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Comment devient-on célèbre ?

MICHAEL JACKSON - LE ROI DE LA POP -

MICHAEL JACKSON - LE ROI DE LA POP -

De manière générale, les règles du jeu people ne semblent pas avoir beaucoup changé depuis ses balbutiements, quand les industries du divertissement métropolitaines en émergence s’efforçaient d’élargir leur visibilité et atteignaient leur objectif par le biais d’opérations agressives d’affiliation/fidélisation du public. Les acteurs/chanteurs ont certes changé entretemps, de même que les moyens de publicisation, d’accès et d’expression. Mais le jeu se joue toujours à divers niveaux de transparence et d’ambivalence, et se joue de manière différenciée par ceux qui s’y connaissent et ceux qui ne s’y connaissent pas.

Le star system, ou plus largement l'industrie du divertissement, appelé encore le show-business, se fonde sur l'exploitation économique de la notoriété et la mise en place d'une chaîne de production dont la personne célèbre est l'objet. La gloire était jusqu'à récemment un processus lent et mystérieux. Il y a à peine deux siècles, les hommes publics avaient un secrétaire chargé de les faire rester dans l'ombre et le secret. Aujourd'hui, ces mêmes secrétaires manient la science de la communication et jouent la carte de la visibilité maximale. Et ils connaissent toutes les recettes pour accroître la réputation....

Dans les années 1950, les vrais «fabricants» de musique sont les compositeurs et les producteurs. Phil Spector, avec ses Ronettes, trouve la formule magique en studio et développe son wall of sound. Les stratégies commerciales des maisons de disques sont encore fondées sur des succès éphémères et les Sinatra, Dean Martin et Elvis ne sont ni compositeurs ni paroliers, mais interprètes. «les vedettes passent, mais les producteurs restent», entend-on alors ! «peu importe ce que vous racontez que moi, du moment que vous épelez correctement mon nom !» avait coutume de lancer P.T Barnum aux journalistes.

L'arrivée des songwriters comme Bob Dylan , les Beatles et les Stones va ouvrir la porte à une nouvelle forme de réussite individuelle dans le champ musical. C'est ce qu'on appellera la pop music.  Une guitare, un bon texte, et un ego. La «chanson réalité» contre les peines de coeur de l'interprète lui-même et non plus du parolier. On suivra dorénavant, au fil des années, les pérégrinations psychiques de son chanteur préféré, ses engagements politiques et la naissance de ses enfants, comme branché à son appareil mental par cette drôle de machine télépathique qu'est devenu le tourne disque.

Malgré ces changements, toujours pas de gloire sans producteur ; l'un ne va pas sans l'autre. L'internet, qui promettait des gloires spontanées par la rencontre directe d'un individu avec son public sans passer par l'industrie, n'a qu'occasionnellement atteint ce but. Il faut faire en sorte que le feu que l'on vient d'allumer se propage, que le vent souffle dans la bonne direction si l'on veut que l'incendie soit planétaire. Pour cela, il y a des pyromanes avertis : producteurs, imprésarios, agents...On les appelle comme on veut. En pratique, ils sont là dès la première heure et vont travailler à amplifier la rumeur. Ce sont des techniciens méticuleux qui doivent aussi faire en sorte que cette magie, cette libido puissante, présentes sur la scène se retrouvent intégralement sur les photos, les enregistrements, ou les vidéos. Pour cela, il ne faut pas hésiter à trafiquer ! «une douzaine d'agents de presse travaillant jour et nuit peut faire des choses terribles à l'esprit humain».

Les stars sont nées sur la côte Ouest dans les années 1910 et l'industrie cinématographique a tout inventé. Tel que Hollywwod l'a conçu, le star système est d'abord un «façonnage». Carl Laemmle, producteur et fondateur d'Universal Studios, le déclare sans ambages : «la fabrication des stars est chose primordiale dans l'industrie du film, ou de la musique». Une véritable «chaîne manufacturière» se met en action, capable de transformer le plomb en or et le fiel en miel ! Le «double célèbre» est encore chétif, mais il est bien là et commence à grandir. Il lui faut une famille pour l'accueillir, le nourrir et l'élever. Les producteurs endossent ce rôle. En prenant la future star par la main, ils la conduiront vers le succès.

Le colonel Parker   mène Elvis par le bout du nez et l'entraîne vers la gloire. Mais c'est aussi lui qui l'oriente vers une carrière hollywoodienne des plus navrantes et l'enferma dans la cage dorée de Las Vegas. Il est détesté par les puristes, mais personne ne peut dire si Elvis serait devenu le «King» sans le «Colonel». Venu du cirque, il faisait croire que des poulets dansaient en rythme en les installant sur une plaque chauffée. C'est dire s'il s'y entendait en trucages et prestidigitation !  Le cirque tient d'ailleurs une grande place dans l'invention de la célébrité. Phineas Taylor Barnum, grand entrepreneur de cirque, réforme l'industrie du spectacle, qui porte encore aujourd'hui sa marque. Il fait jouer des pièces de Shakespeare avec un happy end pour attirer du monde, et fait passer sans vergogne une femme de soixante-dix ans pour la nurse de George Washington, alors qu'elle serait théoriquement âgée de cent soixante et un ans ! Lors d'une tournée à travers l'Europe, il acquiert une immense renommée grâce au général Tom Pouce, qui mesure 70 centimètres et qu'il présente aux monarques des pays parcourus.

En 1850, il s'emploie à promouvoir l'arrivée prochaine de Jenny Lind, une chanteuse lyrique suédoise qui est déjà une grande vedette sur le vieux continent. Il a six mois devant lui pour la faire connaître et désirer. Vente de billets aux enchères, produits dérivés...En septembre, le «rossignol Suédois» est accueilli par 30 000 personnes bien que nul en Amérique n'ait entendu sa voix jusqu'alors, puisque l'enregistrement audio n'existe pas encore. «À son débarquement à New-York, la foule s'est précipitée sur ses pas avec un tel emportement qu'un nombre immense de personnes ont été écrasées. Les survivants suffisaient pourtant encore pour empêcher ses chevaux d'avancer....» raconte Hector Berlioz. :  (Mémoires, Flammarion, 2000) - Il faut dire que Barnum, «ce grand excitateur», comme le surnomme le compositeur français, use de tout son art pour l'occasion. Il tente même de lancer la «claque à la mort», dont les effets sur la célébrité devaient être imparables, mais qu'il ne mettra finalement pas en pratique. De quoi s'agissait-il ? Eh bien de payer des indigents pour qu'ils se tuent sur le passage de la belle ! La suite était logique : Gloire pour Jenny Lind et fortune pour son impresario.

Depuis, si l'on parle toujours de «cirque médiatique», la claque à la mort de P.T. Barnum a été révisée à la baisse : On ne tue plus face à la scène, mais on tombe en transe, on se pâme aux yeux de tous. C'est pour cela que Dean Martin  et Jerry Lewis font appel au publicitaire le plus couru de New-York. C'est lui qui, en 1943, a recruté des gamines pour hurler, s'arracher des cheveux et s'évanouir au Paramount, face à Frank Sinatra , dont il est l'agent. Il les a même fait répéter personnellement dans les sous-sols du théâtre. Il a aussi loué une ambulance, pour que la presse se rende bien compte du pouvoir de son poulain. L'admiration est contagieuse. C'est un phénomène collectif, comme la prière ou la transe. Or la passion et l'hystérie propres à chaque être humain peuvent être à l'origine d'une véritable épidémie, pourvu qu'on allume le feu au bon endroit au bon moment.

Autre exemple à suivre pour un producteur en devenir, celui d'Edward Bernays, neveu de Sigmund Freud : Ce n'est pas vraiment un adepte de la psychanalyse, mais il a bien compris la révolution que représente la découverte de l'inconscient enseignée par son oncle : Nous ne sommes pas maîtres dans notre propre maison et la pensée a des logiques souterraines que la raison ignore. Parti aux État-Unis, il a tout loisir d'étudier la psyché humaine, et ce dans un dessein bien précis : modifier les désirs des mortels. Il écrit en 1928 Propaganda, sous titré Comment manipuler l'opinion en démocratie, il invente en quelque sorte les relations publiques, mais, avant de travailler pour le gouvernement et les grandes entreprises, il est l'agent du grand chanteur lyrique Caruso ainsi que du danseur Nijinski et de ses ballets russes. Les trois leviers d'action qu'il met en évidence dont l'impulsion, l'habitude et l'émotion. Il croit que les pulsions sont manoeuvrables et ne se lasse pas de démontrer ses théories : Comment imposer une marque de lessive, de cigarettes, ou bien faire élire un président. Plutôt que de vanter directement les produits, il tente d'opérer des associations inconscientes qui seront relayées par les leaders d'opinion.

Il existe donc un vrai savoir-faire permettant le lancement d'une star. Mais ne tombons pas dans la caricature de l'artiste qui, tel un tendre agneau, échouerait dans un monde de loups cupides. Ne brossons pas non plus le tableau du producteur tout puissant qui déciderait de qui sera célèbre ou ne le sera pas. François Truffaut écrit que c'est le public qui fait les vedettes, et non les producteurs ou les metteurs en scène. Pour preuve, argumente-t-il, Zanuck, le grand patron de la 20th Century Fox, n'a jamais réussi à imposer les starlettes dont il était éperdument amoureux. En revanche, des milliers de lettres de spectateurs ont fait braquer les projecteurs sur cette jeune actrice prénommée Marilyn que l'on cantonnait aux seconds rôles insignifiants.

Beaucoup ont trouvé auprès de leur premier producteur un véritable catalyseur, en termes non seulement de succès, mais également d'épanouissement de leur art. Telle est sans doute la meilleure définition du métier.

Pour Michael Jackson ce sera Quincy Jones, il est le directeur musical du film The Wiz pour le compte de la mythique maison de disques Motown. Diana Ross  est aussi de la partie, amie et protectrice du chanteur et danseur depuis des années. C'est sur le tournage qu'il fait plus ample connaissance avec le jeune Michael Jackson qui est à la recherche d'un producteur pour lancer sa carrière solo. Quincy produit ainsi en 1979, Off The Wall, qui est un énorme succès commercial. En 1982, ils poursuivent avec Thriller, album qui reste à ce jour l'album le plus vendu de tous les temps. Cette collaboration artistique avec MJ va transformer ce jeune homme de 20 ans en vedette mondiale. Après un troisième album, Bad, Michael Jackson va «rompre» avec Quincy, mais la fortune de ce dernier est définitivement assurée. En 1985, il sera coorganisateur de l'enregistrement de We Are The World, titre «humanitaire» contre la famine en Éthiopie. Et en 1993, Quincy Jones et David Salzman organisent le concert d'investiture du président Bill Clinton, auquel MJ participera.

Un producteur, qu'il soit protecteur ou «presse-citron», aura un rôle considérable (et bien différent) dans la destinée de la personne célèbre, notamment lorsque le succès sera au rendez-vous, et qu'il faudra trouver des gardes fous.

Il est donc facile de comprendre que l'accession  à la célébrité contient une part plus ou moins grande de falsification, et que l'image projetée en grand de la star repose sur des artifices. Le mythe est généré par la minutieuse construction d'une légende, un «mensonge héroïque». N'oublions pas que le star system est né dans des studios de cinéma : Lumières, décors, costume, maquillage, montage....L'usine à rêves produit un travail ininterrompu d'illusionniste, elle crée des images.

Ces premières images, leur force, la congruence entre les mouvements de la société et le monde intérieur de l'artiste, vont favoriser l'appropriation du personnage médiatique et la manière dont on va commercer avec lui. Le risque majeur est de jouer toute sa vie un identique et pénible rôle de composition, car trop souvent il s'agit de créer une image vendable, conforme aux supposés désirs du public, quitte à dépouiller l'artiste d'une partie de lui-même. 

La célébrité est peut-être d'abord une histoire de regards et de visages. En modifiant son corps et son visage, la star enfante définitivement son double. La personne célèbre nait ainsi d'elle-même, dans un processus d'auto-engendrement. Souvent on change de patronyme, on s'invente une filiation, et une histoire qui n'est plus tout à fait la vôtre, plus belle ou plus tragique. On a plus le nez de son père ou les cheveux de sa grand-mère, mais le nez et les cheveux de sa création !

Michael Jackson.  Préoccupé par son apparence, soi-disant  vexé par les moqueries de son père, Joe Jackson, qui l’appelait Gros Nez, aurait fait refaire son nez à plusieurs reprises.

Avant d'atteindre la gloire, Dean Martin  ( alias Dino Crocetti) tronque son «nez d'Italien», qu'il déteste et qui lui vaut le surnom de «Sinatra Schnozzola» (Gros Pif). Il ne veut pas étaler sur un grand écran ce «pif» qui se remarque déjà trop dans les dancings. Il en ira de même pour Claude François , qui ne supporte pas les proportions de son appendice nasal. Dans la voiture qui le conduit à Paris, où il vient chercher la gloire, il a déjà le projet d'une rhinoplastie, il a également l'intention de se teindre en blond, persuadé que cela renforcera son pouvoir de séduction. Sa chevelure blonde laquée, devenue un ingrédient de son succès, sera pour lui une source d'attention obsessionnelle.

Mais ça ne s'arrête pas là. L'industrie du spectacle peut également façonner ces visages et ces corps comme de la terre glaise.

Rita Hayworth  se marie à dix-neuf ans avec Edward C.Judson, un businessman de vingt ans son aîné qui se met en tête de propulser sa carrière. Malgré ses atouts sérieux et un art certain du spectacle et de la danse qui lui viennent de ses parents saltimbanques, Rita subit les métamorphoses souhaitées par Judson. Elle est beaucoup trop latina à son goût. Il lui fait prendre des cours de diction, la persuade de se mettre à la diète, de changer totalement de look, et d'avoir recours à la chirurgie esthétique : Elle doit creuser l'ovale de son visage en se faisant arracher les molaires et subir une petite intervention pour redessiner l'implantation de ses cheveux devenus roux incandescent. Margarita Carmen Cansino devient Rita Hayworth ! Mais qui voit-elle quand elle se regarde dans la glace ? Est-elle encore elle-même, ou ne voit-elle qu'un reflet du fantasme des autres, qu'une représentation dépersonnalisante de sa célébrité ?

Alors qu'est-ce qui fait que l'on est élu ? Le talent ? pas si sûr ! Des centaines de musiciens extraordinaires hantent les studios d'enregistrement du monde entier. Les meilleurs guitaristes des années 1960, pour ne citer qu'eux, ne sont pas devenus les plus connus : Keith Richards, en termes de technique et d'inventivité, ne peut rivaliser avec un jeff Beck visionnaire, dont la carrière sera moins éclatante. Dans les années 1980, deux artistes féminines se partagent un même public et un même air du temps : Madonna   et Cindy Lauper . La seconde, au vu de sa tessiture de voix et de la qualité de son premier album, est la meilleure, cela ne fait aucun doute. D'ailleurs, sa carrière démarre plus vite que celle de Madonna, mais c'est la Madone qui deviendra la star...Le désir d'en découdre avec la notoriété y est pour beaucoup, mais pas seulement. Le mérite, bien que déterminant, n'est pas le seul élément qui conduit au succès...Depuis toujours, on insiste sur le mérite et la gloire, mais dans la célébrité la variable «hasard» a une place plus grande que chez son ancêtre, la notoriété. La célébrité est une loterie déguisée, tout simplement ! «Un mérite auquel chacun croit pouvoir prétendre se combine avec la chance inouïe du gros lot, pour assurer, semble-t-il, au premier venu une réussite si exceptionnelle qu'elle en devient miraculeuse». écrit Roger Caillois au sujet des vedettes.

Si l'on s'en tient aux probabilités, les chances sont infimes. Il n'émerge qu'un seul élu sur des dizaines de millions d'individus. Et pour quelques élus, combien se sont écrasés sur la piste de décollage, sans même s'être envolés, et combien n'ont jamais rien tenté, pétrifiés par la peur ? C'est peut-être pour cela que les gagnants du gros lot du loto ont un destin qui ressemble à celui des stars....Le point commun entre les joueurs et les vedettes, c'est qu'ils savent saisir cette chance, ils sont à l'affût, prêts à lui sauter à la gorge.   Pendant sa période Jackson Five, Michael avait déjà croisé le chemin de Quincy Jones, Sammy Davis Junior  lui avait présenté le petit génie en ces termes élogieux «Ce môme est le prochain plus gros coup de toute l'histoire du Show-Biz »... Il ne s'était pas trompé !  Les vidéos-clips, pour les chansons Billie jean, Beat It, et surtout Thriller, sont révolutionnaires. Jackson plait à tous les publics, à toutes les générations, à tous les milieux sociaux.

Michael Jackson le remerciera en lui dédiant une chanson : You Were There (Tu étais là) Yes, I am here...(Oui, aujourd'hui je suis là..) because You were there ( parce que toi, tu étais là avant)

Je rassemble ici quelques ingrédients de la formule secrète de la célébrité : Un extraordinaire talent, des efforts immenses, une volonté sans faille et une grosse pincée de chance. Face à cette formule aléatoire, les majors ont leur méthode : produire un certain nombre d'artistes, les lancer à l'aveuglette et attendre les retombées. Il faut savoir organiser le hasard. Ainsi, le caractère imprévisible des succès commerciaux en matière de musique révèle une caractéristique fondamentale du marché qui lui est associé : Il s'agit d'abord de faire comme, ou avec, tout le monde. Plus une oeuvre s'est vendue, ou plus on fait croire qu'elle s'est vendue, plus elle se vendra. D'ailleurs le bruit courait, dans les années du Top 50, que certaines majors se précipitaient chez les distributeurs dès la sortie d'un nouvel album pour en acheter de grosses quantités, et ainsi le plus rapidement possible le propulser à une place honorable dans les charts ( classements) afin d'enclencher la «pompe à achat» auprès du public. cela renvoie finalement à cette définition frisant l'absurde qu'«une célébrité est une personne connue pour être bien connue».

Après le charisme, la capacité du public à régresser et à s'identifier à certains artistes, puis la chance, voici un autre secret : La contagion. La célébrité s'adresse à tous et à toutes ; elle n'est pas réservée à une caste, elle peut échoir au plus obscur et au plus pauvre d'entre nous.

L'art devenu marché obéit aux lois commerciales qui guident tout marché.

Fabriquer un artiste, cela se fait plus par la publicité, les médias, les réseaux, les connaissances et amis influents qu'avec le pinceau ou le ciseau, ou même le fer à souder. Une fois la célébrité établie, elle peut enfin faire des oeuvres qui seront nécessairement admirables, puisque produites par une célébrité, une "valeur sûre", dont la cote va monter dans les catalogues branchés. Mais qui est encore dupe de cela ?

Georges Minois / trompettes de la renommée : comment devient-on Célèbre ?

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