21 Juillet 2017
Michael Jackson : les objets à son effigie.
L'activité du fan est telle qu'elle peut faire de lui un véritable «travailleur bénévole et volontaire», une ressource importante (économique mais aussi en main-d'oeuvre) pour l'artiste ou plus globalement l'industrie musicale ou culturelle. C'est la thèse que soutient Fabien Hein (2011) qui observe que certains fans réalisent un véritable travail de coproduction, assurent la promotion de l'artiste, notamment en façonnant eux-même et en portant des objets dérivés (confection de tee-shirts, de badges à l'effigie de l'artiste). Organisés en fan-clubs, en street teams ou en communautés numériques, ils tendent à seconder le manager officiel du groupe ou de l'artiste, à assurer la promotion de ce dernier, à le représenter localement. En créant des comptes MySpace, ils deviennent les acteurs promotionnels efficaces en commentant disques, concerts, en éditant des webzines, et créent ainsi «de la valeur pour l'artiste en question». Non plus seulement une ressource économique, ces fans deviennent dès lors une «ressource en main-d'oeuvre.
Reprenant les thèses de Marie-Anne Dujarier (2008) sur la mise au travail du consommateur, Fabien Hein voit dans le fan une sorte de manager de proximité, qui assiste le manager officiel de l'artiste. Il l'aide notamment à accroître le réseau de fans, à créer ou renforcer une communauté de goûts, et à développer et fidéliser la clientèle de l'artiste. En échange, le fan recueille des gratifications symboliques : informations, photos, places de concert, rencontre avec l'artiste ...
Un modèle collaboratif se met ainsi en place où le fan joue un rôle prépondérant au point de devenir un «partenaire» dans le système de production culturelle et même «une ressource d'avenir pour l'industrie de la musique».
On pourra interpréter cet engagement dans la production comme la preuve de l'importance et de la compétence du fan, acteur aujourd'hui essentiel - en tant que consommateur et producteur - comme une nouvelle étape franchie dans le processus d'aliénation et d'asservissement du fan, exploité par l'industrie culturelle qui, après lui avoir imposé des contenus culturels et l'avoir soulagé de ses économies, le met au travail gratuitement.
Si l'analyse de Hein concerne les fans des vedettes ou groupes en activités, elle peut permettre de saisir les activités et rôles des fans des vedettes disparues. Ils peuvent en effet se montrer particulièrement actifs dans le travail de défense et de promotion de la mémoire de la vedette, comme dans celui de la mise en patrimoine et construction de la postérité.
Ils surveillent les écrits et commentaires publiés ou diffusés sur la vedette et exercent une forme de contrôle et de pression sur les commentateurs et observateurs, au moyen de courriers de lecteurs, de messages adressés au chaînes de télévision, aux producteurs d'émissions de radio ou de télévision, distribuant ainsi bons et mauvais points, éloges ou condamnations.
Ils participent au développement de la postérité comme de la dévotion en rédigeant des panégyriques dans des fanzines, sur des webzines, des sites et blogs consacrés à la vedette. Ils se chargent d'encourager la ferveur et le développement du culte en multipliant les actions prosélytes, en organisant des pèlerinages, des rétrospectives, en militant pour la pose de plaques commémoratives, l'attribution du nom de la vedette à une rue ou une place, la création d'un musée, la tenue d'une exposition, parfois en montant et en produisant des spectacles, etc.
Enfin, il n'est pas rare que ces fans, le plus souvent par l'intermédiaire d'un club et de son président, soient sollicités pour participer à l'organisation d'un événement commémoratif, l'édition d'une compilation, la rédaction d'une biographie, la production d'une émission, le montage d'une exposition...Ils constituent alors une ressource non négligeable au service de l'industrie patrimoniale de leur star préférée.
Les fans apparaissent comme la lie du public. Ils sont disqualifiés à la fois par leurs pratiques excessives, idolâtres, dangereuses - résultat de leur rapport obsessionnel et sans distance qu'ils entretiennent avec l'objet de leur passion - un rapport d'aliénation et d'addiction ; et enfin, par l'objet même de cette passion, dépourvu de la valeur esthétique et libératrice de l'oeuvre de la culture savante.
Au-delà des représentations misérabilistes et élitistes ou populistes, dans le monde des fans comme ailleurs, se côtoient aliénation et créativité, addiction et émancipation, fragilité et puissance, folie destructrice et bonheurs simples.
Ils ont impliqué la police de Santa Barbara, l'ancien procureur Tom Sneddon, les médias en général et plusieurs journalistes en particulier dont Diane Dimond, la Sony Corporation, les ex-employés de Jackson, un auteur Chilien, l'association NAMBLA, toutes les personnes qui ont intenté des poursuites contre Jackson pour Plagiat, tous ceux qui lui ont fait des procès ( ils sont nombreux) les parents des garçons, (ces extorqueurs) les garçons ( qui selon eux n'ont jamais été molestés par Jackson) ainsi que plusieurs autres conspirateurs dont il est impossible de faire une liste tellement elle est longue....Il manque juste le Père Noël.
Certains ont créé des sites Web très actifs à l'appui de Jackson : ils ont tous un but unique, réhabiliter l'image de MJ. Ils réécrivent les histoires négatives sur le roi de la pop en tentant de les rendre positives. Par exemple : pour contrer le fait que Jackson n'a jamais été intéressé par les relations sexuelles avec des femmes, ils soutiennent que MJ avait des dizaines de relations amoureuses avec des femmes attrayantes, souvent grandes minces et blondes, mais que ces renseignements sont indisponibles par respect pour leur intimité.
La conspiration a des plans d'attaque : contre ceux qui dépeignent injustement Michael Jackson en pédophile, ceux qui tentent de gagner de l'argent en utilisant son nom dans des histoires inventées, et ceux qui essaient de voler de l'agent à MJ.
Les accusateurs actuels de Jackson, Wade Robson et James Safechuck Junior, auraient ainsi une cabale secrète avec des pédophiles qui les appuient, leur enseignent ce qu'ils doivent dire pour rendre leurs demandes d'abus plus crédibles. Les avocats de Robson et Safechuck travaillent en étroite collaboration avec les médias afin que les sites Web et les publications puissent bénéficier de clics sur leurs pages ou des ventes de leurs journaux ou magazines en inventant des histoires sur Jackson.
Michael Jackson était constamment entouré de sangsues et de personnages ombragés qui essayaient de s'immiscer dans sa vie pour pouvoir lui dérober de l'argent. Jackson était «naïf» et «faisait confiance aux autres», il ne se rendait pas compte de l'avidité de ceux qui l'entouraient.
C'est ainsi que Le père de Jordan Chandler a réussi à escroquer 22 millions de dollars à Jackson, sa compagnie d'assurance a payé la créance parce qu'elle ne voulait pas se battre contre des moulins à vent, Jackson, lui, n'avait aucun contrôle sur le résultat.
Il était coutumier que les enfants des familles qui se rendaient à Neverland demandaient à leurs parents s'ils pouvaient dormir avec Jackson, et les parents étaient toujours d'accord tandis que Jackson, lui, acceptait à contre-coeur.
Guiterrez a ensuite approché plus de parents pour essayer de tenter la même escroquerie contre Michael Jackson. Il a réussi avec une femme de chambre qui avait travaillé à Neverland, dont le fils avait passé du temps seul avec Jackson. Elle s'est approchée des avocats du roi de la pop, a déclaré que son fils avait été caressé, et Jackson, lui, a préféré donner de bon coeur deux millions de dollars à cette femme, car il était très généreux.
Enfin, les médias visent spécifiquement Jackson, et aucune autre célébrité, avec des fausses histoires et des invasions grossières et permanentes dans sa vie privée pour profiter de son nom. Leur parti pris contre Jackson lors du procès de 2005, leurs rapports concernant ses amitiés avec de jeunes garçons et ses abus de drogue sont très biaisés et inexacts.
Ces faits ont été appuyés par Charles Thomson dans un article intitulé : Un des épisodes les plus honteux de l'histoire du journalisme - publié dans le Huffington Post le 13 juin 2010.
Une pétition à tous les groupes de médias à suivi cet article (Lire ici)
Dès qu'une publication négative est publiée, il y a automatiquement une indignation et un appel aux armes. Les fans sont invités à envahir de commentaires l'article avec des missives de condamnation, et des faits sont inventés pour justifier l'attaque. Ils adressent également des plaintes aux éditeurs de l'histoire et aux organismes tels que le l'ordre des médias, afin qu'ils sévissent contre les délinquants salissant la mémoire de Jackson.
Toute réaction défavorable réelle ou suspectée peut-être interprétée comme une attaque délibérée contre eux ou le groupe.
Sur certains forum, les "responsables" du site sont explicites dans leur censure, interdisant toute mention sur des sujets particuliers : allégations de violences, noms de certaines personnes. Leurs sources doivent être issues de sites fiables, approuvés, plutôt que ceux des médias traditionnels, de sorte qu'ils ne soient pas exposés aux mensonges. Quiconque suggère que Jackson n'était pas infaillible, est harcelé et condamné à l'ostracisme.
Ils essaient de convaincre de la conspiration massive contre Jackson : Les médias ne disent pas la vérité, ce qu'ils veulent c'est gagner de l'argent. Et eux veulent faire connaître "LA VÉRITÉ" à tout prix.
Lorsque vous demandez aux fans de Jackson pourquoi ils sont fans, la plupart répond «Pour sa musique» mais il y a toujours quelque chose de plus : Il était le meilleur danseur, le meilleur chanteur, le plus humanitaire, le plus gentil, l'être d'exception qui sauvait des vies, etc....et chaque fan insiste sur le fait qu'il était innocent. Certains ont crée des vidéos présentant Jackson avec un comportement exemplaire, et lui trouvent des tas de circonstances atténuantes, bien qu'il ait partagé son lit avec une succession de garçons pré-ados.
l'explication vidéo ci-dessous est très sérieuse... attention, attention....C'est du lourd ! :
Cette analyse risible est franchement de la foutaise et les personnes ayant une once d'intelligence ne peuvent y adhérer.
Qui peut-on croire ? ceux qui gagnent beaucoup d'argent en utilisant les fans pour enterrer les délits de Jackson, ou ceux qui expliquent simplement la vérité mais n'ont rien à gagner ? Hélas, comme les membres des cultes, les fans dévoués ne peuvent même pas comprendre qu'ils sont utilisés pour l'argent.
En toute honnêteté, toute observation objective des récits d'actualités contemporaines et même passées sur Jackson présentent une mixité. Tout comme sa vie. Il y a des histoires qui louent ses prouesses et des histoires qui décrivent ses échecs et dans les deux cas il y a des histoires fabriquées et des histoires réelles. Les histoires issues de sources d'informations de bonne réputation sont équitables et équilibrées dans l'ensemble, des publications moins réputées ne le sont pas moins pour autant. Mais on ne peut pas former son point de vue seulement en fonction de ces publications. Il faut aussi prendre connaissance des dossiers du tribunal.
Diverses formes de jalousies et de racisme sont souvent proposées comme des raisons essentielles aux problèmes de Jackson, mais les preuves n'appuient pas ces théories. Le plus probable est que Jackson était une célébrité, qui a été comme toute célébrité, traîné dans la presse tabloïd. Pourquoi Jackson aurait-il été exonéré ? il n'était pas spécial ou exclu du même traitement que les autres célébrités. Voilà tout.
En fait si les fans voulaient êtres honnêtes envers eux-mêmes, ils essaieraient de se renseigner sur la pédophilie, et comprendraient qu'il y a surtout une conspiration du silence qui l'entoure. Ce n'est pas un secret que les journalistes ayant enquêté sur Jackson au cours des années passées ont été menacés. Un journaliste a trouvé un poisson mort sur son pare-brise accompagné d'une note agressive après avoir commencé des recherches sur Jackson et écrit une histoire défavorable sur lui. Aujourd'hui encore, tout journaliste qui ose écrire une histoire peu flatteuse sur Jackson essuie des attaques de fans effrayants dont certains les menacent même de mort !. A présent les journalistes les bloquent et les signalent tout de suite à la police, du moins en Amérique.
Les fans pensent que c'est un jeu de gagnants et perdants, alors s'ils atteignent leur but ils sont certains d'avoir gagné. Cependant ils n'ont que contribué au silence d'un point de vue différent sur Jackson par des moyens illégaux et impudiques. Cela peut entraîner des comportements ou des activités qu'ils jugeraient répréhensibles ou non éthiques s'il s'agissait de quelqu'un d'autre que Michael Jackson.
Il n'est pas difficile de devenir un MJ Fan. Il suffit d'admettre que le comportement de Jackson était normal et c'est tout, vous voilà dans le club. Pour appartenir à la MJ Family il faut louer Jackson, l'admirer, le respecter totalement, et bien parler de lui. Ainsi vous êtes admis dans le club comme soldat de Jackson, avec un accès exclusif aux forums cachés, aux sites Web scellés par mot de passe et aux comptes Twitter protégés de l'élite des fans.
Ceux qui se disent vigoureusement opposés aux pédophiles, utilisent un guide de défense pédophile en ces termes :
On peut en conclure que le comportement de Jackson doit être toléré. C'est le plus grand danger du culte envers Michael Jackson.
Comment le surmonter ? Au prix d'un effort quotidien afin de distinguer, au sein de ses propres idées, celles qui semblent à la fois crédibles, bonnes, légitimes, de celles qui sont rigoureusement fondées. Ce n'est pas équivalent ! Pour peu qu'il y réfléchisse quelques instants, chacun se rendra compte que la majorité des croyances ou opinions qui lui sont chères ne reposent pas sur grand-chose. Ainsi, une opinion peut être valable du point de vue éthique, répondre aux attentes d'un milieu social, paraître désirable ou correspondre à des intérêts ou habitudes personnelles, sans pour autant reposer sur un raisonnement sérieux. Savoir opérer cette distinction est l'étape cruciale du choix de pensée qui nous incombe. En prenant conscience de ce distinguo, nous nous offrons la possibilité de faire fonctionner notre cerveau et d'opter pour une pensée méthodique, rationnelle.
Quand les fans se laissent aveugler par une opinion préexistante, c'est donc parce qu'ils éprouvent du plaisir à la confirmer, sans prendre le temps de se demander si ils auraient fait la même analyse sans cette opinion, voilà sans doute le plus sûr moyen de trouver la vérité. Ou mieux encore, chercher ce qui peut contredire cette hypothèse – aussi désagréables les contre-arguments soient-ils à envisager.
Même si on aime ensemble et qu'on est soudés par le lien commun à la vedette, et éventuellement l'appartenance à un même club, il se développe chez les fans des rivalités parfois dures, qui peuvent déboucher sur de véritables conflits.
Ariane : «Je me frottais pour la première fois à des gens amoureux et jaloux de surcroît. Un fan n'est pas un tendre, loin de là, et je suis convaincue que les fans de MJ battent tous les records. Le jeu consiste à emmagasiner un maximum de renseignements et d'objets pour rendre fou d'envie le restant de la communauté. Et là tous les coups sont permis ! Outre la rivalité et la jalousie qui peuvent se développer chez ces fans partageant la même passion, le désir est grand de se distinguer et se démarquer après être passé par un «processus de dé-différentiation par la rencontre d'autres semblables».
Les mondes des fans sont souvent très hiérarchisés, même si cette hiérarchie reste officieuse. Le président ou le fondateur est dans bien des cas la figure tutélaire, occupant une position dominante rarement remise en cause. Parmi les membres, les stratégies de distinction et conflits de légitimité sont nombreux. Les réseaux de fans de Jackson sont «toujours marqués par une compétition douce et implicite mais réelle et la recherche d'une position dominante». Certaines pratiques sont valorisées et tenues, au sein de ces réseaux, comme des marques de grandeur qui ont donné lieu à un consensus : «avoir vu un concert, avoir rencontré MJ, posséder d'authentiques inédits (....). Les fans de Jackson distinguent des postures d'admiration nobles et valorisantes et des postures stigmatisées et stigmatisantes. Une frontière invisible sépare les formes normales, légitimes, saines de la passion (qui s'incarnent dans la figure de la groupie, de l'imitateur et du collectionneur).
Les savoirs et connaissances (sur l'oeuvre, la vedette, sa vie et sa carrière) font partie de ces éléments qui confèrent au fan qui les possède reconnaissance et légitimité et le constituent en expert. Ils n'ont que peu de valeur symbolique en dehors du monde des fans. (Moins la vedette est légitime et moins ce capital culturel est «profitable») mais peuvent en avoir beaucoup à l'intérieur de ce monde ; ils peuvent contribuer à définir des positions dominantes, à asseoir des statuts, à établir des hiérarchies. Mais le savoir peut être disqualifiant. Une trop grande érudition sur des aspects jugés superficiels ( ce que la vedette mangeait au déjeuner, la marque de ses parfums, la couleur de ses chaussettes, etc..), une connaissance trop pointue ou anecdotique ( tel musicien à la batterie sur tel enregistrement, le détail de ses pochettes de disques, sa voix qui s'étendait soi-disant à trois octaves ... etc...) peuvent être disqualifiées comme dépassement d'une limite, signe d'une obsession.
La collection est une ressource importante dans la quête d'une position privilégiée et d'une reconnaissance.
Elle témoigne du sérieux de l'investissement, de l'ampleur des sacrifices, de l'authenticité de la passion et elle laisse présager l'érudition. Mais si la collection permet un gain de légitimité, elle peut également se retourner contre son détenteur. La faute de goût, l'intérêt porté aux objets anecdotiques, insignifiants, la collection de bibelots trahissent l'appartenance aux fans honnis, «hystériques» et «pathologiques». Ils sont les indices d'une aliénation à un système marchand, désignant non plus des experts mais des victimes de ce système d'exploitation des fans.
Les parcours et expériences des fans (être allé à Neverland ou Forest Lawn, avoir vu la vedette en concert, l'ancienneté de la passion, être un fan de la première heure) conduisent également à «classer» le fan. Mais à nouveau, cet investissement ne doit pas dépasser une limite tacite, au-delà de laquelle il devient obsession pathologique et discrédite le fan.
La nature de l'engagement et l'importance de celui-ci permettent également au fan de se distinguer, de «tenir son rang» de fan et «maintenir la distance» avec les non-fans, ou les touristes. Mais une nouvelle fois, une limite existe qu'il faut connaître et respecter, pour ne pas basculer du fervent à l'«hystérique», du fidèle au «malade», du «fan» au «fou furieux», de l'«admirateur» à l'«adorateur».
Julie assure ainsi qu'elle ne fait pas partie de ces fans hystériques et illuminés qui se prosternent devant Jackson, affirmant même qu'ils lui font peur. Les entretiens (auprès des fans de Jackson notamment) témoignent de ce que nombre de fans font leurs les arguments de disqualification du monde savant ou médiatique et recourent à la même terminologie (pathologie, hystérie, fanatisme, secte, etc..) pour juger certains de leurs pairs.
Chaque fait et geste, chaque choix et chaque propos, chaque préférence et chaque pratique permettent en somme de se distinguer, de tenir son rang, de maintenir une distance, de se différencier, ou au contraire conduisent à se marginaliser et se disqualifier. Chacun d'eux permet de classer l'autre et se faire classer soi-même, rendant indispensable la connaissance du système de classement, des consensus autour de la valeur accordée à tel goût, telle préférence, telle pratique.
Le phénomène présente une dimension commerciale indéniable (l'artiste est l'industrie du disque l'exploitent évidemment pour leur plus grand profit), il témoigne également d'une mobilisation et d'une ferveur importante, et peut-être éphémère, se compose des ingrédients essentiels de la passion : partage des expériences, appartenance à un groupe, construction identitaire, profits symboliques, distinctions et rivalités....
Dans son roman «Le modèle» («Das Vorbild»), Siegfried Lenz explique le culte des idoles comme la perversion des modèles à suivre. La «communauté» suit son idole «de sa folle vénération» et souhaite «lui ressembler».