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Le Héros exceptionnel : exploits et miracles.

Quelques biographies sur Michael Jackson parmi tant d'autres...
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Quelques biographies sur Michael Jackson parmi tant d'autres...
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Quelques biographies sur Michael Jackson parmi tant d'autres...

Quelques biographies sur Michael Jackson parmi tant d'autres...

Comme celle des héros des mythes traditionnels, l'histoire de ces vedettes ou célébrités, grands disparus entrés dans la postérité, est racontée sur le mode familier et ironique. La vie et l'oeuvre du protagoniste sont présentées comme une série d'exploits. Le caractère exceptionnel et parfois surnaturel - miraculeux - du personnage et de ses actes est maintes fois illustré ou affirmé.

DES EXPLOITS : 

Les concerts et les performances sur scène des chanteurs sont rapportés comme autant de défis, d'exploits, de triomphes, et parfois de miracles. Ainsi, Edith Piaf,  par exemple, va se produire devant un public de G.I peu enthousiastes. Tandis qu'elle se met à chanter, sa voix les frappe «en plein coeur» et les G.I, se dressent «pour hurler, pour acclamer cette femme miraculeuse....qui deviendrait d'ailleurs en quelques années l'idole de leur pays. Quand elle apparaît sur scène, «on se demande presque ce qu'elle vient faire là, si petite, sur cette scène immense, dix fois trop grande pour elle. Alors....c'est un ouragan, c'est une marée qui se déchaîne». «c'est le miracle de Piaf». 

Les biographes rapportent les tournées triomphales de Presley , Dalida, Claude François,  Michael Jackson, faisant de chaque concert ou gala une aventure épique, un exploit surnaturel, un triomphe héroïque. Elvis «sait relever les défis» et «prend d'assaut la scène du Hilton International de Las Vegas», puis affronte «le redoutable et mythique Madison Square Garden» Donnant un concert télévisé sur NBC en 1968, il «monte sur le ring pour un des plus grands défis de sa vie »

Elvis sur scène est plus exceptionnel encore : «Quand il monte sur scène, la foule tremble d'émotion». «Il fait l'amour avec sa guitare [....] et les filles entrent en transe». «Comme un guérisseur qui sait sur quel nerf minuscule faire pression pour déclencher une réaction dans une autre partie du corps, Elvis    les transformait en chiennes en chaleur...On aurait dit qu'il leur parlait dans un langage secret, charnel, qui les jetait en transes» (ibid., p.20) 

Les efforts consentis, l'énergie dépensée évoquent un combat, une lutte acharnée, qui appellent la victoire. «Il [Claude François]  prépare un concert dans la mythique salle Londonienne du Toyal Albert Hall.  Le 16 janvier 1978, six mille fans acclament leur idole -Frenchy- Du jamais vu ! Le show est sensationnel...Un litre et demi de sueur par soir de représentation, cent-quatre-vingt galas et trois syncopes en moyenne par an ! S'il y a une bête de scène, c'est bien Claude François ! A son public, il donne tout, en permanence, sans compromission. À travers la France, l'Europe et le monde entier.

La description des fans, de leur ferveur, les récits d'émeutes témoignent du pouvoir du chanteur et de son exceptionnalité. 

Les recors de ventes de disques et d'audience, ( lors des tournées, des prestations télévisuelles) les succès, récompenses, disques d'or, classements aux hit-parades sont présentés comme autant d'exploits. Les quatre premiers extraits d'Off The Wall se classent dans le Top 10 américain faisant de Jackson le premier artiste à réaliser un tel exploit. (Heatley, 2009, p.43) « Les recettes que font les films d'Elvis tiennent du miracle » (Rogale, 1981, p.54) C'est ainsi l'ensemble de la carrière artistique qui est décrite comme une succession de défis, de conquêtes, d'actes de bravoures et d'exploits extraordinaires, de miracles, de faits historiques, inoubliables et légendaires. «le 21 Juillet 1969, un homme, Neil Armstrong, posait le pied sur la lune, un pas de géant pour l'humanité. Le 31 juillet 1969, dix jours plus tard, un autre homme, Elvis Presley, remontait sur scène de l'hôtel International de Las Vegas, un autre pas de géant pour la musique».

On retrouve ce traitement très particulier de la carrière dans les biographies de Claude François, Piaf, Dalida, et plus encore Presley ou Michael Jackson.

Lorsque la célébrité appartient à un autre domaine que la chanson (cinéma, politique, royauté et humanitaire), le traitement biographique reste le même. Concerts et hystérie des fans sont remplacés par : 

  • Les tournages, décrits sur un même mode épique et magique : «Marilyn  a donné aux films qu'elle tournait et à l'époque qu'elle traversait, une sorte de grâce lumineuse qui n'a rien perdu de son éclat»
  • Les épisodes de la guérilla : «fin novembre 1957, les guérilleros affrontent un rude combat qui dure onze heures, à Mar Verdé. Le Che  lutte courageusement et fait même preuve d'héroïsme, ramenant sur son dos un de ses lieutenants» ( Maurel, 2011, p.149) 
  • La visite des malades et les épisodes de l'action humanitaire :  Lady Di  se rend dans une maison de retraite ; le directeur d'une association caritative, «bouleversé», témoigne : «elle n'a pas été formidable, elle a été magique. En un instant, elle a gagné leur coeur [....]  (Cavalié, 1997, p.189) Elle va au Zimbabwe, visite des camps, pénètre dans « des huttes sordides ou gisent des malades trop faibles pour sortir au grand air» et les «fait sourire». Elle se rend en Bosnie où «elle a écouté ceux que personne n'entendait plus. Et c'est son silence attentif qui marquera à jamais ceux qui l'entouraient» - «Les gens de Zenica ne crient pas aux miracles. Mais ils se sont levés avec Diana pour défendre leur dignité. Et ils sont restés debout. (ibid, p.205) . Chaque visite d'enfant malade, d'êtres en souffrance, fait l'objet d'un récit qui réaffirme « son don ineffable pour être proche de ceux qui souffrent» et l'efficacité miraculeuse de son geste : «le miracle est qu'elle puisse leur donner ce dont elle dispose le moins : le moral ».

DES ÊTRES EXCEPTIONNELS....

Ces vedettes sont donc logiquement présentées comme des êtres exceptionnels, sacrés, divins, mythiques.

Michael Jackson, est «vraiment l'idole internationale de tous les temps, avec une force et une énergie incroyables [....] cet être mystérieux, exceptionnel, innocent, naïf, bon» (Liz Taylor, citée par Saint Bris, 2010, p.291) «Il n'était pas d'ici, un petit ange venu en mission pour nous éclairer pendant un temps [....]. Il avait un pied ici et le reste ailleurs, un être de lumière, un messager de Dieu. «À travers son génie, il rayonnait, un visionnaire, il avait la connaissance. [....] Il était une fusée de lumière [....] Il est demeuré le temps de faire ce qu'il avait à faire». (Marisa Berenson , citée par Saint Bris, 2010, p.296) . Michael Jackson est de surcroît «extrêmement intelligent, sagace, intuitif, compréhensif, compatissant et généreux, presque à se démunir. C'est l'honnêteté personnifiée - honnête à en souffrir, et vulnérable comme un écorché. [....]  Il n'est pas vraiment de notre planète. S'il est excentrique, c'est parce qu'il est plus grand que nature. Qu'est-ce qu'un génie ? qu'est-ce qu'une légende vivante ? Une superstar ? Michael Jackson, c'est tout.» ( Saint Bris, 2010, p.292).  Dès lors on ne peut s'étonner de ce que le chanteur soit désigné, dans les écrits qui lui sont consacrés, comme un «jeune demi-dieu» (Lavigne, 2009, p.50) «un mythe vivant» «le nouveau messie pop» (Fredetienne, 2010, p.49) «l'idole» (Saint Bris, 2010, p.46)  un «archange», un «ange». «Un Créateur, chantant avec la voix des anges, et donnant à voir, quand ses pieds bougent, Dieu danser » ( Bob Geldof, cité par Lavigne, 2009, p.72) 

Les biographes de Dalida  l'élèvent bien au-delà de la condition féminine et font de la chanteuse une «idole», un personnage divin : «Dalida était une très belle femme. Si son visage n'avait ni l'harmonie, ni la régularité des statues grecques, il évoquait la majesté grave et mystérieuse d'un sphinx. Teint brun, traits anguleux, cheveux noir de jais, yeux en amandes, grande bouche sensuelle, Dalida avait l'éclat volcanique et ténébreux d'une fille de la Méditerranée. Italienne par le sang, il y avait de l'Égypte dans son regard, de l'Orient dans ses gestes». (Pascuito, 1997, p.149). Sa silhouette ? Du bronze dont on coule les statues, du marbre dont on érige les monuments. Sa couronne léonine de cheveux d'or, son habit de lumière, lui confèrent une aura quasi surnaturelle. Vestale irréelle, elle brille de mille feux devant le voile de tulle blanc qui la sépare de l'orchestre. Plus que jamais, Yolanda, femme de chair et de sang semble s'effacer devant Dalida sa glorieuse création» (Lelait-Helo, 2012, p.187-188) 

Le Che est également un personnage exceptionnel. Il se voit, lui aussi, décerner quantité de titres attestant son caractère divin ou pour le moins hors normes : Appelé «grand libérateur des opprimés» par les réfugiés palestiniens de la bande de Gaza (en 1959), il est aussi qualifié de «Christ révolutionnaire» par le critique d'art John Berger, qui souligne la ressemblance entre son cadavre et le Christ mort représenté dans les peintures de la Renaissance. (Maurel, 2011, p.434) 

Elvis est qualifié de «divinité» de «demi-dieu» [....] sacré par toute l'Amérique, le King de l'univers, de Dieu inaccessible, l'un des plus grands mythes du XXème siècle. Il était différent, une personne très spéciale, au charisme bouleversant, fascinant et à la grâce incroyable, qui n'appartenait pas tout à fait à la terre. Il n'a fait que frôler, avec l'innocence d'un oisillon, un chantant comme un oiseau (Rogale, 1981, p.127)  Il rayonnait comme illuminé d'une flamme surnaturelle. La vision d'Elvis était biblique [....] on aurait dit un ange descendant du ciel, écartant les nuages (Delessert, 1983, p.134). l'un de ses biographes le décrit ainsi  : « Coups de reins ravageurs, le sourcil relevé, les yeux grands ouverts, mépris arrogant, il nargue, il ricane, Elvis est le diable. Les applaudissements...Il lève les bras et la guitare aux cieux, la moue angélique, et Elvis est Dieu....Car Dieu lui aussi est ambigu , n'en doutons pas. Homme, femme, diable et Dieu à la fois, c'est Elvis. (Rogale, 1981, p.34) 

....AUX POUVOIRS EXCEPTIONNELS...

Les biographes affirment également le pouvoir exceptionnel de ces personnages de légende, «Michael Jackson  était capable d'unir des millions de gens, en dépit de leur origine, leur religion, leur couleur de peau, leur âge, leur sexe, leur nationalité, par des message de miséricorde et de sacrifice, de paix et d'amour, d'espoir et de changement, de liberté d'expression. (Taraborrelli, 2010, p.586) Tout ce que Michael Jackson a touché, il l'a transformé en or. (Fredetienne, 2010, p.79) . Quant à sa musique elle est magique, d'une sincérité désarmante, elle nous révèle à nous-même. (Saint Bris, 2010, p.84) 

Piaf est miraculeuse, dans sa façon d'affronter la douleur physique, (...) Elle a souffert comme une damnée et sa mort a été un calvaire qui a duré des années (Blistene, 1963, p.54) Le pouvoir exceptionnel de la jeune femme apparaît surtout dans les moments de création, de composition et d'interprétation. «son apparition dans sa petite robe noire devient un miracle dans lequel Sainte-Thérèse de Lisieux n'est sans doute pas pour grand-chose. Elle commence à chanter. On retient son souffle. Le miracle se produit. La voix est intacte, plus forte que jamais» (ibid, p.154) 

Marilyn  est miraculeuse dans sa métamorphose quotidienne de petite fille frêle en superstar Hollywoodienne : « le matin elle est Noram Jean, une petite orpheline, fragile et timide, bégayante et angoissée ; en quelques heures seulement elle doit se couler dans la peau de Marylin, la star unique et absolue, sûre d'elle-même comme de l'Univers [...] pour que la chétive chenille devienne un éblouissant papillon (Stolze, 2006, p.25) 

Les pouvoirs d'Elvis sont, eux innombrables et absolument extraordinaires : Il n'a pas encore dix ans, et déjà il chante «pour donner espoir et réconforter ses parents [....] pour combattre le soleil quand les ruisseaux sont asséchés [...] quand il devine dans les yeux de sa mère la peur du lendemain. ( Rogale, 1981, p.21) Ses biographes rapportent les propos de proches d'Elvis convaincus de ses pouvoirs magiques ( pouvoir de guérison, de communication avec le passé, avec l'avenir, avec Dieu)  Ainsi Red West confie « je ne peux pas m'empêcher de croire qu'il y a quelque chose de spécial chez Elvis. Franchement j'y crois [....]  J'ai vu arriver un tas de choses étranges avec ce type, et je ne peux imaginer que ce soit rien que des coïncidences»  (Dunleavy, 1977, p.68) Parmi ces choses étranges, des nuages formant le visage d'Elvis dans le ciel ou bien la guérison d'une femme, sur le point d'accoucher, qui se tord de douleur sur son brancard dans une hôpital : «Il, [Elvis] commence à parler à la femme, puis il étend ses mains sur son ventre et déclare le plus sérieusement du monde, presqu'avec recueillement : «Désormais tu n'auras plus mal. Tu n'auras plus mal. Tout se passera bien ! » Il étend les mains et lui ôte la douleur. ( Dunleavy, 1977, p.144) 

L'insistance avec laquelle les biographes affirment l'unicité et l'exceptionnalité de la vedette s'explique notamment par le fait que le discours est produit par des admirateurs, des fans, des proches ou des journalistes, parfois eux-mêmes fans ou proches, souvent entièrement acquis à la cause du personnage en question. À cette absence d'objectivité et à cette volonté délibérée de célébrer la vedette, s'ajoute la nécessité, dans un concert unanime de louanges, de faire entendre sa voix. Face au déluge de biographies, d'écrits, d'images, de témoignages posthumes, toujours plus élogieux et grandiloquents, la tentation - sinon la nécessité - est grande de repousser les limites de la célébration et d'exagérer le propos. Une telle surenchère est souvent la condition sine qua non d'un semblant de visibilité et d'audience, tant les laudateurs sont nombreux et productifs.

Tout le monde veut croire ce qu'il lit, et beaucoup croient !

Les thèses les plus fausses sont souvent les plus belles !

Pierre Daninos

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