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Albert Einstein, le génie sans prétention.

Albert Einstein, le génie sans prétention.

Autant que Marilyn et que Che Guevara : on a vu partout la tête d'Einstein. Sur des affiches, des t-shirts, de la vaisselle, des sacs d'école, des bavettes pour bébé, des timbres, des pièces de monnaie et des porte-clés. On a vu cette incarnation du génie scientifique, tirer la langue à la face du monde ; on l'a vu sur son vélo, les cheveux ébouriffés ; il a arboré des plumes sur sa tête ; il est apparu en robe de chambre dans sa bibliothèque ou en bras de chemise à bord de son voilier, etc...

Qui était l'homme derrière ce scientifique emblématique, qui bouleversa notre vision du monde et dont le nom devint synonyme de génie ?  

En 1905, Albert Einstein publia quatre articles qui révolutionnèrent notre compréhension de l'univers. Il reçut un prix Nobel pour sa contribution et inventa l'équation scientifique la plus célèbre, E=mc², aussi reconnaissable que ses cheveux blancs et sa moustache. 

Cependant à l'époque de ces percées, réalisées au cours d'une année qui serait plus tard connue sous le nom d'«annus mirabilis», ou «année miraculeuse», le jeune homme de 26 ans qu'il était, n'avait même pas de doctorat. Il travaillait à l'époque dans un bureau de brevets suisse, un rôle nettement moins prestigieux que le doctorat qu'il souhaitait obtenir. 

Avec ce recul, ce poste lui permit d'élaborer des théories sur les propriétés de la lumière. Einstein travaillait mieux seul, ce qui explique en partie les difficultés rencontrées pendant sa scolarité. Celui qui comparait ses professeurs à des «sergents instructeurs» avait la réputation d'être un espiègle. Lorsque son père interrogea son professeur, ce dernier répondit qu'il «s'asseyait au fond de la classe et souriait». Ses parents n'auraient jamais pu imaginer qu'il deviendrait un génie. 

Son développement fut lent : il commença à parler peu après l'âge de deux ans. «Mes parents étaient si inquiets, qu'ils ont consulté un médecin» se souviendra t-il plus tard. Même lorsqu'il commença à communiquer, il se murmurait d'abord les mots, perfectionnant la phrase jusqu'à ce qu'elle ait un sens avant de la prononcer à voix haute. La nourrice de la famille, l'appelait «der Depperte» - «l'abruti» - et était persuadée qu'il ne serait jamais un élève modèle. 

Lorsque son père lui remit une boussole magnétique pour le distraire, le petit garçon de cinq ans fut fasciné par les forces invisibles qui agissaient sur l'aiguille, la faisant tourner dans tous les sens. Une chose aussi intrigante n'avait jamais été abordée à l'école et Einstein comprit rapidement qu'il allait devoir se débrouiller tout seul. «Je n'ai aucun talent particulier, je suis seulement passionné et curieux» déclara-t-il plus tard. 

Dans sa jeunesse, il aimait les puzzles et construire des châteaux de cartes avec l'aide de sa petite sœur, Maja. Avant sa naissance, sa mère lui avait annoncé qu'il aurait bientôt un merveilleux jouet avec lequel s'amuser.  Sa réaction lorsqu'on lui présenta un nouveau-né potelé est restée célèbre : «Où sont les roues ?», s'exclama-t-il. Le duo deviendra pourtant particulièrement proche, malgré les crises de colère de l'aîné, qui lançait des objets à la tête de sa cadette. «Il faut avoir le crâne solide pour être la sœur d'un intellectuel» plaisanta-t-elle plus tard. 

Le tournant pour Einstein survint à l'adolescence, alors qu'un étudiant en médecine était hébergé par sa famille. Max Talmey lui fit découvrir l'algèbre et lui donna des livres sur la géométrie et les sciences naturelles. L'un d'entre eux, écrit par Aaron Bernstein, décrivait un courant électrique dévalant un fil télégraphique et demandait au lecteur d'imaginer qu'il courait à ses côtés, ce qui amena Einstein à s'interroger sur la nature de la lumière. Si l'on pouvait rattraper un faisceau de lumière, pensait-il, il semblerait figé, mais personne ne l'avait encore observé. Célèbre pour ses expériences de pensée telles que celle-ci, il préférait délibérer en images plutôt qu'en mots.

En 1904, Einstein, alors âgé de 25 ans, se promenait dans les rues de Berne, en Suisse, avec son petit garçon, Hans-Albert, dans une poussette. Neuf ans s'étaient écoulés depuis qu'il avait lu le livre de Bernstein, mais il n'avait jamais cessé de penser à l'énigme. Il s'arrêtait parfois pour saisir son bloc-notes et griffonnait une série de symboles mathématiques.  Le New York Times, résume le mieux cet événement capital : «De ces symboles sont nées les idées les plus explosives dans la quête séculaire de l'homme pour percer le mystère de l'univers». 

À la fin du XIXe siècle, la lumière était considérée comme une onde voyageant à travers une mystérieuse chose appelée éther. Einstein retira l'éther de l'équation avec sa théorie générale de la relativité, créant un lien fondamental entre l'espace et le temps. 

Il expliqua que le temps s'écoulait à des vitesses différentes selon la vitesse de déplacement d'un objet..Où comme il le dit plus simplement : «Placez votre main sur une poêle une minute et ça vous semble durer une heure. Asseyez-vous auprès d'une jolie fille une heure et ça vous semble durer une minute. C'est la relativité». 

Lorsqu'on lui demanda comment il était parvenu à élaborer une théorie aussi révolutionnaire, il expliqua qu'il le devait à ces premières années qui avaient suscité l'inquiétude de ses parents. «L'adulte ordinaire ne se préoccupe jamais des problèmes d'espace et de temps. Ce sont des choses auxquelles j'ai pensé dès mon enfance. Mais je me suis développé si lentement que je n'ai commencé à m'interroger sur l'espace et le temps que lorsque j'étais adulte. Par conséquent, j'ai sondé le problème plus profondément qu'un enfant ordinaire ne l'aurait fait». 

Lorsque la nouvelle des découvertes d'Einstein se répandit, elle fit sensation dans les médias du monde entier. Cette nouvelle théorie, dont tout le monde parlait et que personne ne comprenait, était survenue pendant une période de bouleversements sociaux. La première guerre mondiale s'était terminée l'année précédente, de nouvelles technologies étaient développées et les rôles des sexes étaient rééquilibrés. Professionnellement, la situation n'avait jamais été aussi favorable pour le scientifique, mais en privé, sa vie personnelle s'effondrait. 

Après 11 années, le mariage d'Einstein avec Mileva Maric battait de l'aile et il lui lança un ultimatum : s'ils devaient rester ensemble pour les enfants, elle devrait accepter une liste de conditions. Qu'il s'agisse de veiller à ce que son linge soit bien entretenu ou de quitter immédiatement son bureau s'il le demandait, ces exigences étaient pragmatiques et froides. Quelques mois plus tard Mileva retourna à Zurich avec leurs deux fils. Le premier né d'Einstein, Hans-Albert, déclara plus tard : «Je suis probablement le seul projet qu'il ait jamais abandonné». Son père veilla toutefois à ce qu'ils soient mis à l'abri sur le plan financier, en donnant à la famille les gains de son prix Nobel. 

Après le divorce, Einstein épousa sa cousine et maîtresse de longue date Elsa Löwenthal, mais son seul véritable amour semble avoir été la science. Entre le milieu des années 1920 et son émigration aux États-Unis en 1933, une demi-dizaine de femmes partagèrent sa vie. 

Le départ d'Einstein pour les États-Unis n'est pas le fruit du hasard, car il coïncide avec l'arrivée au pouvoir d'Hitler. Les nazis avaient lancé une campagne antisémite haineuse pour discréditer le scientifique juif et ses théories. Ils le dépeignaient comme un fraudeur, suggérant qu'il avait plagié ses travaux. Ces accusations infondées n'ont cessé depuis lors d'entacher les récits de la vie d'Einstein. 

Mais si l'Allemagne Nazie se méfiait d'Einstein, celui-ci le leur rendait tout autant. Convaincu qu'ils développeraient une bombe atomique, il écrivit au président Roosevelt pour l'avertir d'une menace nucléaire imminente. Il encouragea les autorités à mener des recherches sur les réactions nucléaires en chaîne utilisant de l'uranium, en réponse aux avancées allemandes dans ce domaine. 

Toutefois,  Einstein était pacifiste depuis toujours et s'opposait à la guerre. C'est la raison pour laquelle il avait quitté l'Allemagne à l'âge de 16 ans. La loi exigeant que tout homme allemand serve dans l'armée, sa seule option était de partir avant son 17eme anniversaire. Après une fuite minutieuse, il rejoignit ses parents en Italie et renonça à la citoyenneté Allemande. Compte tenu du poids non négligeable de sa réputation, cette lettre à Roosevelt constitua le catalyseur du développement américain de la bombe atomique. Le fatidique projet Manhattan débuta, sans qu'Einstein n'y travaille jamais directement. Néanmoins sa célèbre équation fournit par advertance le point de départ, le condamnant à jamais à expliquer son rôle involontaire dans ce moment charnière de l'Histoire. 

Einstein insistait sur le fait qu'il n'avait fait qu'écrire une lettre, mais il regretta jusqu'à la fermeture de l'enveloppe. Lorsque la première bombe atomique fut larguée sur Hiroshima, au Japon, tuant jusqu'à 140.000 personnes, cette action et ses conséquences le conduisirent à mener des campagnes et à donner des conférences antinucléaires pour le reste de sa vie. Quand on lui demanda quelles armes seraient utilisées pendant la troisième guerre mondiale, il répondit qu'il l'ignorait, «mais la quatrième guerre mondiale sera menée avec des bâtons et des pierres». 

Au cours des dernières années de sa vie, Einstein introduisit de nombreuses théories, notamment les trous de ver, les modèles multidimensionnels et la possibilité de voyager dans le temps. Il découvrit également la théorie des champs unifiés, une théorie globale qui unifierait les forces de l'univers et de la physique en un seul cadre. Elle ne fut cependant jamais achevée, car Einstein mourut d'un anévrisme aortique en 1955. Il avait refusé de se faire opérer, déclarant : «J'ai fait ma part, il est temps de partir. Je le ferai avec élégance». Malheureusement, comme son infirmière ne parlait pas Allemand, nous ne saurons jamais quels furent ses derniers mots. Ils sont perdus dans l'espace et le temps, qui nous sont plus accessibles grâce à lui. 

Aucun scientifique, depuis, n'a su faire oublier Einstein. Est-ce parce que le génie se fait rare ? Peut-on espérer voir apparaître bientôt un nouvel Einstein ? C'est peu probable. Depuis la 2ème guerre mondiale, la science est devenue une entreprise de groupe. Les découvertes sont aujourd'hui collectives, et il est rare qu'une théorie soit aussi clairement identifiée à un individu. 

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