27 Septembre 2019
Ce fleuron du style Second Empire, au coeur du Paris des Grands Boulevards, reste une référence architecturale mondiale.
Crée en juin 1669, l'Opéra national de Paris fête cette année ses 350 ans ! L'occasion de (re)découvrir l'une de ses salles mythiques, la plus connue.
A sa création, en 1669, l'Opéra est une compagnie composée de chanteurs lyriques, d'un orchestre professionnel (le premier du genre en France) et d'un corps de ballet. Mais cette troupe ne disposait pas de scène. Elle se déplaçait de théâtre en théâtre et vivait de ses propres recettes.
D'abord Académie royale de musique et de danse, puis Académie impériale, elle s'est produite dans au moins quinze salles parisiennes différentes avant de prendre enfin ses quartiers place de l’Opéra, dans le mythique Palais Garnier, qui ouvre en 1875.
Le 11 janvier 1859, l'empereur Napoléon III et sa femme Eugénie échappent miraculeusement à un attentat alors qu'ils se rendaient à l'opéra de la rue Le Peletier. Dès le lendemain, l'empereur décide la construction d'une nouvelle salle, dans un lieu moins exposé, du IXe arrondissement de Paris. Un concours international est alors organisé et un architecte méconnu, Charles Garnier, remporte la compétition.
Commencée en 1861, la construction de l'Opéra de Paris ne s'achève qu'en 1875, interrompue par la guerre de 1870 contre les Prussiens et l'insurrection de la Commune en 1871. Napoléon III, déchu et décédé deux ans auparavant, ne verra jamais l'édifice terminé, alors qu'il représente le prototype même du style Second Empire !
Avec son architecture qui mêle styles et matériaux de la Renaissance et du baroque Italien, le bâtiment choque à l'époque. Lors d'une rencontre avec l'architecte, l'impératrice Eugénie l'interpelle :
«Qu'est-ce que ce style là ? Ce n'est pas un style ! Ce n'est ni du grec, ni du Louis XIV, pas même du Louis XV !» Charles Garnier lui aurait répondu : «Ces styles-là ont fait leur temps....C'est du Napoléon III !»
D'autres éléments font scandale, comme la danse, de Jean-Baptiste Carpeau. Ce groupe sculpté situé sur la façade représente une farandole de femmes dévêtues autour d'un génie....tout aussi nu. Un réalisme qui provoquera la colère des Parisiens. Ils jugent la sculpture obscène, inconvenante, et demandent son transfert à l'intérieur du bâtiment, en vain. (Menacé par la pollution, le groupe original est aujourd'hui visible au musée d'Orsay. La copie qui l'a remplacé a été réalisée par le sculpteur Paul Belmondo, le père de l'acteur Jean-Paul Belmondo).
Un mois après son inauguration, un mécontent la souillera en lançant de l'encre dessus...
Aujourd'hui, le Palais Garnier est l'un des opéras les plus célèbres du monde, à la fois pour son architecture, son ballet (seul au monde capable de passer du répertoire classique aux chorégraphies contemporaines), mais aussi parce que depuis plus de trois siècles y sont formés les futurs meilleurs danseurs étoile.
Construit avec des marbres de différentes couleurs provenant de plusieurs pays (Ecosse, France, Italie, Suède, Algérie....) le grand escalier tient un rôle important. En effet, dans la bonne société des XIXe et XXe siècles, si les gens se rendent à l'Opéra, c'est tout autant pour assister à une représentation que pour être remarqués dans de belles tenues.
On montait les marches un peu comme à Cannes aujourd'hui ! Mais savez-vous que celles-ci ne sont pas droites, mais tantôt convexes, tantôt concaves ? Seule l'une d'entre elles l'est....Pourquoi ? Nul ne le sait.
Après avoir monté cet escalier, on peut s’installer au premier étage, dans les petits balcons, et imaginer les spectatrices du temps de Garnier, somptueusement vêtues de robes à crinoline, coiffées de fleurs et de plumes, monter à leur tour l’escalier. Le plafond est peint, on y voit Apollon triomphant sur son char, Orphée charmant les animaux au son de la lyre, Minerve la déesse grecque de la sagesse, et la Ville de Paris sous l’aspect d’une femme recevant le plan du Nouvel Opéra. Deux très grandes statues de femmes, des cariatides en bronze et en marbre de couleur représentant la Tragédie et la Comédie, encadrent la porte qui mène aux couloirs de la salle de spectacle. Quand on la passe, après avoir tourné à gauche, on arrive au Musée où l'on peut contempler des tableaux, des dessins, des maquettes qui racontent l’histoire de l’Opéra. Sous le grand escalier, on admire, au centre d’un bassin, une statue de la Pythie (on appelait ainsi, dans l’Antiquité, une prêtresse qui prédisait l’avenir) Avant d’atteindre la rotonde des Abonnés, où autrefois les spectateurs attendaient que leurs voitures viennent les chercher.
Au plafond la signature de Garnier, est écrite en lettres entrelacées.
Avant d’entrer dans le grand foyer on passe par l’avant-foyer, une magnifique galerie, au plafond couvert de mosaïques sur fond or. Elles ont été exécutées par des artistes vénitiens que Garnier avait fait venir d’Italie. Il faut regarder chaque détail: les frises toujours de couleurs différentes, au-dessus des piliers, les oiseaux aux teintes éblouissantes. A chaque extrémité, la mosaïque du plafond représente des pierres précieuses: rubis, améthyste, topaze, saphir, c’est pourquoi on appelle ces pièces les salons des bijoux .
Les deux petits salons ronds (rotondes), situés de chaque côté de l’avant-foyer, ont de très jolis plafonds. Dans la rotonde du soleil, noire et or, on distingue un dragon et une salamandre; à la sortie du Musée, dans la rotonde de la lune, noire et argent, on voit des animaux nocturnes: chouettes, chauves-souris… Le grand foyer ressemble aux galeries de fête des grands châteaux. Il est très haut de plafond, très lumineux, avec ses immenses miroirs placés en face des grandes fenêtres. Au plafond, le peintre Paul Baudry, encore un ami de Garnier, a représenté des scènes mythologiques. Le grand caisson central est consacré à la musique. Tout autour le peintre a représenté de grands personnages féminins: ce sont huit des neuf Muses, divinités incarnant chacune une activité créatrice. Deux bustes couronnent les grands arcs dorés au plafond du grand foyer: l’architecte s’est représenté d’un côté et a représenté sa femme de l’autre!
L'accès au loges et la salle de spectacle dont le plafond est signé Chagall.
En 1963, le ministre de la Culture, André Malraux, décide de rénover le plafond d'origine et s'adresse à son ami, le peintre Marc Chagall. Après un an de travaux, cinquante esquisses et trois assistants, l'artiste présente enfin son oeuvre.
Une prouesse pour un homme de 77 ans : cette fresque de 220 mètres carrés représente quatorze oeuvres de compositeurs, dont Mozart et Debussy, et les grands monuments parisiens comme l'Arc de Triomphe où la tour Eiffel.
Lors de sa présentation le plafond fit scandale, jugé complètement en inadéquation avec le style de la salle.
Construite à «L'Italienne», c'est à dire en forme de fer à cheval, et illuminée par un lustre de quatre cents lumières qui pèse plus de huit tonnes, la salle de spectacle peut accueillir jusqu'à 2000 personnes dans différentes parties ! l'orchestre, le balcon, les cinq étages de loges qui contiennent entre quatre et six places et enfin, tout en haut le poulailler.
Dans un théâtre, le paradis ou poulailler, est le dernier étage d'une salle de théâtre, au-dessus des loges et des balcons. Il porte aussi ce nom à cause du grillage qui empêchait les spectateurs de lancer leur nourriture en réaction à la qualité du spectacle.
Cette partie du théâtre est la moins chère du fait de l'éloignement de la scène.
Il y a eu trois possibilités à cette appellation, l'une est assez péjorative, l'autre un peu plus jolie, et la dernière ignoble !
Dans le premier cas, elle évoquerait le surnom qu'on donnait à ces enfants malingres et affamés, issus de classes très défavorisées, et auxquels on donnait des miettes ou un quignon de pain à ronger.
Dans le second, l'appellation se référerait au fait que les studios de répétition se trouvaient installés sous les combles et que le trottinement des élèves s'apparentait à celui de rongeurs dans un grenier.
Dans le troisième cas, elle fait allusion à des gamines pauvres parmi lesquelles des «protecteurs» fortunés venaient faire leur marché à l'Opéra......
Edgar Degas cet impressionniste d'intérieur, fixa les multiples facette d'un monde clos, façonné par le labeur, la beauté, la luxure.
Si Edgar Degas apprécie l'art lyrique, il s'attache surtout à celles et ceux qui peuplent les salles de danse, les loges, le foyer, la scène. Ainsi, depuis les années 1860, a-t-il fait de l'Opéra «sa chambre à lui», selon son ami Mallarmé. Mains derrière le dos, il se promène dans les coulisses, observe et enregistre. Dans ce temple de l'illusion et de l'artifice, ce qu'il cherche n'est pas la grâce, un peu mièvre, mais la vérité du mouvement et du geste, qui le captive, l'obsède. Il peint des ballerines visage exténué, muscles saillants, corps déformé par l'effort, au moment où elles se laissent aller. De ces flâneries en coulisses, Degas rapporte une vérité peu glorieuse. «Son noir regard ne voyait rien en rose» prévenait son ami Paul Valéry. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'Opéra est un haut lieu de rencontres du Tout-Paris, mais aussi un repère de vieux galants avides de plaisirs et de chair tendre. Dans «Répétition d'un ballet sur la scène» (1874), Degas représente l'un d'eux, tapi dans l'ombre, à califourchon sur une chaise, lorgnant les petits rats.
Si les demoiselles à la renommée internationale refusent les avances, d'autres, issues de milieux modestes, ne dédaignent pas de trouver un protecteur pour s'élancer vers la classe aisée. Pour survivre, il faut lever la jambe debout ou couchée...Et elles peuvent compter sur l'aide des «mères» (tantes, amies, cousines....) qui servent d'entremetteuses et négocient leurs charmes tout en réajustant tutu ou bretelle de corset. Avec «L'attente» (1882), pastel sublime et angoissant, Degas montre le marchandage des corps.
Assise sur un banc, une danseuse exténuée, la tête baissée, se masse la cheville. A ses côtés, sa mère (maquerelle), dos voûté, toute vêtue de noir et parapluie à la main, joue les chaperons, les yeux dans le vague. « La jeune ballerine est à la fois corrompue comme un vieux diplomate, naïve comme un bon sauvage ; à 12 ou 13 ans, elle en remontrerait aux plus grandes courtisanes», écrit Théophile Gautier dans son roman «Les deux étoiles».
Malgré l'incessant défilé de jeunes filles dans son atelier, Edgar Degas reste de marbre. Célibataire à l'humour grinçant, on ne lui connait pas d'amour. La seule personne dont il ne se séparera jamais, c'est Zoé, l'ancienne institutrice devenue sa fidèle gouvernante. A 47 ans, Degas présente la «Petite danseuse de quatorze ans», née de ses mains : Une sculpture de cire à taille humaine, colorée, coiffée d'une perruque, vêtue d'un tutu et de vrais chaussons. Elle pose buste dressé, tête en arrière.
Intéressé par la phrénologie (théorie selon laquelle le caractère influence la forme du crâne), Degas lui a donné une mâchoire prognathe et «le front fuyant des criminels». Une ballerine présentée sous cloche, façon bête de foire. Scandale ! Enfermés dans l'hypocrisie, le public et les critiques la trouvent trop cambrée, trop aguichante, trop vraie avec «son museau populacier» : «Un visage où tous les vices impriment leurs détestables promesses», écrit Paul Mantz (historien de l'époque) - Misérable petite danseuse....Elle s'appelle Marie Van Goethem. Fille d'une blanchisseuse du IXe arrondissement, elle est inscrite avec ses deux soeurs à l'École de l'Opéra de Paris. Mais elle sèche tellement les cours pour servir de modèle qu'elle en est renvoyée. Sans ressources, il ne lui reste qu'à se prostituer. Seul Degas lui aura donné le statut d'artiste.
Parce que les spectacles abordent tous les rivages, Degas y trouve tous les motifs, tous les ailleurs. (Il a exécuté plus de mille dessins et tableaux sur l'Opéra) «Ça ne sert à rien d'aller dans des lieux si exotiques quand moi, chaque soir, je peux voyager dans le temps et dans l'espace à l'Opéra», ronchonne-t-il à l'oreille de Gauguin. Et puis son plaisir s'étiole. Le répertoire change avec l'arrivée massive des oeuvres de Wagner. Quant au foyer de danse, il est davantage contrôlé par l'administration.
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La danse classique est le B.A BA de la danse, l'équivalent du solfège en musique, elle sert de base à différents types de danse : danse moderne, danse contemporaine, danse Jazz, et on retrouve même une influence dans la danse hip hop ou la danse orientale. Sa technique est fondée sur un vocabulaire codifié. Si l'apprentissage de la danse classique ne peut débuter avant l'âge de 8 ans, et pas avant, la pratique des pointes ne peut s'envisager que vers les 10/12 ans, lorsque les muscles pourront soutenir son corps et répondre aux sollicitations de ses chevilles.
Synonyme de grâce et de beauté, la danse classique fait rêver petites filles et petits garçons et pour les âmes sensibles les regarder danser est un enchantement.
Les grands danseurs ne sont pas grands à cause de leur technique, ils sont grands à cause de leur passion.