Les morts accusés d'abus sexuels : L'abbé Pierre, Michael Jackson, Epstein, Saville ..

«Même lui ! » C'est ce que se sont exclamés des millions de français lorsqu'ils ont appris la nouvelle ! 

Depuis le 17 juillet, c'est la sidération et l'incompréhension : 17 ans après la disparition de l'abbé Pierre, celui qui a incarné la bonté et la lutte contre le mal-logement, de gravissimes accusations ont vu le jour dans le sillage du mouvement MeToo, au point que les plus hautes instances d'Emmaüs ont décidé de les rendre publiques. 

«Des agressions et harcèlement sexuels commis par l'abbé Pierre entre la fin des années 1970 et 2006, des faits concernant des salariées, des volontaires et bénévoles ou des jeunes femmes dans l'entourage personnel de l'abbé», révèle Emmaüs évoquant des "comportements inacceptables". Nous les croyons, nous savons que ces actes intolérables ont laissé des traces dommageables et nous nous tenons à leurs côtés.  Nos organisations saluent le courage des personnes qui ont témoigné et permis,  par leur parole, de mettre au jour ces réalités.  

Le décès en 2007 de l'ecclésiastique entraîne de facto la prescription, mais la justice peut ouvrir une enquête. 

Défenseur de ceux qui n'ont rien, l'abbé Pierre, né Henri Grouès, a longtemps été la personnalité préférée des Français. Plusieurs films a succès, notamment avec Lambert Wilson, racontent l'infatigable combat du  «pèlerin des démunis». Son bouleversant appel à la radio de l'hiver 1954 est dans toutes les mémoires : «Mes amis, au secours ! Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à 3 heures sur un trottoir, serrant sur elle le papier par lequel on l'avait expulsée de chez elle.»

Grand officier de la légion d'honneur en 2001 après avoir refusé ce grade en 1992, le prêtre-chiffonnier avait révélé dans son livre «Mon Dieu, Pourquoi ?»  avoir succombé au péché de chair : Consacrer sa vie à Dieu n'enlève rien à la force du désir, et il m'est arrivé d'y céder de manière passagère....

Sur RTL, le délégué général d'Emmaüs, Tarek Daher a déclaré, nous sommes bouleversés et très en colère. On se sent trahis d'une certaine manière. C'est la sidération. Au micro de France Bleu, Annie Porte, filleule de l'abbé Pierre, s'est déclarée anéantie. Pour son neveu, Alain Grouès, ses pensées se sont immédiatement portées sur les victimes et il a exprimé son soutien plein et entier vis-à-vis d'elles. 

Les faits, scrupuleusement consignés dans un rapport rendu public le 17 juillet, sont non seulement édifiants mais écœurants au regard de la stature de l'abbé Pierre qui aurait usé sans vergogne de sa position dominante, cas de figure «habituel dans les histoires de prédation sexuelle» : La dissonance entre l'image de l'abbé Pierre, son souhait de justice et d'égalité et son comportement envers les femmes creuse une faille immense chez tous ceux qui l'admiraient ou louaient son engagement. Une des femmes entendues en entretien a confié au groupe Egaé chargé de l'enquête : «J'ai l'habitude de me défendre. Mais là c'était Dieu. Comment vous faites quand c'est Dieu qui vous fait ça ? »

Les dérapages de l'abbé Pierre étaient connus en interne. «Toute une génération (celle du début) savait. Affirme un témoin. Consigne avait été donnée aux secrétaires d'Emmaüs de ne jamais l'approcher seules. Pour la théologienne Véronique Margron, interrogée par le journal "Libération", il est temps que cessent enfin l'hypocrisie et l'omerta au sein de l'Église au sujet des scandales sexuels. «À partir du moment où des victimes sont identifiées, on peut craindre que beaucoup d'autres ont été abusées. Si ce rapport peut aider les victimes à parler, ce sera toujours ce que j'appelle «une vie restaurée». 

Avec son béret, ses lunettes rondes et sa canne, la figure de l'abbé Pierre  était devenue iconique. Même après son décès en 2007, son combat contre la pauvreté, l'exclusion, les sans-abris, reste toujours d'actualité. Son histoire avait inspiré nombre de personnes qui le considéraient comme un Saint !  Cependant même s'il tendait la main aux autres, il agissait différemment en coulisses. 

A lire ► MeToo dans l'église : l'abbé Pierre accusé d'agressions sexuelles 

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Difficile d'ignorer les récentes affaires surmédiatisées concernant les abus sexuels subis par des femmes et des enfants dans différents milieux. Que ce soit dans le cadre de l'affaire Epstein, Weinstein, Saville, ou des abus commis par le médecin sportif Larry Nassar, R.Kelly ou Michael Jackson. Un point commun s'impose : les victimes se trouvaient prises dans l'étau d'un rapport de domination entre elles et leur abuseur. 

Les abuseurs sont des hommes qui, de par le contexte dans lequel ils apparaissent à leur victime, représentent une forme d'autorité et de pouvoir. 

Weinstein, par exemple, a bâti un empire dans la production cinématographique. Il est fortement respecté dans son domaine, bénéficie d'un prestige et d'une renommée lui conférant un pouvoir quasi-illimité sur son entourage et ses employé(e)s. 

Larry Nassar, via son rôle de médecin officiel de l'équipe de gymnastique américaine, profite d'un profil en apparence «bienveillant» pour abuser d'adolescentes, qui dans un contexte de compétition acharnée, n'osent pas parler ou ne sont pas écoutées. 

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Scotland Yard décrit Jimmy Savile comme «le pire prédateur sexuel de l'histoire du pays». Un enquête menée par les services de santé britanniques dans 28 hôpitaux et rendue publique révèle que l'ex-animateur aurait sexuellement agressé des patients et des membres du personnel médical lors de ses visites dans les établissements de santé. Entre 1962 et 2009, il s'en serait pris à des personnes de 5 à 75 ans, sans que ses actes ne soient dénoncés, malgré le signalement de neuf victimes. Parce qu'il était célèbre et engagé dans des causes caritatives, Jimmy Savile pouvait «aller et venir très librement dans l'hôpital». Décédé en 2011 à 84 ans, Jimmy Savile n'a jamais été poursuivi pour ses crimes sexuels. La ministre de la Santé s'est excusée auprès des victimes au nom du gouvernement, admettant «qu'à l'époque on ne les avait pas crues». Déjà, début 2013, le directeur britannique avait reconnu que les enquêteurs avaient à l'époque étudié les témoignages avec «un degré de précaution injustifié». 

Un documentaire Netflix «A British Horror Story» revient sur le plus grand scandale de pédophilie du Royaume-Uni : Une oeuvre fondamentale pour comprendre comme une célébrité est devenue intouchable malgré les nombreuses dénonciations. ▼

A lire ► Le trompe l'oeil Jimmy Savile : Comment un pédophile a trahi son monde pendant 40 ans 

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S'il ne s'était pendu dans sa cellule, Jeffrey Epstein aurait pu être condamné à des décennies de prison. Un procès aurait mit au jour les appétits dantesques de cet homme ni incroyablement riche ni surmédiatisé, qui recrutait - avec l'aide de son ancienne compagne Ghislaine Maxwell, condamnée à 20 ans de prison pour crimes sexuels - des jeunes filles pour des «massages» sexualisés qui étaient joyeusement proposés à des amis comme le prince Andrew, dont on sait qu'il a été accusé d'avoir eu des relations sexuelles avec les masseuses d'Epstein et, bien qu'il s'en défende, a passé un accord financier avec l'une des victimes, Virgina Guiffre, pour clore les poursuites. 

Une déposition de Johanna Sjoberg, décrit comment le prince Andrew se comportait. Dans une autre, elle dit avoir rencontré Michael Jackson une fois au domicile d'Epstein à Palm Beach, en Floride, sans qu'il ne se passe rien avec l'icône de la pop. La presse américaine s'efforce de révéler le réseau d'amitiés et d'intérêts tissés au fil des décennies notamment dans son manoir de Manhattan, sa maison de Palm Beach, sur son île prisée de Little St. James, dans les îles Vierges américains, ainsi qu'à bord de son avion, surnommé cyniquement le «Lolita Express» par le personnel de bord.

A lire ► Jeffrey Epstein : Une deuxième vague de documents judiciaires rendus publics en janvier 2024. 

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Michael Jackson «LE ROI DE LA POP» accusé d'abus sexuels depuis 1985, avait ses royaumes : D'abord Havenhurst, ou vivait sa famille. Hayvenhurst c'était en gros Neverland 1.0. C'est là qu'il a commencé à passer ses nuits avec des petits garçons, parfois pendant plusieurs jours et nuits d'affilée.  Il a tenté de cacher tout cela à ses parents qui étaient pour le moins désapprobateurs. Il lui fallait une propriété privée et isolée où il pourrait attirer, manipuler et abuser des enfants, sous le faux prétexte d'aider les moins fortunés et les enfants malades. Il a transformé Neverland en terrain de jeux pour enfants avec magasins de bonbons, des glaces à tous les parfums,  de la nourriture à gogo, des jouets à profusion, des manèges, un cinéma, une piscine, un étang à carpes Koï et un zoo.  C'était  tellement, tellement, effrayant et suspect ! 

A lire ► Jonathan Spence, le mystérieux ami spécial de Michael Jackson 

Pendant l'affaire Arvizo, quatre membres du personnel ont avoué à la police que les Arvizo étaient retenus en otage. Le reste du personnel a bien sûr tout nié. Il y avait plus de 100 personnes qui travaillaient au ranch, comme l'a déclaré Mark Geragos. 

A présent  Wade Robson et James Safechuck poursuivent les sociétés de Jackson en justice, alléguant que le personnel était au courant, mais qu'aucun n'a fait ou dit quoi que ce soit pour arrêter les abus. Il est mentionné que le personnel avait toléré, permis et même soutenu les abus. 

L'affaire est fondée sur le droit de la responsabilité et vise les sociétés de MJ, MJJ Ventures et MJJ Productions, pour ne pas avoir protégé les mineurs. L'argument juridique est que les structures corporatives qui gèrent les affaires de MJ ont facilité les abus sur enfants. Rien n'est encore gravé dans le marbre en ce qui concerne la date du procès. Une audience aura lieu le 22 août 2024 et une date de procès pourrait être fixée, du moins provisoirement. Nous aurons une meilleure idée de tout cela une fois que les tâches préalables seront terminées (assignations à comparaître, dépositions, etc.) Peut-être aurons-nous un calendrier précis lors de l'audience du 22 août. 

Par exemple : Le public n'a aucune idée de la véracité de l'affaire Arvizo ! L'histoire dans son ensemble est si choquante qu'elle est tout simplement incompréhensible pour beaucoup. Un enfant atteint d'un cancer, pauvre et déjà victime de la violence domestique de son père fait face à un jury qui était comme la plupart des gens - endoctriné par MJ!  jusqu'à se sentir désolé pour une méga-star qui avait une équipe de défense de rêve.  Les victimes ont été copieusement calomniées et les fans sont tombés dans le panneau.  

Quelque soit donc la nature du pouvoir déployé, il a permis aux auteurs d'agir de façon inacceptable, qui n'a pas été condamnée, en vertu de l'autorité qu'ils représentaient alors. 

Dévoiler les faits peut-être plus traumatisant que les faits eux-mêmes. C'est le cas lorsque ces derniers sont révélés mais ignorés par beaucoup où brutalement remis en question ! 

Certains s'accrocheront toujours à l'image immaculée qu'ils se faisaient de l'abbé Pierre, comme le font les fans de Michael Jackson : la méga star qui détient le record d'albums le plus vendu de tous les temps. 

Contrairement à Emmaüs, le domaine Michael Jackson, pour maintenir ses sources de revenus, diffuse sciemment des fakes News, en semant des doutes sur les accusateurs. Cependant, je pense que les divulgations lors du procès seront dévastatrices et ne laisseront aucun doute sur le fait que Michael Jackson était un prédateur d'enfants en série.  C'est  sous cette forme, seulement, que Wade et James obtiendront justice. Quoi qu'il en soit, j'espère vraiment que nous assisterons à une victoire pour eux et que cette affaire brisera de nombreuses barrières ! 

Les accusations des victimes devraient être vécues comme une condition nécessaire pour que soit rendu visible ce que la société refusait de voir jusqu’à présent.

Souhaitons que les adultes impliqués qui savaient et n'ont rien fait devront rendre des comptes.