STAR WARS - De george Lucas ou de la Fox, lequel fut le plus malin ?
12 Juin 2018
Rédigé par Clara et publié depuis
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George Lucas, Mark Hamill, Carrie Fisher & Harrison Ford pendant le tournage de Star Wars.
George lucas n'est pas devenu milliardaire en réalisant La Guerre des étoiles, plus connue aujourd'hui sous le nom de Star Wars. Non, il l'est devenu en vendant des jouets.
L'origine de Star Wars se perd dans l'immensité galactique. En 1971, Lucas, diplômé de l'école du cinéma USC, développa son grand projet, THX-1138, un film de science-fiction mettant en scène un drone contrôlé par l'esprit. Bien que ce ne fût pas une réussite commerciale, United Artists s'intéressa à Lucas. Celui-ci proposa deux idées au studio : des souvenirs d'adolescence autobiographiques qu'il intitulait American Graffiti et un hommage à la série Flash Gordon : Stars Wars. United Artists rejeta les deux projets, mais Universal Studios fut intéressé par American Graffiti. Lucas, vingt-six ans, passa les deux années suivantes à peaufiner et à réaliser son scénario.
Quand American Graffiti fut dans la boite, il contacta Alan Ladd Jr. à la 20th Century Fox et lui parla de Star Wars. La science-fiction passait pour un genre à risque mais Ladd lui proposa 150 000 dollars pour achever le scénario et le réaliser.
American Graffiti sortit en août 1973 avec de bonnes critiques et de belles rentrées d'argent. Cela donna à Lucas des armes pour renégocier son contrat pour Star Wars. Aux 500 000 $ qu'il devait toucher en tant que réalisateur, il demanda une rallonge de 175 000 $, la mainmise sur le montage final, 40 pour cent des bénéfices nets, les droits d'éventuelles suites et ceux sur tous tous les produits dérivés.
À l'époque, les produits en question ne constituaient pas une énorme source de revenus et la 20th Century Fox avait des containers entiers d'invendus inspirés de L'Extravagant docteur Dolittle (1967) : elle se dit donc qu'elle ne risquait pas grand-chose en acceptant les conditions de Lucas.
Lucas passa deux ans à revoir son scénario en s'inspirant de l'ouvrage de Joseph Campbell, Pouvoir du mythe, de La Forteresse cachée d'Akira Kurosawa (1958) et d'innombrables BD. En cours d'écriture, le général Luke Starkiller devint le jeune Luke Skywalker. Et un contrebandier du nom de Han Solo cessa d'être un monstre arborant des branchies et une peau verte pour devenir un être ressemblant à Harrison Ford.
Ce dernier, qui avait eu un petit rôle dans American Graffiti, aida Lucas à travailler sur le casting. Lucas préférait engager des inconnus, de sorte que Mark Hamill l'emporta sur William Katt (Ralph super-héros) pour le rôle de Luke, et Carrie Fisher se vit offrir le rôle de la princesseLeia au lieu de Sissy Spacek. Quand Lucas constata comment Ford traitait avec finesse des dialogues un peu bateau, il en fit son Han Solo devant des prétendants tels que Christopher Walken et Nick Nolte.
Tout au long du tournage réalisé à Londres et en Tunisie, Ford ne cessa de critiquer les dialogues et de répéter au dialoguiste-réalisateur : «Tu peux écrire ça, George, mais certainement pas le dire».
Stars Wars dépassa le budget alloué ainsi que les délais. La Fox envisagea de le vendre à un autre distributeur ou de couper les vivres à Lucas s'il n'y mettait pas du sien. Celui-ci livra enfin un film, dans lequel même ses amis Brian De Palma et son mentor en affaires, Francis Ford Coppola, voyaient un truc médiocre pour gamins.
Quand les propriétaires de salles refusèrent de le passer, la Fox menaça de leur retirer un blockbuster potentiel, De L'autre Côté de Minuit (qui fera un bide), s'ils ne prenaient pas Star Wars.
Le film de Lucas sortit le 25 mai 1977, dans quarante salles. Il dépassa très vite les 300 millions de dollars aux États-Unis. (Avec les reprises, il surpassa Autant en emporte le vent et devient le film le plus rentable de l'histoire du cinéma.) Nommé par dix fois aux oscars, il en remporta six.
kenner Products, un fabricant de jouets ayant reçu la licence d'exploitation des produits dérivés, n'était pas près à satisfaire l'énorme demande. A Noël, il vendit des boîtes vides dans lesquelles on pourrait ranger les personnages Star Wars au printemps suivant !
Avec ses 40 % au box-office - un pourcentage ne tenant pas compte de la fabrication des copies et des frais publicitaires - Lucas gagna quelque 40 millions de dollars avec le premier opus de la série. Entre 1977 et 1980 (quand son contrat lui permit de produire L'Empire contre-attaque sur ses propres deniers), les produites dérivés lui rapportèrent dans les 500 millions de dollars. On estime que les six films de la série ont généré quelque 13 milliards de dollars rien que pour les jouets et produits dérivés.
Le pari de Luca sur les bénéfices engendrés par le box-office, l'argent gagné sur la franchise d'Indiana Jones, co-créé avec son ami Steven Spielberg, les bénéfices de sa société d'effets spéciaux Industrial Light & Magic, la société de son THX, enfin la société de jeux vidéo Lucas Art, tout cela a contribué à édifier la formidable fortune de Lucas. Chaque année, il dépasse Spielberg ou Oprah Winfrey au titre de plus riche membre du show-business.
George Lucas et aussi le roi de la propriété intellectuelle. Si un fabricant de jouets veut sortir un sabre-laser en édition limitée, ou si Pepsi veut insérer Dark Vador dans une pub, il leur faut d'abord obtenir l'autorisation de Lucas, lequel se met au passage un beau pourcentage des ventes dans les poches. ( En 2011, il fut débouté en Grande-Bretagne quand il exigea que le concepteur des figurines touche également un pourcentage sur les objets fabriqués dans ce pays : les droits se limitent aux États-Unis). Lucas avoue aujourd'hui qu'il ne croyait pas trop au potentiel des produits dérivés de Star Wars et voulait simplement fabriquer des tee-shirts. Il a depuis vendu pour 4 milliards de dollars ses studios et ses droits d'exploitation à Disney qui produit les épisodes 7 à 9 de la saga Star-Wars.
Pour George Lucas, c'est de toute façon l'aboutissement logique d'une success story commencée il y a désormais quarante ans : il touche les derniers dividendes d'une idée géniale servie par une incroyable ténacité.
Il est maintenant temps pour moi de passer Star Wars à une nouvelle génération de réalisateurs. J'ai toujours cru que Star Wars me survivrait, et je pense qu'il était important de mettre la transition en place de mon vivant.
George Lucas
Dans une interview donnée à la chaîne PBS en 2015, le créateur de la saga intergalactique a sévèrement critiqué le Réveil de la Force, nouvel épisode réalisé par J.J. Abrams et produit par Disney.
Le Réveil de la Force se place en tête du box-office français 2015 avec plus de 6,8 millions de spectateurs, mais George Lucas n'en partage pas l'engouement. Dans une interview donnée à la chaîne américaine PBS, le cinéaste critique sévèrement ce septième volet de la saga Star Wars, réalisé par J.J. Abrams et produit par Disney.
«J'ai vendu mes enfants à des marchands d'esclaves», a-t-il lâché devant la caméra avant de rire jaune, faisant référence à sa société LucasFilm, qu'il a vendue à Disney pour 4 milliards de dollars en 2012. Le cinéaste regrette le manque de créativité de la nouvelle équipe, estimant que ce septième épisode est très similaire à Un Nouvel espoir, le quatrième épisode de la saga sorti en 1977. «Ils voulaient faire un film pour les fans. Faire un film rétro. Je n'aime pas ça. Je travaille très dur pour que chaque film soit différent», a-t-il expliqué, sans cacher sa déception pour ce nouveau volet.
C'est le premier épisode de Star Wars où George Lucas n'a eu aucune intervention, pas même au niveau de la supervision. Il avait planché sur l'épisode 7 et a fait quelques propositions à la production, mais en a rapidement été écarté: «Ils n'avaient de toute façon pas très envie que je sois impliqué dans les nouveaux films, poursuit-il. Si j'y étais allé, je n'aurais causé que des problèmes, parce qu'ils ne faisaient pas ce que je voulais qu'ils fassent. J'aurais tout foutu en l'air.»
A la suite de la mise en ligne de cette interview, le réalisateur a publié un communiqué dans lequel il tenait à clarifier ses propos lors de l'entretien avec Charlie Rose.«J'ai mal parlé et ai utilisé une analogie très maladroite et je m'en excuse». Rappelant, au passage, que cela fait «40 ans» qu'il travaille avec Disney et que c'était lui qui «les avait choisis pour prendre soin de l'héritage Star Wars en raison de son respect pour l'entreprise et pour son dirigeant Bob Iger.» Il précise par ailleurs être «ravi» de la direction que prend le célèbre studio d'animation avec son univers. Que ce soit «au cinéma, à la télévision et dans les parcs d'attraction».
Les 4 milliards de dollars pour lesquels le réalisateur a vendu la franchise à Disney ne suffisent-ils pas à combler sa frustration ?
A la question «Pourquoi avoir laissé tomber Star Wars ?», Lucas répond simplement : «Vous faites un film, et tout ce que vous obtenez, c'est d'être sans cesse critiqué. Ce n'est pas très fun. Vous ne pouvez pas expérimenter». Le cinéaste fait référence à la déception des Épisodes I, II, III, et à son divorce avec les fans.
George Lucas a aussi avoué avoir sa propre conception du cinéma. Voici les leçons du Maître :
Un grand film n'a pas besoin d'intrigue. Ni de personnages, ni de dialogue. Un grand film a seulement besoin d'images et de son. Des images qui vont vite et des couches de son, c'est tout.
George Lucas
L'avis de Jean-Pierre Mocky :
Moteeeuuuuuur ....
Quand on parle de George Lucas, on omet toujours un facteur important de sa réussite : comment assurer sa fortune sur la base d'un petit investissement, d'une mission, dont le succès délirant finit par aspirer ce qui vous reste de velléités artistiques.
Conclusion : En vendant à Disney, Georges Lucas, a fait d’une pierre deux coups.
Il aurait empoché bien moins d’argent en vendant plus tard, car l’intérêt des gens pour la franchise se serait amoindri.
Seule une grosse société pouvait insuffler assez de moyens pour relancer son chef d’oeuvre. Le succès de l'épisode VII Le réveil de la Force sorti en 2015 en témoigne : il a généré 5 milliards de dollars dans le monde, de quoi rattraper en un seul coup le rachat de la franchise. Rogue One n'est pas en reste avec un nouveau record : Une recette totale de 7 milliards de dollars.
L'empire Disney, lui, a fait d'une pierre trois coups.
Cette acquisition vient confirmer la stratégie très agressive de Disney. Il s'est offert les studios Pixar en 2006 pour 7 milliards de dollars et Marvel Ebtertainment trois ans plus tard, contre 4,2 milliards de dollars. Le rachat de LucasFilm lui permet aussi de prendre le contrôle de la société ILM (Industrial Light & Magic), spécialisée dans les effets spéciaux. Il récupère surtout quelques licences très juteuses, comme Indiana Jones, Iron Man ou encore celles de jeux vidéo très lucratifs tels que Star Wars : Battlefront ou Lego Star Wars. C'est au niveau des produits dérivés que l’empire Disney «risque» d’empocher des revenus estimés de 5 milliards de $.
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Toute création originale porte en elle une certaine laideur du fait qu'elle combine ce qui ne l'a jamais été antérieurement. Mais n'est-ce pas le propre de la création ?