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Dolores O'Riordan la chanteuse des Cranberries.

Dolores O'Riordan la chanteuse des Cranberries.

La mort soudaine de la chanteuse des Cranberries a fait rejaillir des souvenirs adolescents sur les réseaux sociaux, ainsi que les polémiques qui existaient autour de son personnage controversé.

Dolores O'Riordan a été retrouvée morte à 46 ans, le lundi 15 janvier, dans sa chambre d'hôtel. Elle était à Londres pour une session d'enregistrement avant de partir en tournée. 

Dolores O'Riordan dérangeait. Ses comportements critiquables ainsi que ses propos extrêmes sur des sujets sociétaux résonnaient fort, déteignant sur le groupe et lui donnant une image réactionnaire et controversée. Loin se s'être estompés, ses mots ont ressurgi, contrastant avec les hommages habituels sur les réseaux sociaux.

La chanteuse avait par exemple un avis très tranché sur l'avortement auquel elle n'était pas favorable. Dans un article du magazine musical Rolling Stones datant de 1995, elle déclarait :

« Je ne suis pas en position de juger d’autres femmes, mais je voudrais leur dire : “Idiote, pourquoi n’as-tu pas été enceinte ? Ce n’est pas bon pour les femmes de se faire avorter et de subir tout ce que ça implique. Avoir quelque chose de vivant aspiré hors de leurs corps, ça les rabaisse. Chaque fois qu’une femme se fait avorter, elle écrase son amour-propre, de plus en plus, à chaque fois. »

O’Riordan était également taxée d’antiféminisme, à la suite d’une déclaration qu’elle avait faite en 1994 : « Le féminisme, pour moi, c’est quelque chose pour les filles qui se sont fait plaquer  trente fois dans leur vie et qui décident que les hommes sont tous des ordures », comme le pointait cet article du Monde consacré au groupe en 2005. Néanmoins, la citation a été tronquée et extraite de son contexte.  En témoigne la republication de l’interview complète dans Les Inrockuptibles qui éclaire le contexte de cette déclaration : « Le journal américain Interview m’a demandé d’écrire un article sur le sujet, dans lequel j’étais censée représenter  la révolution féministe. Arrivé au stade des photos, ils m’ont demandé de poser nue. Est-ce le meilleur moyen de prendre les femmes au sérieux et d’être traitées sur un pied d’égalité ? Jamais on n’aurait demandé à un homme d’enlever son pantalon. Pour moi, le féminisme, ça ne se passe pas à poil. C’est plus une question d’esprit et de psychologie que de seins. »

Autre sortie polémique pour cette icône rock, cette fois où elle avait déclaré : « Dans certains cas, je suis pour la peine de mort. A Singapour on coupe les mains des voleurs, on coupe les têtes des meurtriers. Résultat : il n’y a plus de crimes. » Ici encore, la réponse avait été amputée de son contexte qui était : «A propos des assassins d'enfants et des violeurs dans certains cas, je suis pour la peine de mort»  Un propos qui prend sens quand on sait ce qu’elle a traversé durant son enfance.

La vie de Dolores O’Riordan a été rongée par un passé sombre, rempli de démons, qu’elle a portés en elle pendant des années sans pouvoir en parler. « Durant quatre ans, quand j’étais une petite fille (entre 8 et 12 ans), j’ai été abusée sexuellement. Je n’étais qu’une enfant. » Au fil de l’interview qu’elle a donnée en 2013, elle confie que ça ne l’a jamais quittée. C’est un « traumatisme que j’ai toujours porté en moi. (…) Je pensais que c’était de ma faute. Je l’ai enterré au fond de moi parce que j’avais honte. Je me disais : “je suis horrible et dégueulasse”. Je ressentais une terrible haine de moi-même. Après, je suis devenue célèbre à 18 ans et ma carrière a pris le dessus. C’était encore plus difficile. C’est là que je suis devenue anorexique. »

Elle avoue également avoir  joué la comédie et s’être arrangée pour faire bonne figure. Jusqu’à une dépression nerveuse. Elle a ensuite été diagnostiquée bipolaire. Plus tard, elle a « essayé de [se] faire mourir d’overdose » sans y parvenir ; elle suppose qu’elle a dû rester « pour ses enfants ». En 1993, Dolores voulait déjà mourir.  « Parce que tu penses que c’est de cette façon que tu seras en paix. Quand tu es mort, ça ne peut jamais être  pire que le sale état dans lequel tu es vivant. »

En 2014, elle avoue avoir eu des pensées suicidaires durant toute sa vie, « sans aller jamais assez loin ». « Je suis plutôt quelqu’un de bien, mais je suis pas mal portée sur la bouteille. Et je fume cigarette sur cigarette quand je bois. Quand j’ai des mauvais jours à cause de mes mauvaises pensées, je me rue sur l’alcool. Et tout s’empire. Je n’essaye pas de me justifier,  je dis ce qu’il se passe. Ce qu’il s’est passé. Et peut-être qu’en sachant ça, les gens comprennent qui tu es et pourquoi tu es un peu amère. »

Sources : Journal «Le Monde»

La mort de son père, survenue en 2011, puis son divorce trois ans plus tard, après 20 ans de mariage, plongent la jeune femme dans une nouvelle période d'instabilité. En 2014, elle fait les gros titres. Elle agresse une hôtesse de l'air  lors d'un vol entre les États-Unis et l'Irlande.  Dolores O'Riordan a «refusé de regagner son siège», avant de fracturer le pied de l'hôtesse. La chanteuse, diagnostiquée bipolaire  peu de temps après, est internée dans un hôpital psychiatrique durant trois semaines, rapporte The Irich Times.

Dolores O'Riordan la chanteuse des Cranberries.

La première fois que j’ai entendu la voix de Dolores O’Riordan en live est inoubliable, elle avait un talent incroyable, une présence scénique incontestable,  une voix flamboyante et contrairement à beaucoup de chanteurs ou chanteuses,  elle ne chantait pas en play-back, ce qui lui permettait  d'être vraiment connectée avec son public.  Elle aura marqué toute une génération par sa voix immédiatement reconnaissable, tantôt douce, tantôt rugissante dans Linger, Zombie ou Dreams. Des tubes sortis dans les années 1990 qui feront le succès des Cranberries.

J'ai été choquée et attristée d'apprendre sa mort si soudaine. Oui vraiment !

La polémique Zombie : En 1993, elle écrit Zombie après la mort de deux garçons dans un attentat de l'Ira,  l'armée révolutionnaire irlandaise. Un cri de colère symbole de son engagement contre la guerre civile qui fait rage en Irlande depuis la fin des années 1960. Une controverse aussi.  Pas de chance,  la chanson sort au moment même où un cessez-le feu est signé et que la guerre civile s'arrête. «Étrangement, on lui reprochera ainsi d'attiser le conflit !».

«In your head, in your head, they are fighting/With their tanks, and their bombs/And their bombs, and their guns/ In your head, in your head they are crying/In your head, in your head/
Zombie, zombie, zombie-ie-ie 
(« Dans ta tête, ils se battent/avec leurs tanks et leurs bombes et leurs fusils/Dans ta tête, ils pleurent/Zombie, Zombie »).

Mais elle n'était pas la première à s'exprimer sur ce thème, il y a eu aussi U2 avec «Sunday Bloody Sunday» qui fut une véritable hymne national !

Hier, Un journal qui certainement n'a pas enquêté sur la vie de Dolores O’Riordan, ou qui estime peut-être le sujet tabou, ou mensonger,   écrit qu'elle était restée une icône malgré tout ! Le journal ajoute,  pas de quoi dégoûter totalement son public qui voit dans la chanteuse aux cheveux de jais coupés courts une icône provocatrice et donc envoutante.

Ce journal n'aurait-il pas su ce qu'elle avait confié en 2013 ? : « Durant quatre ans, quand j’étais une petite fille (entre 8 et 12 ans), j’ai été abusée sexuellement. Je n’étais qu’une enfant. »   C’est un « traumatisme que j’ai toujours porté en moi. Je pensais que c’était de ma faute. Je l’ai enterré au fond de moi parce que j’avais honte. Je me disais : “je suis horrible et dégueulasse”. Je ressentais une terrible haine de moi-même. Après, je suis devenue célèbre à 18 ans et ma carrière a pris le dessus. C’était encore plus difficile. C’est là que je suis devenue anorexique. »

La réaction première des adultes face à de telles révélations est souvent de rejeter, refuser de croire, ne pas accepter, ou de penser que l'enfant ou l'adulte raconte des histoires pour se faire remarquer.

«Je pensais que c'était de ma faute, j'ai l'ai enterré au fond de moi parce que j'avais honte, etc.»  - Souvent  Il n’y a pas de mots pour en parler, mais surtout pas d’oreilles pour entendre...

On tue un enfant quand on l'abuse sexuellement.

Par ailleurs, plus la victime est jeune au moment des faits, plus l’agresseur est proche de la victime, plus il a d’autorité sur elle, et plus l’impact sur sa qualité de vie et le risque qu’elle tente de se suicider sont importants. Dolores a confié avoir essayé de se faire mourir et d'avoir eu des pensées suicidaires pendant toute sa vie !

Avoir subi des violences dans l’enfance est un des déterminants principaux de l’état de santé même cinquante ans après. C’est un important facteur de risque de présenter de nombreuses pathologies psychiatriques, cardio-vasculaires, pulmonaires, endocriniennes, auto-immunes et neurologiques ainsi que des douleurs chroniques et des troubles du sommeil. Des études scientifiques ont par ailleurs démontré que les violences sexuelles entraînent des atteintes neurologiquesDolores O’Riordan avait été diagnostiquée anorexique et bipolaire.

Voir ici : Mémoire traumatique et victimologie

«Je n’essaye pas de me justifier,  je dis ce qu’il se passe. Ce qu’il s’est passé. Et peut-être qu’en sachant ça, les gens comprennent qui tu es et pourquoi tu es un peu amère.» - Dolores O’Riordan-

J’ai vite compris, en lisant le journal «Le monde» que ce qu'elle avait dit ou fait,  n’étaient pas des erreurs de parcours,  ou la faute à pas de chance, mais les suites d'un véritable fait social qui lui avait fait beaucoup de mal.

D'autre part je suis entièrement d'accord avec elle sur cette prise de  position à la fois  sincère, avant-gardiste  et d'actualité : « Le journal américain Interview m’a demandé d’écrire un article sur le sujet, dans lequel j’étais censée représenter  la révolution féministe. Arrivé au stade des photos, ils m’ont demandé de poser nue. Est-ce le meilleur moyen de prendre les femmes au sérieux et d’être traitées sur un pied d’égalité ? Jamais on n’aurait demandé à un homme d’enlever son pantalon. Pour moi, le féminisme, ça ne se passe pas à poil. C’est plus une question d’esprit et de psychologie que de seins.»

Et je vous laisse avec la femme à la voix d’or,  en étant certaine qu'elle ne glissera pas dans l’oubli.

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