19 Mars 2020
Que la pandémie grippale de 1918, communément qualifiée d'épisode de grippe espagnole, ait constitué une crise sanitaire majeure du XXe siècle, nul n'en doute aujourd'hui. Son terrible bilan démographique suffirait à en témoigner.
Finalement, c'est pendant la pandémie du Coronavirus, que la grippe espagnole resurgit, tel l'objet d'une histoire dont des leçons pouvaient être tirées.
Dans les années 20, les premières études épidémiologiques qui lui furent consacrées estimèrent qu'elle avait causé plus de 20 millions de morts. Depuis, le bilan a été continûment revu à la hausse, en particulier en Asie, pour être évalué désormais entre 50 et 100 millions de morts.
L'expansion mondiale totale de la pandémie est une deuxième composante de l'échelle inédite de la crise sanitaire. Aucune région habitée du globe ne fut épargnée par la grippe, dont la première vague, au printemps 1918, qui s'était révélée très contagieuse mais plutôt bénigne, fut suivie d'une seconde vague d'une virulence extrême. Celle-ci balaya, d'août à novembre 1918, tous les continents et occasionna, durant ces quatre mois, 90 % des décès. La concomitance de l'explosion épidémique et du conflit mondial qui se trouvait alors à un moment décisif, avec le contre-offensive victorieuse de l'Entente, ajouta encore une dimension critique à cet événement. Dans les pays belligérants, la circulation des troupes ne pouvait être limitée - 250 000 soldats américains débarquaient alors chaque mois en Europe - et le mouvement incessant des blessés, permissionnaires, prisonniers, réfugiés, déplacés, créaient une situation favorable à la contagion.
Pourtant, malgré la coalition de ces éléments critiques, il n'est pas sûr qu'en 1918 les autorités en charge de la santé publique aient eu d'emblée conscience d'être confrontées à une catastrophe sanitaire.
Les premières atteintes purent apparaître comme des manifestations saisonnières, et la dénomination de «grippe» - diagnostique banal appliqué à toutes sortes de manifestations qui n'avaient rien de grippal ni d'épidémique - amoindrit la menace. D'ailleurs, ses victimes ne mouraient pas tant de la «grippe» que de ses «complications», broncho-pneumoniques en premier lieu. En outre, la censure de l'information qui régnait dans le pays en guerre contribua à dissimuler le péril.
Lorsque, à l'automne, la gravité de la situation épidémique fut manifeste, à travers l'accumulation des décès des jeunes adultes, les pouvoirs sanitaires se trouvèrent dépourvus de moyens de lutte efficaces. D'abord parce que, dans une partie du monde engagée dans la Grande Guerre, la poursuite des opérations constituait une priorité plus urgente que le contrôle de l'épidémie. Le refus de surseoir à la traversée des troupes américaines dans des bateaux infestés devint le symbole de ce déni par les chefs militaires.
Autre exemple, en France, le commandement défendit à tout prix, même lors du pic épidémique, le maintien des permissions, garantes du moral des troupes, alors que l'on savait que les permissionnaires étaient un vecteur de contamination des populations civiles.
L'incertitude régnait quant à la nature de l'agent pathogène à l'origine de la grippe - le virus grippal ne fut isolé que dans les années 30. Aussi, les solutions thérapeutiques, vaccins et sérums, qui avaient vu le jour dans le sillage des idées de Pasteur, se montraient ici inopérantes. Les solutions prophylactiques, destinées à enrayer la contagion, étaient tout aussi incertaines. Au XIXe siècle, les autorités médicales avaient combattu les épidémies par des mesures d'endiguement et de cordon sanitaire qui se révélaient inappropriées dans le contexte grippal. La grippe ne semblait pas, comme le choléra, une maladie venue de l'extérieur qu'il fallait empêcher d'entrer dans une forteresse assiégée, mais un ennemi de l'intérieur, toujours déjà là et d'une contagiosité extrême. La plupart des pays refusèrent par conséquent d'avoir recours à la fermeture des frontières.
Aussi les mesures de santé publique se réduisirent-elles à des expédients. En direction de la collectivité, on entendait agir sur le «foyer grippal», par la désinfection de l'environnement des malades, en supposant que le milieu était un vecteur de transmission.
En direction de l'individu, il s'agissait de «préserver le grippé» : le masque de gaze constitua l'arme la plus convaincante de cet arsenal, mais son usage se heurta souvent, comme en France, à la résistance des médecins et des malades. L'inefficacité des ressources était patente.
Enfin, en 1918, la difficulté à appréhender la grippe espagnole comme une crise sanitaire majeure tint sans doute à sa nature singulière. Brutales, soudaines, foudroyantes quand elles étaient mortelles, les atteintes de grippe, que l'on dénommait aussi la «fièvre de 3 jours», balayaient un territoire et l'évacuait rapidement, disparaissant comme elles étaient venues.
Compte tenu de la brièveté de la maladie et de l'impuissance thérapeutique, bien des malades n'eurent pas recours à l'assistance médicale, en un temps où la médicalisation des populations demeurait partielle. Autant d'éléments qui concoururent à sous-évaluer les besoins de sa prise en charge.
Cette grippe, avait été transmise à l'Europe et au monde entier avec une rapidité incroyable, alors qu'il n'y avait pas d'avions de ligne à l'époque ! Son surnom de «grippe espagnole», vient du fait que seule l'Espagne (non-impliquée dans la Première Guerre Mondiale) a pu, en 1918, publier librement les informations relatives à cette épidémie. C'est donc par les journalistes espagnols que le monde a su qu'une épidémie sévissait et que la postérité l'a retenue sous le nom de «grippe espagnole». La pandémie a fait prendre conscience de la nature internationale d'une telle menace. Il y a ainsi, dans l'une des clauses de la charte de la Société des nations (organisation internationale introduite par le Traité de Versailles en 1919), la volonté de créer un Comité d'hygiène international, qui deviendra finalement l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
On dit souvent que l'immense tragédie de la grippe espagnole a laissé peu de traces dans les mémoires. Ou dans les livres d'histoire. Comme si, après les malheurs de la guerre, le monde avait préféré l'oublier.
À New York, une certaine Elisabeth Christ voit la grippe espagnole emporter son mari, dès le mois de mai 1918. À l'âge de 37 ans, Madame se retrouve seule avec la charge de ses trois enfants. Afin de subvenir aux besoins familiaux, elle utilise l'argent et les propriétés légués par son mari pour fonder une compagnie d'investissement immobilier. La nouvelle entreprise porte le prénom de Madame et le nom de famille du défunt mari. La Elisabeth Trump & Son est née. Le nom vous dit quelque chose ? Plus tard, bien plus tard, elle deviendra la Trump Organisation, propriété de son petit-fils, le 45eme président des États-Unis, Donald Trump, qui pendant deux mois, a minimisé l'importance de l'épidémie, assurant même que «le virus» devrait s'en aller dès qu'il fera un peu plus chaud....
Après avoir longtemps minimisé la gravité de la crise du coronavirus, Trump a opté pour un ton grave et a lancé un appel à l'unité en revendiquant haut et fort la formule de «virus chinois», qui a suscité l'ire de Pékin. (Ouest-France - 18/03/2020)
Les scientifiques préviennent : les épidémies de grippe ne disparaîtront pas et resteront une caractéristique annuelle du rythme de la vie humaine. Selon le virologue russe Nikolaï Kaverine, le virus de la grippe subit des mutations permanentes. Une grippe reste toujours une grippe, mais c'est le mécanisme qui aide le virus à se faufiler à l'intérieur de la cellule qui change. Des pandémies sont probables tous les 30 ou 40 ans lorsque la mutation est telle que le système immunitaire est incapable de reconnaître le virus.
Alors quand la grippe revient en force, sommes-nous prêts à l'affronter ?
Lors de l'apparition de l'épidémie en Chine, il a fallu seulement quelques jours pour identifier le virus et mettre en place des tests diagnostics ! Ce qui n'était pas le cas il y a seulement 30 ans.
La planète entière est en guerre contre le même ennemi invisible : Le Covid-19. Boulevards et rues sont déserts, le silence surprend, il est parfois même angoissant ! Certains par nécessité de faire les courses ou d'aller travailler sont obligés de sortir, je pense notamment aux personnels soignants qui sont au front contre la maladie pour faire gagner la vie, et aux salariés de la distribution alimentaire en première ligne face au virus, aux aides à domicile ....etc. On semble évoluer dans un univers de science-fiction, mais la situation très grave que nous traversons ne supporterait pas l'à peu près, d'où l'importance de respecter les barrières physiques et le lavage des mains, qui peuvent diminuer la propagation.
Restons distants aujourd'hui pour pouvoir nous embrasser demain.