2 Avril 2021
Avec les années 70, les yéyés changent de rythme et de nom. Ils deviennent des vedettes qui se battent pour devenir N°1 des hit-parades des radios périphériques. La télé n'est pas en reste. Jamais autant d'émissions de variétés n'ont été diffusées à une heure de grande écoute. Ils sont quatre à se partager les vedettes de l'époque : Guy Lux avec son «Ring Parade» ; Danièle Gilbert et «Midi première» ; les Carpentier dans leur célèbre «Numéro un» et Michel Drucker lors de ses «Rendez-vous du dimanche»...La majorité passe de 21 à 18 ans et le droit à l'avortement est voté. Du côté des tenues, c'est une explosion de couleurs comme le bleu électrique, et de matières comme le pailleté. Le style devient unisexe : les femmes se revendiquent hommes avec des coupes garçonnes, des pantalons à pattes d'eph et des blazers à revers, tandis que les hommes optent pour les cheveux longs. Les créateurs remplacent les couturiers : Issey Miyake et Karl Lagerfeld connaissant leurs premiers succès parisiens, Kenzo et Jean-Charles de Castelbajac misent sur la couleur tandis que Chantal Thomass déshabille les femmes.
La tendance en design est à la rondeur, avec des couleurs acidulées et toniques, comme le marron, l'orange, le rouge, le jaune, et les motifs sont géométriques, ronds voire même psychédéliques. Enfin, c'est l'air de la moquette, et des tapis qui ont les poils loooooong !
C'est aussi l'arrivée des boules à facettes
Rétro pop, funky, soul, Pop Art....Ces mots résonnent à nos oreilles. Les années 70 évoquent dans notre esprit les revendications (il est interdit d'interdire), la provocation, le modernisme, la liberté culturelle et sociale ! C'est l'époque d'Andy Warhol, Super Tramp, des Bee Gees, Travolta, Village People, Chic, Abba, AC/DC, Bowie, Gloria Gaynor, Donna Summer, Michael Jackson, Diana Ross, Queen, Elton John, Stevie Wonder, Police, Madonna, John Lennon.. et tant d'autres.
La chanson française connait elle aussi une émergence de nombreux artistes, dont beaucoup poursuivent une carrière entamée depuis les années 60 : Johnny Halliday, Sylvie Vartan, Renaud, Joe Dassin, Sheila, Nicoletta, Alain Souchon, Bernard Lavilliers, Julien Clerc, Michel Jonasz, Alain Chamfort, William Sheller, Louis Chedid, Jean-Jacques Goldman, Véronique Sanson, Claude François, Michel Sardou, Michel Fugain, Michel Polnareff, Gainsbourg, Christophe, Daniel Balavoine, etc.
C'est en 1972, qu'apparaît en France, le bel éphèbe Suisse blond, Patrick Juvet.
Juvet a participé aux prémices de la «French Touch», il a connu tous les excès du métier : l'argent à ne plus savoir qu'en faire, les fans en délire, l'alcool, la drogue et un grand vide : le genre durant lequel les maisons de disques prétendent ne plus vous connaître.
Né le 21 août 1950 à Montreux, Patrick Juvet plonge dès l'âge de 6 ans dans l'univers de la musique en intégrant le conservatoire de Lausanne. Brillant et doué, il obtient un premier prix de piano. Attiré par les arts en général, il poursuit ses études à l'école des arts décoratifs jusqu'à 17 ans. Son père tient un magasin de musique, véritable caverne d'Ali Baba et pour Patrick seule une carrière artistique est à même de combler ses aspirations. Il écoute les Beatles, les Stones, Polnareff, Bowie. Il rêve de monter à Paris, lorsqu'on lui propose de devenir mannequin pour une agence à Düsseldorf en Allemagne. C'est en 1970 que la grande et mince silhouette de Patrick Juvet déambule enfin à Paris. Il rencontre Florence Aboulker, celle qui sera à la fois sa muse, son agent et sa compagne, «l'amour de sa vie», l'aide à forcer la porte des maisons de disques. Il signe pour deux disques chez Barclay : le relatif insuccès du premier "Romantiques pas morts" le condamne à réussir le second. Barclay lui a mis la pression : «Soit tu fais un tube, soit tu rentres chez toi en Suisse!». En 1972 : Ce sera La Musica, qui lance sa carrière. Dans la même veine, il composera "Le lundi au soleil" - pour Claude François (une chanson devenue un classique de la variété française) - Et pour lui-même : "Au même endroit, à la même heure" - En décembre 1973, il présente, lors d'un Musicorama à l'Olympia, un show d'avant-garde inspiré par les stars et la mode glam rock anglo-saxonne. Dans un nuage de fumée, il chante maquillé à la Ziggy Stardust. On dit qu'il est «ambigu», ce qui est un euphémisme car il n'y a aucune ambiguïté. Ses parents ont dû être les seuls parents au monde à apprendre que leur fils était bisexuel, quand il a donné sa première interview.
En 1974 il compose l'album "Chrysalide" dans lequel il collabore avec son choriste Daniel Balavoine, qui lui disait «Tu chantes de la merde, Tu n'écoutes pas ce que tu chantes». Balavoine lui compose alors une chanson : «Couleur d'automne» que Juvet lui laissera finalement chanter sur son propre album.
Juvet fait l'Olympia, côtoie les grands, Gainsbourg - «J'ai plutôt connu Gainsbarre, celui qui flanquait des baffes à sa femme» - et Hallyday. On sortait tous les soirs et Johnny me disait : «Pourquoi tu ne me fais pas une chanson au lieu de travailler pour l'autre nain --> Claude François ». Nous étions trop copains avec Claude et ça ne s'est pas fait.
Désormais reconnu en tant que compositeur de musique, PJ s'emploie à devenir un interprète adulé. «La Musica», «Magic» , «Faut pas rêver» comblent ses attentes au-delà de l'imaginable : Le voilà sur les couvertures de Podium et adulé des jeunes filles et des jeunes femmes. Ses fans hurlent «Paaaaaatriiiiiicck » bien avant ceux de Bruel.
Ancien mannequin, Juvet, avait un physique de rêve ! Les autres artistes étaient envieux de sa beauté, et notamment Claude François qui répétait : L'homme idéal, le plus parfait, c'est Patrick Juvet.
Juvet rencontre aussi Jean-Michel Jarre avec qui il a une collaboration étincelante dont naîtront deux albums et des chansons à succès.
Juvet, qui a découvert le disco dans les boites de Los Angeles, oriente son nouvel album vers ce style dans l'air du temps. Jarre lui écrit des textes sur mesure qui correspondent parfaitement au personnage du chanteur. Les séances studio sont un peu laborieuses car Juvet a du mal à récupérer de ses nuits de fête. L'album «Paris By night» sort finalement en 1977 et fait un énorme carton ! Il sera aussi édité au Canada, en Allemagne, en Italie, en Espagne. Juvet est partout dans les radios et les discothèques. En bon producteur, Jarre gère aussi les passages télé de Juvet, exigeant certaines ambiances, des émissions spéciales... En parallèle à cette collaboration, Jarre prépare aussi son album personnel qu'il enregistre fin 1976 : «Oxygène» ...Le succès de cet album, qui ouvre à Jarre la voie de la musique électronique populaire, la lenteur artistique de Juvet, et enfin sa rencontre «coup de foudre» avec Charlotte Rampling, vont mettre fin au couple artistique qu'il forme avec le chanteur depuis deux ans. Ensuite les deux hommes entretiennent des contacts réguliers et se croisent au hasard d'émissions de télé. Patrick Juvet garde un très bon souvenir de leur collaboration et mentionne régulièrement que «Mort ou vif» et «Paris by night» sont ses albums préférés. Comme il le répètera lors de l'émission «Panique dans l'oreillette» en janvier 2010, dont Jarre sera l'invité.
Ces succès lui permettent d'emmener son public sous les boules à facettes, «Ou sont les femmes?» est le 1er titre disco chanté en Français, qui remportera un triomphe international.
En 1978, Patrick Juvet s’envole pour des vacances à New-York, il se retrouve au légendaire Studio 54, l'épicentre de la jet-set et du showbiz. Il raconte au journal illustré comment est né son titre - I Love America - : «Je vois arriver une grande folle, Jacques Morali, coproducteur des Village People : «Tu es le seul capable de chanter en Amérique avec Polnareff» J'ai répondu : «Je suis venu ici en vacances, de toute façon, je n'ai qu'une chanson». Le lendemain, ils entrent en studio. «J'avais une mélodie lente à faire pleurer les filles. Morali me dit «Double le tempo». Il a balancé un rythme disco, je n'avais aucun titre et il m'a suggéré : «Tu aimes l'Amérique, non ? » - «I love America» est né comme ça - ! Il avait flairé le tube, et le single s'est immédiatement retrouvé N°1 dans les charts aux USA, et s'est classé dans 15 pays.
Cette même année, il sort un nouvel album disco nommé «Lady Night». La réussite de Juvet est à son zénith et le cinéaste David Hamilton lui confie la réalisation de la bande son de son film : "Laura, les ombres de l'été"...
Un nouvel Olympia bondé donne lieu à l'enregistrement d'un double album en public live. Patrick Juvet est l'icone du disco Français et Américain, et de toute une génération. Il a définitivement trouvé son style, lui qui aime tant la vie nocturne et ses excès.
Quelle était l'ambiance pendant ces années-là ?
Au studio 54, la musique diffusée est principalement du disco et le lieu reste considéré comme le symbole de l'apothéose de cette musique ...Cette discothèque est devenue un véritable modèle pour toutes les grandes discothèques du monde qui ont suivi. Le mélange des stars et des anonymes, le cruel filtrage à l'entrée, les carrés VIP, les baignoires de champagne, l'attitude no limit....Sont nés au Studio 54. Bob Colacello écrit que «plus qu'une boite de nuit, ce fut un véritable phénomène sociologique au carrefour de l'ère protestataire de la fin des années 1970 et du règne de l'argent des années 1980. Ce fût le Taj Mahal de la boite de nuit, le graal disco maniaque, du glam et du strass, les jardins suspendus de la sueur et de la coke»
Patrick Juvet - ♪♫«French Pillow Talk»♪♫ - diffusée au Studio 54 de New York
Un commentateur écrit sous cette vidéo : On ne peut s'empêcher de se sentir jaloux d'eux. Les gens vivaient vraiment heureux, sans drame. Le monde n'était pas enfermé dans le chaos que nous connaissons aujourd'hui ; ils étaient si chanceux à l'époque. Je ne suis pas né dans leur décennie, mais on voit qu'ils s'amusent comme des fous. Contrairement à nous en ce moment, enfermés, misérables ...:(
Cette époque qui semblait sans doute plus insouciante que celle d'aujourd'hui n'avait pas forcément que des bons côtés ..C'était «la fièvre du samedi soir» (Saturday Night Fever) - Très, très caractéristique de ce temps - La danse en boite, night club, nuits folles - Les thèmes favoris du disco sont la sexualité, la vie et la nuit, avec optimisme. Une autre affirmation du disco est aussi l'androgynie dans le style, comme dans les voix, telles celles des Bee Gees. Cette joyeuse exubérance s'oppose alors à un rock morose. Vive le plaisir et qu'on s'éclate. Elle est où la révolution ? On se la fait, disent les punks. La quoi ? dit la disco. Tais-toi et danse. Bien !
Juvet perd pied dès le début des années 80, il fréquente trop le Studio 54 à New-York, temple de la drogue sans complexe, du sexe désinhibé et de tous les excès...et sombre dans les addictions. «Les poppers, et surtout les Quaaludes : «C'était des décontractants, ça plus l'alcool et vous faisiez l'amour à un tronc d'arbre. ! Une pastille, un verre de whisky, on disait n'importe quoi à la télé, et ça faisait rire tout le monde ! Une fois, avec Grace Jones, j'ai raconté que j'avais ouvert la fenêtre en plein vol dans l'avion. L'animateur m'a dit : «Il est temps d'aller chanter» ! C'était une période d'insouciance totale, de créativité énorme. Je n'avais jamais autant déconné de ma vie ! Tous mes amis de cette époque, ceux du studio 54, ces patrons de maisons de disque qui étaient gays, sont partis. C'était une hécatombe ! » - (Source le Journal illustré)
«J'ai vécu six ans en Amérique - confie-t-il à Télé Melody - Le premier cas de Sida est arrivé en 1982 et je suis persuadé que ça a accéléré l'extinction du disco. Ils ont estimé que cette maladie était liée aux discothèques, aux boites, à la fête, aux homos. On avait très peur, peur aussi de faire faire nos analyses...On faisait tous les cons, sauf que moi, je faisais le con à la Suisse. Je buvais beaucoup, c'est vrai, mais je préférais l'amour romantique, fleur bleue».
Patrick traverse un passage difficile, une épreuve qu'il a mis beaucoup de temps à surmonter ... Il fait appel à Jean-Loup Dabadie et lui demande de travailler sur les thèmes du rêve, de la nuit et des interdits. L'album "Rêves immoraux" sort sous le label Barclay. En mars 82, le chanteur et son parolier sont les invités de l'émission culturelle Entracte.
L'humoriste Suisse : Zouc, une grande fan de Patrick Juvet, est présente sur le plateau. Elle dit :
Pour moi, c'est le chanteur androgyne. C'est-à-dire qu'il est double et je trouve cela absolument fascinant..
La vidéo vaut son pesant d'or, surtout ne la zappez pas ! ▼
Voici le lien : https://www.rts.ch/play/tv/entracte/video/fan-de-juvet?urn=urn:rts:video:11540339
L'album "Rêves immoraux" rencontre un succès relatif. S'ensuivent alors des années de vaches maigres où Juvet s'exile à Londres, puis aux États-Unis....
Cherchant à panser ses blessures, il trouvera du réconfort dans..... l'alcool : «Quand on commence à trembler dès le réveil, à avoir besoin d'une bière ou n'importe quelle boisson alcoolisée pour que ça passe, on a le choix entre continuer et sombrer ou se soigner et vivre. J'avais trente deux ans. Il y a eu un long parcours à faire, avec forcément des rechutes plus violentes les unes que les autres. Aux yeux de tous j'étais foutu. Cela m'a pris dix ans pour m'en sortir. Et dix ans pour me stabiliser, il y a une période où on paie les excès, je voulais mourir, je vous le dis honnêtement. Je me suis dit, je vais continuer à boire, comme ça je m'en irai ! j'ai beaucoup pleuré». a-t-il raconté dans une interview touchante accordée au magazine Sept à Huit.
Finalement, il rentre chez ses parents en Suisse pour se soigner. Une souffrance que le chanteur a pu affronter grâce au soutien sans faille de sa mère Janine. «Elle m'a donné deux fois la vie ! Tout d'abord en me mettant au monde, et en m'aidant à me sauver de mes démons» a-t-il affirmé.
Années 90 : Après tous ces succès, il est malheureusement réduit à chanter dans des boites, quand on le lui propose, pour gagner un peu d'argent. Des gens lui demandaient s'il n'avait pas honte. On le prend pour une vieille star du disco dépravée.
En 91, il revient avec un album autobiographique, sobrement intitulé «Solitudes» sur lequel on retrouve les signatures de Luc Plamondon et de Françoise Hardy. Mais l'album ne rencontre pas vraiment le succès, il est resté confidentiel dit Juvet «On m'attend dans du disco, avec ma voix de tête. Je ne peux pas en sortir» Et composer de nouveau ? «Ça a été vital pour moi, mais ça ne l'est plus. Je n'ai plus envie de créer, Et surtout je n'y arrive plus» !
Au milieu des années 90, le revival disco permet à Patrick Juvet de revenir sous les feux de la rampe avec des compilations qui se vendront comme des petits pains. En 95, il fait un tabac lors d'un concert organisé en faveur de AIDES où il reprend tous ses tubes.
Il retourne en Amérique, et cède cette fois à l'appel de la chirurgie esthétique. Une coquetterie ; il s'est fait refaire les lèvres, ce qu'il regrette aujourd'hui amèrement. C'est raté ! confie-t-il dans "Salut les Terriens" de Thierry Ardisson ! on ne voit que ça ! À l'époque on utilisait du silicone, je suis allé voir plusieurs médecins depuis, mais c'est irrattrapable ! et de conclure, non sans autodérision «On m'a conseillé dernièrement de me faire retendre la peau du cou, mais est-ce que ça me rendrait plus heureux ? Si demain on me propose le rôle de Dracula dans un film, ça pourrait être plus marrant avec ma tête non ? Alors, à quoi bon». dit-il de sa voix pâte d'amandes avec un fond d'accent vaudois.
En 1998, Il s'installe dans un beau quartier à Barcelone, bouge pas mal dans cette ville qu’il aime pour sa jeunesse et son dynamisme, sort un single intitulé «Rester cool», qui sera suivi deux ans plus tard d'un autre single très dance : «Ça c'est Paris». Il tente plusieurs come-back, écrit ses mémoires, «les bleus au coeur» où il raconte l'ascension et la descente, l'alcool, la drogue, les cures de désintoxication en Angleterre où il écoute Frankie Goes to Hollywood en rêvant de revenir au premier plan. Et il continue de composer des musiques pour d'autres artistes.
Lancée en 2006, la tournée musicale "Âge tendre et tête de bois", réunit de nombreuses stars des années yéyé et disco. Dès la deuxième saison, Patrick Juvet, (Le benjamin de la tournée.... rire!) y interprète les tubes qui ont fait son immense succès. Son public ? : tous les âges, des vieux, des jeunes, des familles.
Juvet a l'oeil toujours aussi bleu, un sourire d'ange déchu, et une silhouette qui n'est plus celle du petit prince du disco.....
Avant tout, je suis content de chanter enfin en live - confie-t-il au journal la dépêche en 2018 - Les gens sont surpris de savoir qu'on sait encore chanter ! On est accompagnés de musiciens fantastiques. En dehors de la tournée, je fais beaucoup de galas avec la musique sur bande, mais le fait de chanter avec un orchestre est un bonheur. Et puis il y a un esprit d'équipe sympa. On est dix artistes, avec des styles très différents. On se croise en coulisses et dans les hôtels. Je fais l'entrée de la deuxième partie avec «I love America», j'enchaîne avec un medley et je termine par «Où sont les femmes» C'est festif, tout le monde est debout - Qu'est-ce que j'ai fait dans une vie précédente pour recevoir ce cadeau. Parce que c'est un cadeau !.
Est-il néanmoins nostalgique de certains aspects des années 70 ?
Non, dit-il, mais de vrais fans le sont, eux, à notre place, d'une façon très romantique. Les jeunes sont plus nostalgiques de mon époque que je ne le suis, pour cette vie de paillettes, ces soirées de fous. Moi, je suis heureux dans l'époque actuelle.
Les années 70 Lorsqu'on y pense, c'était beaucoup de folie ! Les déguisements de David Bowie cohabitent avec les grimaces de Louis de Funès et les lunettes d'Elton John. C'était un grand n'importe quoi assez joyeux. Et ces années-là, n'en finissent pas de revenir, elles font un grand retour dans la mode, l'architecture et la décoration, dans nos sociétés plus que jamais, violentes et anxiogènes, certains cultivent une joyeuse nostalgie pour tout ce qui est vintage. Le disco est mort, vive le disco ! Les constructeurs automobiles recyclent leurs anciens modèles : la Fiat 500, la Mini, la Coccinelle, la DS. En Mars 2020 : dans le salon des Français confinés, les stars du petit écran semblent subitement avoir fait un bon dans le passé, Louis de Funès se partage le programme télé avec Lino Ventura en tonton flingueur après quelques épisodes de «bonne nuit les petits» - La saison 2021/2022 de la mode a lancé un brillant défi à la grisaille ambiante...Pour les nostalgiques de la nuit, robes lamées façon Studio 54 sont recrées par le couturier Alexandre Vauthier. Chez Givenchi on rend même la nudité sophistiquée ! Et quel sera le prochain motif à porter ? Le plus graphique possible, genre papier peint des années 70. Ha ça alors !
Quant à la scène, elle revendique également des influences vintage, par exemple Bénabar avec ses références au show Carpentier. Calogero fait apparaître Casimir, le monstre orange (l'idole de mon enfance - rires-) dans le clip de sa chanson «C'est dit». Les jeunes qui vivent à mille à l'heure et réclament de l'innovation sans arrêt, sont dans le même temps, plongés dans le passé à ressortir les vieux vinyls ! Les nouveaux lieux branchés semblent tout droit sortis de la France des années 70...
La vision de cette période est donc davantage dictée par les souvenirs inculqués par les adultes qui l'entourent : Les témoignages, les choses vues à la télé, dans des vidéos et autres. Ce que nous gardons de cette période, ce n'est pas le fond, ce sont des images et des sons. Ce n'est donc pas un retour aux années 1970 auquel nous assistons, mais à son iconographie, à des images telles qu'elles ont été retenues. C'est à la toute fin des années 70 qu'apparait le trouble, le doute. Et si on s'étaient trompés ? Rétrospectivement, c'est un exercice intéressant de penser à tout ça !
J'allais clore cet article lorsque la triste nouvelle est tombée : Le 1er Avril 2021, Patrick Juvet, a été retrouvé sans vie dans son appartement à Barcelone. Il avait 70 ans. RIP.