27 Février 2019
PAR OLIVE POMETSEY le 26 Février 2019.
Bien qu'il ait été accusé d'avoir abusé sexuellement de mineurs devant les tribunaux au cours de sa carrière, les fans de Michael Jackson ont eu tout un arsenal de réfutations pour le défendre face à de telles allégations pendant des décennies, y compris moi-même. Son enfance perdue et ses bizarreries étaient utilisées pour dissimuler l'absurdité de son amitié et le partage de son lit avec des enfants qui lui étaient essentiellement étrangers ; ses accusateurs ont simplement été qualifiés d'opportunistes motivés financièrement. «Si votre enfant avait été agressé sexuellement, pourquoi accepteriez vous de l'argent au lieu de régler l'affaire en justice ?» était mon argument de choix face aux septiques, et ignorant avec bonheur les pressions qui peuvent résulter d'une bataille juridique avec l'un des hommes les plus influents du monde, toujours sous l'oeil vigilant de la presse et de son fidèle fandom. Et généralement cela suffisait à clore la discussion, non pas parce que les gens étaient nécessairement d'accord avec moi, mais parce qu'ils ne semblaient pas vraiment s'en soucier. Un sourire narquois, une levée de sourcils et un sarcastique «d'accord» mettaient généralement fin à la conversation. Mes adversaires étant probablement amusés à la fois par ma naïveté et par le sujet en général.
J'avais quatorze ans lorsque Michael Jackson est mort et, à ce moment-là, les accusations portées contre lui étaient devenues l'essentiel des blagues à l'école. Pourtant, jusqu'à récemment, la défense de Jackson était souvent motivée par des blagues avisées.
Un documentaire, «Leaving Neverland» suit les histoires de deux hommes qui auraient été victimes de Jackson Wade Robson et James Safechuck, m'a laissé un sentiment incroyable de honte pour n'avoir jamais perpétué cette rhétorique. Réalisé par Dan Reed, le film en deux parties laisse peu de place au doute quant à savoir si Michael Jackson était un pédophile. Robson, Safechuck et leurs familles racontent, comment elles ont été courtisées, préparées et abusées par lui de manière atroce. Maintenant qu'ils ont la trentaine et la quarantaine, et leurs propres enfants, il est navrant de voir ces hommes se souvenir de ce qui leur est arrivé, racontant pratiquement chaque jonction avec Jackson jusqu'à sa mort en 2009. Robson et Safechuck allèguent que le début des violences a eu lieu à l'âge de sept et dix ans, cela représente une grande partie de leur vie. Il est encore plus angoissant de les regarder avec leurs séquelles suite aux actions de Jackson, et de les entendre parler des conséquences néfastes sur leur santé mentale.
Les chansons qui m'apportaient tant de joie sont maintenant empreintes de tristesse et de culpabilité.
«Leaving Neverland : Michael Jackson et moi» - n'est pas facile à regarder, particulièrement en tant que fan de sa musique, mais il est essentiel de comprendre comment les agresseurs manipulent leurs victimes pour les soumettre. Robson et Safechuck admettent tous deux avoir ressenti de l'amour pour Michael Jackson alors qu'il abusait d'eux ; enchantés et épris de lui, tout comme le reste du monde. Jackson a fait en sorte que les deux enfants se sentent responsables si leur secret était révélé, et les a menacés comme des adultes s'ils refusaient de témoigner en sa faveur, mais sa plus puissante couverture de sécurité était leur dévouement sans faille envers lui. leurs dévouements étaient gagnés grâce aux cadeaux et à l'excitation inimaginable de l'enfance qui accompagnait la plus grande pop star de la planète et qui leur accordait son attention, cette loyauté stellaire a convaincu Robson et Safechuck que leur relation avec Michael était spéciale, et non abusive jusqu'à ce jour.
Dans le documentaire, Wade Robson, se souvient être tombé amoureux de Jackson à cinq ans, lorsque sa mère lui a rapporté une cassette VHS montrant le tournage de son clip «Thriller». Mon admiration pour le chanteur a également commencé de la même manière. Quand j'avais six ans, ma meilleure amie à l'époque avait chez elle, des DVD de vidéoclips de Michael Jackson et de ses tournées. Nous restions à son domicile entre le retour de l'école et les cours de danse. Nous avions toutes les deux de grands projets pour devenir des stars de la pop à l'âge adulte, alors nous avons pensé que regarder le roi de la pop avec récurrence, tout en essayant d'imiter ses routines était un bon moyen de s'entraîner pour devenir des célébrités. C'était notre plan. Au fils des années, j'ai emprunté les CD de mon père et téléchargé mes propres copies de ses chansons quand on m'a finalement offert un iPod. Et j'ai continué de découvrir davantage sa musique jusqu'à la vie adulte. Malgré le fait que sa carrière avait atteint son apogée avant même notre naissance, et grâce au renouveau du disco au cours de ces dernières années, mes amis et moi dansions sur sa musique à l'université. Alors que le temps passait et que je continuais à vivre dans le déni des accusations d'abus, je devenais de plus en plus fanatique de la musique de Jackson, à un tel point, qu'une fois après une soirée, j'ai forcé mon petit ami à s'asseoir et à écouter pendant deux heures sa musique. Un mélange DJ de ses meilleurs chansons que j'avais trouvé sur SoundCloud. Mon ami s'est endormi, tandis que j'en absorbais chaque minute.
«Je ne dirai pas qu'il devrait y avoir un hashtag pour interdire la musique de Michael Jackson comme celle de R.Kelly» a déclaré Dan Reed à Vice lors d'une interview la semaine dernière - «Je pense que la musique de Jackson est trop intégrée dans le tissu de la vie américaine et britannique, et dans le monde entier pour la taillader comme ça».
Le documentaire fera se poser la question à tous les fans, et la rumeur dit que Sony Music discute actuellement de l'opportunité de supprimer son catalogue des services de streaming avant même que le documentaire soit publié. Il est difficile d'accepter que nous devrions peut-être vider nos bibliothèques de la musique de Jackson, comme le disait Reed : «C'est une excellente musique, c'était un grand artiste, mais c'était aussi un pédophile». Mais comme quelqu'un qui aurait énuméré plusieurs morceaux de Jackson parmi mes préférés, il y a une semaine encore, je dois dire qu'ils ne ressemblent tout simplement plus à cette phrase. Les chansons qui m'apportaient tant de joie sont maintenant empreintes de tristesse et de culpabilité - «Burn This Disco Out» m'a même récemment peiné lorsque mon téléphone l'a passé en mode aléatoire. Malgré tous mes efforts, je ne peux pas séparer l'artiste de l'art.
Il y a encore des fans qui vont rejoindre la famille de Jackson pour défendre son héritage contre toute attente. Alors que la Jackson Estate qualifie de «sensationnaliste» Leaving Neverland dans une lettre de dix pages au président de HBO, Richard Plepler, et poursuit la chaîne pour 100 millions de dollars, ses fans les plus militants laissent des critiques cinglantes envers le documentaire sur Google, malgré le fait qu'il soit sorti en première au Festival du film Sundance : «Tout ce documentaire est TRASH. Il ne repose que sur des mensonges», écrit un commentateur. «Ce documentaire n'a AUCUNE preuve factuelle pour prouver que Michael était coupable de quoi que ce soit, ce ne sont que leurs paroles». Bien qu'il soit vrai que Leaving Neverland est principalement basé sur les récits de Robson et Safechuck concernant ce qui leur est arrivé, discréditer leurs histoires, c'est dire à tout enfant qui souffre d'un agresseur que sa douleur importe peu. Nous avons utilisé le hashtag «Me Too» et décidé que, les enfants abusés par des adultes méritaient bien cette sympathie.
C'est une pilule difficile à avaler, parce que beaucoup d'entre nous veulent égoïstement croire en son innocence. Michael Jackson était un expert dans la conquête de la dévotion populaire, qu'elle vienne de ses fans en larmes qui se sont levés après ses audiences et ont lâché des colombes lorsqu'il a été déclaré non coupable, ou des enfants qu'il aurait maltraités. Mais «Leaving Neverland» m'a obligé à grandir et à regarder au-delà de la magie de sa musique et de sa présence scénique. Pendant toutes les années où j'ai refusé de croire les victimes, je ne peux que m'excuser.
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