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Michael Jackson nous a lancé un sort, Leaving Neverland le brise.

Michael Jackson nous a lancé un sort, Leaving Neverland le brise.
Michael Jackson nous a lancé un sort, Leaving Neverland le brise.
Michael Jackson nous a lancé un sort, Leaving Neverland le brise.

 New-York Times  :  article écrit Par Wesley Morris, le 28 février 2019. 

Si l'expérience culturelle moyenne exige l'arrêt de l'incrédulité, si nous ne devrions pas trop penser à ce film que nous regardons, au roman que nous lisons, ce tour de magie se déroule juste devant nos yeux,  si être diverti veut dire mettre de côté le scepticisme, la logique et peut-être le sens de la réalité, alors quel tour de magie nous a fait vivre Michael Jackson ? 

Il vivait dans le mépris de l'apparence physique, de la race et du genre, et nous vivions avec ça. Nous l'avons absorbé. Rien que l'odyssée de son nez, ce bulbe fou, ressemblait en quelque sorte au voyage d'un peuple. Pendant si longtemps, Michael Jackson a été fasciné par notre crainte, notre désarroi, notre identification, notre conviction qu'il était une métaphore, une allégorie, un phare, une mise en garde contre l'Amérique. Vous deviez le regarder énormément pour ressentir cela.  Vous devez également faire beaucoup de recherches dans l'autre sens. 

Mais finalement, toute  cette émulsion  atteint une fin logique. Vous manquez de crochets pour accrocher des objets. Il y a un moment dans «Leaving Neverland», le documentaire de Dan Reed sur la pédophilie présumée de Jackson, où j'ai été tout simplement à court de crochets. Le film est consacré à deux hommes, Wade Robson et James Safechuck, qui affirment, dans des récits séparés, que Jackson les a agressés sexuellement pendant des années, de leur enfance à leur adolescence. 

Et de toutes les allégations, le moment qui m'a vraiment attiré est celui de la bague. 

Cela fait maintenant 90 minutes que nous avons entamé le film de quatre heures, et j'ai appris comment Jackson s'était adonné à deux familles, à partir de 1987 ou 1988, après la sortie de son album «Bad» lors de sa tournée mondiale. J'ai entendu un enregistrement d'une fausse interview que Jackson avait faite  avec Safechuck, un garçon de classe moyenne de la Californie du Sud, dans lequel Jackson dit que la meilleure partie du voyage à Hawaï,  qu'il avait organisé pour le garçon et sa mère, était :  «être avec James Safechuck». 

J'ai vu une photo persistante de Jackson, qui avait environ 30 ans, avec Safechuck,  9 ou 10 ans environ.  Jackson était rayonnant avec ses lunettes de soleil et sa veste militaire, il faisait le signe de la paix. James qui portait une trop grosse casquette de baseball, se tourne vers la caméra, le regard soucieux pour quelqu'un dont la vie devait être exempte de ressassement. Au moment où vous arrivez sur cela, j'avais déjà entendu dire comment Jackson avait séduit Safechuck par le sexe (masturbation, alors qu'il avait 10 ans), et comment il se rapprochait de James en tournée pour l’amener dans sa chambre,   alors que celle de ses parents était éloignée. 

La façon dont James Safechuck se souvient :  il y avait tellement de sexe dit-il, et Jackson lui a raconté que si quelqu'un le découvrait, leurs vies seraient finies. J'ai entendu dire que Michael avait acheté le complexe Neverland dans le comté de Santa Barbara, en Californie (manoir, parc d'attractions, zoo !) ainsi que le système élaboré de portes et de cloches pour l'alerter de toute approche dans son repaire où certains abus ont eu lieu. 

J'ai vu Wade Robson, un imitateur de Michael Jackson au visage de poupée, originaire de Brisbane en Australie, affirmant qu'il avait 7 ans quand Michael a commencé à l'agresser, décrivant un scénario sinistre dans lequel il était nu à quatre pattes au bord du lit- pris au piège- entre son idole, qui se masturbait devant lui, et une découpe en carton de Peter Pan. 

J'ai entendu parler de tout cela - et d'un contrat encore plus inquiétant - lorsque le documentaire arrivait à la partie où Jackson avait emmené James Safechuck acheter une bague.  Il y a quelque chose dans cette scène,  que les cinéastes ont réservée  pour la fin de la première partie,  qui se  glisse dans vos entrailles, quelque chose qui montre que  cet adulte James Safechuck ne semble pas vouloir revivre. Mais,  il parle dans un documentaire télévisé des voeux qu'il a échangés avec Jackson. Il est ici, perdu, tenant la bague qu'il a gardée, tout ce temps, dans une belle boite. 

L'histoire de la bague et des voeux est aussi graphique que les souvenirs de masturbation, des baisers à la française et des malaxages de tétons. Si vous êtes le genre de personne qui veut essayer d'équilibrer, avec par exemple, les multiples chefs d'accusations d'agressions contre un enfant dont Jackson a été accusé en 2003 et acquitté par la suite avec des détails édulcorés et tirés de la biographie de Jackson (N'était-il pas trop maltraité et trop célèbre ? et prématurément sexualisé ? Il n'a jamais eu d'enfance ! Il est toujours un enfant !) Si vous participiez à la diète d'actualités moelleuses sur Jackson et d'un petit garçon (souvent désigné comme «l'ami spécial de Jackson») et pensiez surtout que c'était mignon ou banal et que Jackson voulait juste de se rapprocher des enfants comme un enfant - Par exemple, avoir une amitié  platonique - Si vous pensiez qu'il ne pouvait pas savoir qu'il y avait une vraie différence entre la passion adulte et des jeux d'enfants, alors vous trouverez peut-être que le souvenir de la bague de Safechuck est particulièrement bouleversant. C'est tellement privé et faux, pas seulement pour nous mais clairement de la part de Jackson, qui raconte à la bijouterie que la bague est destinée à une femme, même si  James Safechuck est à ses côtés. 

Il savait. 

Je regarde le porte-manteau à la recherche d'un endroit où suspendre plus d'incrédulité, et il n'y a plus de place. Je dois m'en tenir à ça. 

«LEAVING NEVERLAND» est long mais délicatement,  patiemment fait, et si silencieux ; vous pouvez pratiquement vous entendre respirer.  

Ce n'est pas un exploit journalistique d'investigation mais un témoignage. Reed est assis individuellement avec Safechuck et sa mère, Stéphanie, et avec Robson et sa mère, Joy, et ses frères et soeurs, Chantal et Shane. Il n'essaie pas de donner un sens culturel ou politique aux allégations. Ce n'est pas une saga ou un chef-d'oeuvre sur la renommée, la race, le sexe, la sexualité et le système juridique ; ce n'est pas MJ : «Made in America». (Pour une vision à long terme, il y a «On Michael Jackson» la radiographie critique essentielle de Margo Jefferson datant de 2006.) «Leaving Neverland» concerne la contribution possible d'un homme à la ruine de deux familles et à l'angoisse qui les dérange toujours et, d'une certaine manière, à quel point cette ruine et cette angoisse devraient nous concerner.   

Le film présente Jackson presque entièrement du point de vue des deux familles, sous la forme de photographies, de messages de répondeur téléphonique et d'un montage de télécopies amoureuses qu'il a envoyées à son «petit»,  James se souvient comment l'appelait Jackson. Il se souvient même de la berceuse que Jackson avait écrite autour de cette phrase. Le film recrée pour nous la brume que Jackson leur a projetée. Les seuls moments de contradictions arrivent sous forme d'images télévisées par exemple concernant les avocats de la défense de Jackson lors du procès de 2004/2005, et, en 1993, de Jackson lui-même, dans une déclaration enregistrée contre des accusations de molestation portées par le père de Jordan Chandler. (cela avait été diffusé à l'échelle nationale, en tant que nouvelles).

Dans le film, Reed semble avoir encouragé tout le monde à essayer de se situer au mieux dans l'instant original. Pour James, Wade et les autres participants (la grand-mère de Wade est ici aussi, ainsi que dans la partie 2, les épouses des hommes), elles semblent assez heureuses au début, quand tout le monde est impressionné par  l'étoile. Donc, le film porte un véritable arc émotionnel - ainsi qu'une  abondance de trames orchestrales et de trop beaux plans de drones sur Neverland.  Les larmes n'arrivent pas avant la quatrième heure. James, cependant, semble revivre tout cela. Il grimace, grimace ; et se gratte beaucoup le cou. 

Michael Jackson nous a lancé un sort, Leaving Neverland le brise.

C'est ici que je vais parler de l'avertissement du domaine de Jackson. Il nie avec véhémence ce que James et Wade allèguent, et poursuit HBO pour 100 millions de dollars. Le film enfreindrait une clause de non-dénigrement dans un contrat avec Jackson datant du début des années 1990, selon la plainte. Vers 1993, James et Wade ont déclaré aux autorités que Jackson ne les avait pas agressés ; et Wade a témoigné devant le tribunal au nom de Jackson en 2005. 

Il y a plusieurs années, les deux hommes ont engagé des poursuites contre la succession, qui ont été refoulées en raison des délais de prescription. Et leurs procès sont maintenant en appel. La paternité et, vraisemblablement, la thérapie ont encouragé les deux hommes à inverser leurs histoires, à reconnaître ce qu'ils croyaient leur être arrivé et à dire à leurs familles qu'ils avaient menti sur le fait de ne pas avoir été maltraités.

C'est une stratégie qui donne beaucoup de confiance aux accusateurs et évite la possibilité d'un contre-argument. Beaucoup de choses sont affirmées et rien n'a été prouvé, et pourtant vous comprenez comment un mélange de showbiz et de Fandom a amené autant de garçons dans la vie de Jackson. James a participé à une publicité Pepsi en 1986 avec lui. La personnification étrangement nette de Wade lui vaut quelques nuits sur scènes lors de la tournée «Bad». Stéphanie et Joy, les mères, semblent fières d'avoir élevé des fils si attrayants pour la personne la plus vénérée de la planète. Jackson dit aux Safechuck combien il est seul. Ainsi, dans un détail alarmant et interchangeable, la famille commence à déguiser Jackson afin de le faire sortir furtivement de Hayvenhurst, son domaine antérieur à Neverland pour le ramener dans leur maison normale de banlieue. C'est comme s'il était réellement E.T aux yeux des  Safechuck, et ainsi Jackson pouvait devenir un habitué. Qui est exactement le gamin ? Nous voyons des photos polaroïds de lui sans maquillage, il fait des grimaces drôles, il a l'air  joyeux, alors oui, bien sûr : on dirait un gamin !  

STÉPHANIE ET JOY parlent autant qu'elles le peuvent c'est un soulagement pour un certain nombre de raisons. Mais concentrons-nous sur elles. Premièrement, elles ont eu le temps de traiter tout cela. Elles sont lucides. Le procès de Jackson, mené au nom de Gavin Arvizo, âgé de 13 ans, a présenté le témoignage de Janet Arvizo, la mère du garçon, qui a passé cinq jours à la barre et qui, de l'avis général, était un témoin épouvantable pour son fils. Elle a affirmé que Jackson avait emprisonné sa famille et pourtant, elle aurait été libre de quitter Neverland pour se choyer elle-même. Elle fit claquer ses doigt devant le jury. La défense a affirmé qu'elle avait commis une fraude sociale, pour laquelle elle avait ensuite été poursuivie. Nous avons donc déplacé le blâme sur elle. Quel est le problème avec elle? 

Les parents de tous les enfants qui traversaient Neverland étaient plus faciles à inculper. Comment pourriez-vous laisser votre enfant dormir dans le lit d'un adulte ? Cela fait 15 ans cependant. Quelqu'un devrait joindre Janet Arvizo pour lui donner un coup de main. 

Cela me ramène à dire combien il est crucial de faire parler Stéphanie et Joy dans ce documentaire. (aucun père n'est interrogé, bien que, dans le cas de James, nous ne comprenons jamais exactement pourquoi). Vous n'entendez pas un parent épiloguer suffisamment sur cette question de la responsabilité, que ce soit en relation avec R.Kelly ou Michael Jackson, votre pasteur ou votre prêtre : comment ont-ils pu laisser leur enfant passer autant de temps avec un inconnu adulte ? Il n'y a jamais de réponse «Juste» ou «bonne». Mais la foi est généralement un facteur. Et la loi implique l'abandon de  l'incrédulité.

Les mères mentionnent toutes les deux une limite précoce qu'elles avaient fixée. Pour Stéphanie, elle refusait de laisser James dormir dans la chambre de Jackson lors de son voyage à Hawaï. Et Joy se souvient avoir refusé avec véhémence la demande de Jackson pour s'évader avec Wade pendant un an. Mais Jackson gagne, finalement, de toute façon. Il obtient leur consentement, en partie, parce qu'il était un manipulateur affectueux, mais aussi parce que chaque femme se sent, à sa manière, maternelle à son égard. Il était, pour les deux femmes plus ou moins un membre de leur famille. Les deux familles l'ont défendu, dans l'instant, contre ses détracteurs et ses accusateurs. Les deux garçons ont nié avoir été molestés - Wade pendant le procès et auprès des médias ; James à sa mère et auprès d'un grand jury. Donc, la chute de leurs fils sous son charme - Les mères tombées sous son charme aussi - le reconnaître a nécessité  l'abrogation de leur incrédulité.  

Nous avons tous ressenti cela. C'était si facile d'être fascinés.

Michael Jackson nous a lancé un sort, Leaving Neverland le brise.
Michael Jackson nous a lancé un sort, Leaving Neverland le brise.
Michael Jackson nous a lancé un sort, Leaving Neverland le brise.
Michael Jackson nous a lancé un sort, Leaving Neverland le brise.

Beaucoup de personnes ont acheté plus de 33 disques vinyles de Michael Jackson à l'époque Thriller. L'euphorie de tout ce qui était associé à cet album concernait toutes les races et était intergénérationnelle. Lorsque je  rendais visite à quelqu'un, je lui demandais s'il en avait un exemplaire. Si la réponse était «non», je devenais un enfant de la sitcom des années 1980, en disant quelque chose du genre «Quel est ton problème» ? (J'avais 7, 8 ou 9 ans). Si la réponse était «oui», je demandais qu'on le passe, et pour l'écouter, je m'allongeais sur le sol et je scrutais la photo  de l'album : Jackson, en costume blanc, allongé sur le côté, une jambe pliée, nous regardant. Sur le genou de sa jambe pliée se trouve un tigre - un petit tigre. Je regardais cela avec un profond désir. Il était si beau, avec ses boucles absurdes, son nez en triangle isocèle et son visage brun crémeux. J'appelle cela une belle photo quand, vraiment, il était un pôle central. Mais qu'est-ce que je voulais de cette photo ? Qu'est-ce que je voulais de Jackson ? Une relation amicale ? Une poignée de main ? Un souvenir ? Un câlin

Il était facile de trouver des images et des reportages télévisés de Jackson avec d'autres garçons - Lui et Emmanuel Lewis - Lui et Alfonso Ribeiro - Lui et Sean Lennon - (aucun d'entre eux ne l'accusant d'abus) - Lui et le garçon ; je sais maintenant qu'il s'agissait de James Safechuck. Il y avait tellement de photos de lui et James sur les magazines pour adolescents. Je voulais aussi une photo avec lui. Je voulais de la chaleur, de la surprise et du sérieux, mais seulement en regardant leur proximité sur certaines de ces images, bien que James n'ait jamais l'air tout à fait heureux sur beaucoup d'entre elles. Le sérieux que j'avais identifié dans beaucoup de visages de ces garçons,  c'est ce que moi adulte j'appelle maintenant de l'angoisse. 

À l'époque, je voulais que mes amis voient Michael Jackson m'emmener dans les aéroports et ses limousines. Je ne l'ai pas imité ou quoi que ce soit, et je n'ai jamais demandé à ma mère de m'emmener le voir. Elle n'avait pas d'argent pour ça. MTV et «Entertainment Tonight» et les numéros de «Right On!» faisaient l'affaire. Mais que se serait-il passé si j'avais insisté auprès de ma mère parce que je voulais vraiment voir Michael Jackson ? Cela aurait-il fait une différence ? Aurait-elle sacrifié notre petite famille pour que mon rêve d'enfant de 7 ans devienne réalité ? 

Idéalement, un parent est une protection contre la ferveur innocente. Contre les choix insensés, zélés et l'ignorance bienheureuse. Donc, je dois croire que ma mère m'aurait sauvé des aléas de mon désir. C'était son travail. C'est ce que les adultes Wade et James pensent que leurs mères auraient du faire aussi. Ce qui ronge toujours chaque femme vers la fin de «Leaving Neverland», c'est qu'aucune des deux femmes n'est en désaccord avec cela. 

Il est tout à fait possible que nous ayons passé les 26 dernières années à nous préparer à un moment comme celui-ci - Que quelqu'un explique tout, graphiquement, franchement ; que quelqu'un nous raconte une histoire, son histoire. 

Pendant longtemps, le narrateur en chef de cette histoire a été Jackson lui-même. Il montre sa persécution dans des clips vidéos, comme celui de «Leave Me Alone» en 1989, dans le final de «Black or White» en 1991 et «Ghosts» en 1997, dans des chansons comme «Why You Wanna Trip on Me?» et «They don't care about us» en 1996. Très bonnes chansons, principalement sur ses tribulations en tant que soi-disant homme bizarre (les tabloïds le nommaient Wacko Jacko) et surtout en tant qu'homme noir. 

Lors d'entretiens télévisés très appréciés, il a essayé de nous laisser le voir blessé, vulnérable et tout à fait normal. En 1993, il laissa Oprah Winfrey le questionner  (à propos des garçons, mais aussi à propos de son apparence modifiée). Il laissera Martin Bashir faire une version occasionnelle de pseudo-vérité, dans un documentaire télévisé en 2003, intitulé «Living With Michael Jackson»  Qui l'expose à sa propre impuissance envers lui-même. (Par exemple, il y a un long passage étonnant dans lequel Jackson dirige une file d'enfants lors d'une excursion dans Neverland, et il semble qu'il s'est  imposé une écrasante et incroyablement absurde  mission de gardiennage !) 

Lors de sa comparution en 2004, Jackson a même dansé sur le toit de sa voiture, pour le plus grand plaisir de ses fans. Cinq ans plus tard, il était mort.

L'histoire disait que Jackson n'avait jamais agressé personne. Et nous en sommes restés là, et cela lui a été accordé.   La question maintenant, bien sûr, est la suivante : Que faisons-nous ? C'est la question de notre époque #MeToo : Si nous croyons les accusateurs (et je crois Wade et James), que faisons-nous avec son art ? Avec Jackson, que pouvons nous faire ? 

Wade est devenu un chorégraphe à succès qui a fait carrière avec Britney Spears, 'N Sync, le cirque du soleil et avec des salles de cours remplies d'aspirants danseurs, certaines de ses danses sont construites à partir de deux tubes de Jackson. La musique de Michael Jackson n'est pas un repas. C'est plus élémentaire que ça. C'est le sel, le poivre, l'huile d'olive et le beurre. Vous avez débuté dans la vie sur sa musique, et cette musique est partout aussi. A quel endroit la rupture devrait-elle commencer? 

Jackson nous a fourni assez tôt l'occasion de nous poser la question sur son art, sans jamais réaliser qu'elle était souhaitée. Nous avons simplement vécu avec cela, avec la possibilité de sa culpabilité, et les nombreux compartiments que nous avons instauré pour contenir tout ce qu'il était : L'enthousiasme de notre conscience,  sa comédie, et la tragédie si évidente qu'il représente. Peut-être pouvions-nous la vivre parce qu'il n'était pas déraisonnable de se demander s'il vivait bien lui-même avec ses contradictions. 

Il y a quelque chose dans la manière dont Jackson est passé de beau à défiguré, plus proche de Joseph Merrick, dont le squelette Elephant Man, qu'il jura n'avoir jamais essayé d'acheter. Son morphing «aurait pu» être le résultat d'une maladie de pigmentation, le vitiligo, comme il l'a raconté à Winfrey. Mais que se passait-il avec tous ces changements qu'il subissait de manière notoire, tous les dommages qu'il semblait infliger à corps, toutes les créatures qu'il transformait en vidéos (loups-garous, zombies, panthère, squelette).  Était-ce la manifestation semi-consciente d'un monstre qui se cachait à l'intérieur ? 

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