En 2015 - L'ex star du glam rock a été condamné à 16 ans de prison pour abus sexuel sur mineur, mais ses admirateurs continuent à le soutenir.
Gary Glitter, ancienne pop star britannique reconnue coupable d'actes pédophiles sur trois filles mineures entre 1975 et 1980, a été condamné à seize ans de prison, vendredi 27 février 2015
L'ex-chanteur, de son vrai nom Paul Gadd, âgé de 70 ans, a été reconnu coupable d'une tentative de viol, de quatre attentats à la pudeur et d'avoir eu des relations sexuelles avec une mineure. Trois autres chefs d'accusation (deux concernant des attentats à la pudeur et un pour l'usage de drogues dans le but d'obtenir une relation sexuelle) n'ont finalement pas été retenus contre lui.
« PRÉDATEUR SEXUEL RÉCIDIVISTE »
« Paul Gadd a abusé de son accès à de jeunes fans pour se créer des occasions d'agresser et d'abuser ses victimes. De tels crimes ont des répercussions sur les victimes qui peuvent durer toute une vie », avait déclaré la procureure Baljit Ubhey.
L'ancienne star du glamrock, qualifiée par la police de « prédateur sexuel récidiviste », avait abusé de deux jeunes filles de 12 et 13 ans en les attirant dans sa loge et en les isolant de leurs mères. La plus jeune des victimes était âgée de moins de 10 ans quand il a essayé de la violer en 1975. Glitter, qui signifie « paillettes » en anglais, avait été arrêté le 28 octobre 2012 à Londres, alors que les scandales de pédophilie impliquant des vieilles gloires du show-biz se multipliaient au Royaume-Uni.
Il avait déjà été arrêté en 1997 et condamné à quatre mois de prison pour avoir téléchargé sur son ordinateur de la pédopornographie. Fuyant la presse, il s'était réfugié au Cambodge, d'où il avait été expulsé en 2002 pour des accusations de pédophilie. Il a ensuite été condamné en 2006 à trois ans de prison au Vietnam pour actes obscènes sur deux mineures. Après avoir purgé une peine de deux ans et neuf mois, il est rentré au Royaume-Uni en 2008.
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Les fans de Gary Glitter ont du mal à assumer la pédophilie de leur idole
On aurait pu penser qu’après ça, personne ne soutiendrait encore l’ex-rocker, mais c’était sans compter sur un groupe de fans invétérés, et sûrement aveugles, qui ont décidé coûte que coûte de lui apporter leur soutien. En plus de différentes actions sur internet, et du maintien de leur fan club, ces groupies ont été jusqu’à soutenir leur idole devant la cour lors de son procès.
« Je suis de tout cœur avec lui, car il m’a apporté tellement de bonheur tout au long de ma vie, » raconte John, un gallois de Newport. « Je ne le laisserais pas s’approcher de mes enfants, tout comme je ne laisserais aucun inconnu s’approcher d’eux. Je le soutiens car je pense vraiment que sa vie devient un cauchemar à cause de tous ces médias hypocrites et de ces gens qui voudraient qu’on le lapide sur la place publique. Je ne trouve pas ça juste. »
La réponse de John est typique des fans de Glitter. Beaucoup d’entre eux admettent la culpabilité de l’ancien musicien. En même temps, qui ne considérerait pas coupable un mec qui, en 1999, avouait avoir téléchargé des images pédophiles. Malgré tout, comme me l’a affirmé un autre fan, beaucoup d’admirateurs considèrent ça comme une « simple erreur » qui a pris une incroyable ampleur.
Selon une fan, qu’on appellera Julia : « Les médias ont leur part de responsabilité dans cette histoire, ils étaient sur le dos de Gary bien avant que l’histoire des téléchargements n’éclate. Il y a eu une sorte de chasse aux sorcières contre lui, et la presse s’en est donnée à cœur joie jusqu’à ce qu’il soit condamné. »
« Ils s’en sont toujours pris à lui… Pour être sûrs qu’il ne revienne jamais sur le devant de la scène, alors que d’autres dans le même cas s’en sont tirés. Personne n’aime voir les gens se faire persécuter. Je suis du côté de Gary car j’ai beaucoup d’affection pour lui. Je le soutiens comme je soutiendrai tous les gens que j’admire et qui ont du génie. »
La plupart de ses fans le suivent depuis ses débuts. Lorsqu’il a commencé à faire des trucs à la télé, il s’est construit une solide fanbase. Pour beaucoup, une relation très forte s’est établie avec la rockstar, si forte qu’elle les empêche de se détacher de lui après les actes horribles qu’il a commis. Mick Connor, gardien d’un centre hospitalier de Hertfordshire, fait partie de ces fanatiques. Il a découvert Glitter à l’été 73 peu après qu’il soit envoyé à l’internat à plus de 150 kilomètres de chez lui.
« J’étais très seul et bouleversé. Puis en regardant Top of the Pops j’ai vu Gary chanter, et je suis directement allé chez un disquaire pour acheter son album, mon premier. Gary et le glam rock ont apporté un rayon de soleil à cette triste période que j’ai vécu à l’internat… Je lui serai toujours très reconnaissant pour ça. »
D’autres fans ne sont pas du même avis. Certains n’ont pas réussi à passer l’éponge sur ce qu’a fait Gary. Un fan, qui souhaitait lui aussi rester anonyme, m’a avoué avoir été afffreusement déçu lorsque Glitter a avoué être en possession de contenus pédophiles. « J’étais vraiment dévasté et énervé. Je trouvais déjà que porter une perruque c’était trop. Mais cette histoire de photos sur son ordi m’a vraiment mis hors de moi. J’ai jeté son autobiographie, et j’étais tellement déçu que j’ai balancé tous ses disques à travers mon appart afin d’effacer tous ces souvenirs de ma mémoire, enfin du moins, essayer… »
Après qu’une vidéo de lui soit ressortie sur la toile en 2000, il s’est complètement replongé dans la musique de Gary Glitter. Il a même fini par créer une chaine YouTube dédiée à la star et pense qu’on devrait savoir dissocier sa musique de ses actes.
« On ne choisit pas d’aimer certains morceaux. Ma faute à moi, c’est simplement d’aimer la musique de Gary Glitter et des mecs me jugent pour ça… Mais qui sont-ils pour me juger ? Oui j’ai eu une période difficile où je ne l’écoutais plus, mais c’est comme ça »
Bien sûr, Gary Glitter n’est que l’alias de Paul Gadd, et cette « couverture » aide peut-être certains fans à justifier leur soutien pour leur idole tout en omettant ses crimes. Pour Nigel, professeur de 54 ans à Norfolk, il faut bien faire la distinction entre l’homme, Paul Gadd et le musicien qu’il incarnait : « Après sa condamnation, je me suis dit qu’il méritait d’être jugé comme tout le monde. Mais il aurait du être jugé en tant que Paul Gadd, pas en tant que Gary Glitter. Vous saisissez la nuance ? Les gens doivent faire la part des choses entre l’homme et sa musique. »
Même si plusieurs fans reconnaissent la culpabilité de Glitter pour les crimes commis, et pensent pouvoir le pardonner depuis qu’il s’est repenti, la plupart semble aveugle et ne veut surtout pas voir en lui un malade récidiviste, malgré toutes les condamnations auxquelles il a fait face, en Grande-Bretagne et au Vietnam, en 2006.
« Je ne crois pas à ces accusations. J’ai passé beaucoup de temps avec Gary, et je n’ai jamais eu l’ombre d’un doute sur son innocence. C’est un génie. Il a toujours été très accueillant et a toujours donné beaucoup d’amour à ses fans, » raconte Julia.
Certains admirateurs espèrent toujours le voir remonter sur scène un jour. C’est le cas de John Hughes (non, pas ce John Hughes là), un quinquagénaire de Bristol, membre de Fab 208, un tribute-band glam rock : « J’ai pensé à organiser un concert caritatif auquel je voulais inviter Garry, mais ça aurait été un cauchemar à organiser, car nous n’aurions pas pu dissocier les vrais fans de ceux simplement venus pour foutre le bordel. J’aimerais vraiment le faire, ça part d’une bonne intention et à mon avis, les gens qui pensent comme moi aimeraient vraiment que ça ait lieu. »
Peu importe ce que pensent certains quant à sa culpabilité, beaucoup de fans ont souffert à cause de leur idole. De nombreuses personnes ont dû essuyer insultes et compter des friends en moins lorsqu’ils ont annoncé qu’ils soutenaient Glitter.
Paul Gadd alias Gary Glitter
Pour Julia, soutenir cet artiste est parfois difficile : « Être fan n’est pas chose facile, il faut faire face à l’hostilité de certains. La plupart du temps, je prends sur moi et je mets de coté tous les commentaires que me font mes amis, mes collègues ou même les membres de ma famille. Ça me rassure de faire partie de certains groupes sur internet car je peux échanger avec des gens qui ont un centre d’intérêt commun. Après sa dernière condamnation, on a vu le nombre de membres augmenter considérablement sur les différents groupes. Mais j’ai bien peur que la plupart ne soient pas vraiment des fans du génie — encore une nouvelle forme de sabotage. »
D’autres fanatiques sont encore plus intraitables face aux critiques. C’est le cas de Klavs, un danois fan depuis 1972 : « Je fais un mètre quatre-vingt deux et je suis un ancien videur, donc les gens n’osent pas trop m’emmerder, mais mes amis me lancent des piques quand Gary est «encore dans le journal». Cependant, il n’est plus aussi à fond derrière le chanteur qu’auparavant. « J’ai pas mal de T-shirts de lui mais à vrai dire, je ne les mets plus trop » ajoute-t-il.
Il y a des tas d’autres exemples de rockstar accusées d’abus sexuels sur des gosses. D’ailleurs, beaucoup de fans de Glitter se sont planqués derrière tout ça pour déculpabiliser celui qu’ils admirent. « La copine de Jimmy Page avait 14 ans, et personne n’a jamais rien dit » nous annonce Tim Potter, un fan australien. « Bill Wyman des Rolling Stones a couché avec Mandy Smith alors qu’elle était super jeune (14 ans selon Smith)… Donc tout ça, c’est de l’hypocrisie. »
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