d'enfance. Fils d'un peintre anglais qui a créé les pochettes de disques de Neil Young et d'une costumière afro-américaine qui travaillait pour Diana Ross, John Lennon et David Bowie, il naît en Angleterre, mais grandit à Hollywood, comme son ami batteur Steven Adler. A 18 ans, Slash rejoint Guns N'Roses. 

Aujourd'hui il raconte : 

Les Guns sont nés de la haine des années 1980. J'ai détesté cette décennie, les couleurs pêche, bleu ciel et rose pastel, la laque à cheveux, l'esthétique des films, la new wave, le heavy métal américain, MTV...
On m'a souvent pris pour un vrai petit diable tout le temps bourré et pas très intello, mais j'ai toujours été très responsable. J'étais un toxicomane fonctionnel. J'ai toujours pris mon travail très au sérieux, donc je dosais les drogues en tournée. Et pour l'alcool, oui, je buvais beaucoup, mais une quantité régulière pendant des années, donc ma constitution pouvait le supporter. Je suis un survivant. J'aurais pu mourir plein de fois, mais ma constante motivation m'a maintenu en vie.

Il a vu naître la musique numérique et ses outils, mais il préfère jouer un hard rock orthodoxe, un peu de la vieille école, et parfaitement maîtrisé.

Je fais ce métier depuis longtemps et les guitares ont été tour à tour ringardes et à la mode. Mais l'humanité aura toujours besoin d'une approche tactile des choses, peu importe les avancées technologiques. Nous devons toucher, sentir, voir pour être nous-mêmes.
Le rock'n'roll existait bien avant les années 1950, c'est un état d'esprit plus qu'un genre musical : une pensée libre, la possibilité de dire tout ce qu'on veut sans faire attention aux réactions des autres, être totalement soi-même et faire ce que son coeur dicte. Ça, ça ne mourra jamais.

En 2016, il est remonté sur scène avec les Guns, remplissant les stades (la tournée aurait rapporté 535 millions de dollars), mais Slash poursuit ses projets en solo, avec le chanteur Myles Kennedy, vague sosie d'Axl Rose, mais à la belle voix fine.

 

Slash et Myles Kennedy

Pourrait-il un jour monter sur scène sans ses lunettes noires et son chapeau ? 

Je ne serais pas à l'aise ! Si je croise le regard de quelqu'un dans le public, je perds totalement mes moyens. D'ailleurs, je joue toujours les yeux fermés. Quant aux chapeaux, j'en porte depuis 1985, j'aurais l'impression qu'il me manque quelque chose !

On se marre bien avec les Guns ....  on travaille toujours ensemble, avec Axl, on ne s'est jamais aussi bien entendu. Lorsque notre tournée avec Myles sera finie (en 2019) on aura envie de se retrouver. C'est la prochaine étape. C'est ce qu'on veut tous. Cela fera plaisir aux gens mais c'est d'abord pour nous qu'on le fera. 

De son côté leur ex manager Alan Niven raconte : ce serait merveilleux qu'ils écrivent quelque chose de juste et fort sur le monde dans lequel on vit. Axl a le potentiel d'être une icône du rock, comme John Lennon et Don Henley. Le morceau «Civil War» en est la preuve. Mais ils ne font que monter sur scène pour chanter leurs vieilles chansons, et en sortir pour vérifier que leur chèque est bien encaissé, c'est très triste. Je suis toujours ami avec Slash. Mais leur donner cinq ans de ma vie, c'était n'importe quoi. 

Évidemment, on ne déconne pas avec les Guns. Et ça, la brasserie Oskar Blues Brewery, située dans le Colorado aux États-Unis, l'a appris à ses dépens. Elle vient d'être poursuivie en justice par les Guns N'Roses pour l'une de ses mousses : La fameuse Guns' N' Rosé, aux notes de pêche et de fleur d'hibiscus. Dans leur plainte déposée en mai 2019 devant un tribunal fédéral de Los Angeles, Axl Rose et Slash accusent la brasserie de jouer de manière intentionnelle sur le fonds de commerce, le prestige et la renommée du groupe, et ce, «sans  l'approbation, l'autorisation ni le consentement» de ces derniers. Et ça ne plait pas aux Guns. 

C'est rock'n'roll, ou pas ? 

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