23 Juin 2022
Ces Italiens ont quitté leur péninsule natale pour Paris, bien décidés à faire briller la Ville Lumière dans le firmament de l'élégance.
De père sicilien et de mère toscane, il est né le 9 février 1933 à Tunis au sein de la communauté italienne immigrée. Après l'obtention d'une licence en lettres modernes, il enseigne l'italien au collège. En 1962, il s'installe à Paris et commence à confectionner des accessoires et bijoux fantaisie d'inspiration orientale. Trois ans plus tard, avec sa femme Michelle, il créé sa première entreprise d'accessoires de mode. Le succès est immédiat.
En 1971, il s'installe au 65, rue Saint-Honoré, à Paris. Dans les années 70, ses jerseys de soie, ses mailles en lurex et ses robes à trois anneaux sont portées par des icônes, telles Claudia Cardinale, Sophia Loren, Romy Schneider, Dalida, Jane Birkin et Brigitte Bardot. À partir de 1975, il lance sa ligne de parfums. En 1988, il reçoit la Légion d'honneur. Alors que la mode impose d'autres diktats, Azzaro garde sa clientèle de fidèles attachées à son élégance intemporelle. De l'autre côté de l'Atlantique, les stars d'Hollywood tombent sous l'emprise de ses drapés. Nicole Kidman, Liz Hurley et Sharon Stone enfièvrent les tapis rouges dans des tenues qui attirent tous les flashs.
Le 20 novembre 2003, le «couturier de la nuit, le couturier des étoiles» meurt à Paris à l'âge de 70 ans.
Son histoire commence le 15 août 1944, dans une famille de la petite bourgeoisie de la province de Milan. Après des études au lycée scientifique, il s'inscrit à la faculté d'architecture. En parallèle, pour ses amies, il dessine des bijoux et des accessoires fabriqués avec des matériaux inhabituels, provenant de magasins de bricolage et de quincaillerie. Remarquées, ses créations lui ouvrent les portes de la mode milanaise. À partir de 1973, pour le compte d'une entreprise de Gênes, il voyage en Inde, où il retourne régulièrement pendant six ans. En 1978, avec Franco Mattioli, il créé la société Gianfranco Ferré Spa. La même année, il présente sa première collection femme, suivie, quatre ans plus tard, de la collection homme. Ses études d'architecture lui inspirent des lignes épurées et très équilibrées, des effets géométriques, des jeux graphiques ; il prête une attention particulière aux volumes et aux coupes. Il réalise ses vêtements avec des matériaux différents et hétéroclites : lycra, jersey, cuir, laine...et met en avant les chemises blanches, «point de départ pour relire les canons de l'élégance». En 1982, sa société déménage via della Spiga, la rue la plus branchée de Milan, et son travail est reconnu au niveau international.
En 1989, Bernard Arnault lui confie le poste de directeur artistique de la maison Dior.
La désignation d'un étranger à la tête de l'une des plus prestigieuses maisons de couture française provoque un tollé dans la presse. Mais sa première collection est un triomphe. La presse capitule et évoque «une étoile», «la furie italienne», «le géant milanais qui prend la torche de Dior». Cette année-là, la consécration est totale lorsque le Dé d'or lui est remis. En 1996, il quitte Dior pour retourner à Milan, mettant ainsi fin à «sa double vie». Car, depuis le début de son aventure parisienne, «The Tailor of two cities» n'a jamais abandonné Milan et sa maison, où il meurt le 17 juin 2007.
Le plus français des tailleurs italiens est né à Reggio de Calabre le 5 septembre 1927 dans une famille modeste. Très tôt, il comprend qu'il veut être «le plus grand tailleur pour hommes». À 24 ans, sans un sou en poche, il s'installe dans une chambre de bonne sans chauffage rue Richelieu à Paris. Après quelques années de formation, il fonde sa maison dans un appartement de la rue de la Boétie. Il devient célèbre pour la réalisation de pièces sur mesure et pour la coupe rigoureuse de ses robes. Entre 1970 et 1980, ses vestes à trois boutons, ses manteaux en cachemire et ses pantalons cigarette habillent les chefs d'État et les acteurs de Hollywood. Ses clients s'appellent Sean Connery, Jean-Paul Belmondo, le roi Hassaan II du Maroc, Charles Aznavour...etc. Smalto est également l'«habilleur officiel» de l'équipe de France de football.
La spécificité du couturier : des costumes légers et souples, son smoking foulard en crêpe de Chine à 380 grammes bat d'ailleurs des records de légèreté. Il en fera sa marque de fabrique. Son autre spécificité ? Son souci du détail. Françoise Sagan disait du tailleur : «C'est un de ces rares hommes à pouvoir mêler luxe et sobriété, quotidien et éclat. C'est un artiste et un seigneur».
C'est le président de la République du Gabon qui a entraîné sa chute. Francesco Smalto est condamné pour proxénétisme aggravé en 1995, pour avoir livré, avec ses costumes de choix, des «accompagnatrices» de marque à Omar Bongo. Il laisse la direction de sa maison de couture. Il meurt le 5 avril 2015 à Marrakech. Dans une interview de 2011, il déclarait : «J'ai quitté mon pays en 1951 et, soixante ans plus tard, je ne me sens plus du tout italien. D'ailleurs, je rêve en français».
Sous le ciel de Paris, le jeune Ivo de Monsummano enchaîne les petits boulots. À l'occasion, il pousse la chansonnette. Trois petites notes de musique, fredonnées pour l'éternité.
Ivo Livi est né le 3 octobre 1921, en Toscane. Son père, Giovanni, est membre du nouveau parti communiste italien crée en janvier 1921. C'est l'époque où le régime fasciste se met peu à peu en place dans la péninsule. Pour échapper à la misère et aux violences dont il est la cible, Giovanni Livi se réfugie en France en février 1924. Il emmène son épouse, Guiseppina Simoni, sa fille Lidia, et ses deux garçons, Giovanni et Ivo. L'intention du père est de s'exiler aux USA. Mais les services de l'immigration ont modifié les critères d'entrée sur le sol américain : la famille Livi demeurera en France. En 1929, elle obtient la nationalité française.
Très vite le jeune Ivo (Yves après naturalisation) exerce différents petits emplois. il travaille notamment dans le salon de coiffure de sa soeur, où il chantonne en massant les cuirs chevelus. Son entourage, séduit, l'encourage à participer à des concours de chanteurs amateurs. À 16 ans, il se fait remarquer en imitant Maurice Chevalier, Fernandel et des personnages de Walt Disney. Quant on lui conseille de prendre un pseudonyme, il adopte le nom d'Yves Montand, en souvenir de sa mère, qui l'appelait par la fenêtre d'un «ivo, monta». Il se produit ensuite dans quelques cabarets, et un compositeur lui écrit son premier succès, «Dans les plaines du Far West». Rn 1944, il rejoint Paris et passe en première partie d'Édith Piaf au Moulin-Rouge. La Môme devient sa partenaire à la ville comme à la scène et le présente à toutes ses relations. Il signe ensuite un contrat avec la Warner. Son ami Prévert lui fait découvrir Saint-Paul-de-Vence, où il rencontre Simone Signoret, sa femme de 1951 à 1985.
D'abord adulé pour ses talents de chanteur et de showman, Montand attire de grands réalisateurs européens et américains, avec lesquels il confirme l'épaisseur de son talent d'acteur. Parmi plus de 70 films, le rôle du Papet de Jean de Florette et de Manon des sources, réalisés par Claude Berri, peut se présenter comme le compendium de la singularité d'Yves Montand.
La profondeur du Papet, vieux paysan retors qui souhaite assurer sa succession, coûte que coûte, colle si bien à Montand, qui a atteint les sommets sans avoir d'enfants, reconnus ! Après quarante-six ans de carrière, Yves Montand décède le 9 novembre 1991. Il est inhumé au Père-Lachaise, au côté de Simone Signoret. Monument du patrimoine culturel français, il n'a jamais oublié sa terre natale : «Pour moi l'Italie, c'est la lutte de mon père, le combat pour survivre, même si j'étais petit, j'ai compris ce qu'était l'injustice, l'oppression, l'humiliation. Toute ma vie en a été influencée». Il faut certainement trouver là l'explication fondamentale qui a toujours poussé Ivo à monter toujours plus haut.
Natif de Livourne, une ville portuaire de Toscane, le jeune Amedeo Modigliani rejoint Paris en 1906. Alors âgé de 22 ans, ce beau brun ténébreux, qui a reçu une éducation classique, tournée vers les beaux-arts, a choisi de vivre dans la capitale française parce qu'elle était alors un lieu d'effervescence artistique à nul autre pareil. Grâce à l'argent que lui a confié sa mère, il a les moyens de résider quelques semaines dans les quartiers les plus huppés. Ainsi commence-t-il par prendre une chambre dans un hôtel situé près de la place de la Madeleine, dans le 8e arrondissement. C'est à partir de cette époque que l'artiste va partir au-devant de son destin, travaillant à l'épanouissement d'un style singulier, reconnaissable entre tous. Et ce, jusqu'à sa mort, en 1920, quand il sera emporté par la tuberculose et les excès en tout genre - alcool, drogues....etc.
Vivant de peu, Modigliani est obligé de déménager régulièrement, allant d'hôtel en hôtel. Il doit aussi quitter son atelier de la rue Caulaincourt en 1907. Il s'installe place Jean-Baptiste-Clément, d'où il est rapidement expulsé. Dans cette vie mouvementée, un heureux hasard lui permet de faire la connaissance d'un jeune médecin féru d'art : Paul Alexandre. Celui-ci vient d'inaugurer un phalanstère d'artistes au numéro 7 de la rue du Delta, dans le 9e arrondissement, et invite Modigliani à les rejoindre. Des réunions et des expositions y sont organisées. Ainsi que des soirées mémorables où le vin coule à flots. Modigliani fréquente le lieu assidûment jusqu'en 1909, année où la maison est démolie. Le phalanstère est alors transféré sur l'actuelle place Charles-Dullin (18e), près du théâtre de l'Atelier.
En 1916, Modigliani fait une nouvelle rencontre décisive : celle du poète polonais Léopold Zborowski, qui fait pour lui office de marchand. Il réalise alors plusieurs séries de nus.
Au printemps 1917, Jeanne Hébuterne, étudiante en beaux-arts de 19 ans, devient sa compagne. Zborowski les aide à s'installer au 8, rue de la Grande-Chaumière (6e), où le peintre italien va connaître trois années particulièrement productives. Il dispose enfin d'un lieu dans lequel se projeter et ne plus être à la merci du lendemain. Modigliani réalise notamment 16 portrait de sa muse. Ils ont une fille, Giovanna, en 1918. La reconnaissance de son travail commence à venir. Il s'apprête même à être père pour la seconde fois quand en ce 24 janvier 1920 la maladie le terrasse. Jeanne, ne supportant pas sa disparition, se suicide.
📌Je pourrais continuer ces récits avec Rossini, Bellini et leur musique d'opéra ainsi que le ténor Roberto Alagna, ou Luciano Pavarotti, puis poursuivre avec le clan des acteurs Italiens que formèrent : Michel Piccoli, Serge Reggiani et Lino Ventura en passant par Stellio Lorenzi un hérétique à l'ORTF, les Fratellini et tant d'autres artistes Italiens, puis les sportifs comme Jules Rossi, Raphaël Geminiani, Roger Piantoni et Michel Platini, etc.
Ettore Bugatti n'est pas issu d'une famille modeste de paysans, comme la plupart des Italiens venus en France. Né le 15 septembre 1881 à Milan, il est le fils d'un artisan d'art ébéniste qui jouit d'une réputation internationale. Carlo Bugatti obtient notamment la médaille d'argent à l'Exposition universelle de 1900 à Paris, ville dont le rayonnement artistique l'attire et dans laquelle il s'installe en 1904. C'est en Italie qu'Ettore passe sa jeunesse. À 18 ans, il participe à sa première course et, surtout, monte un premier véhicule à quatre roues alors qu'il travaille pour une fabrique milanaise de bicyclettes. Le premier modèle qu'il conçoit est récompensé lors d'une exposition dans la capitale lombarde et attire l'attention d'une famille alsacienne de grands propriétaires terriens et de maîtres de forge qui, avec la révolution industrielle, a pris le virage de la construction ferroviaire et mécanique.
Il propose à Bugatti de travailler à la fabrication de véhicules automobiles Reichshoffen. Ainsi, le hasard fait de l'Alsace, qui n'est pas une région première de l'immigration italienne, le berceau de sa réussite - auquel il sera toujours fidèle. Il collabore ensuite avec Émile Mathis, avec qui il produit à Graffenstaden la fameuse Hermès ou encore, à l'heure où l'Alsace est allemande, avec le constructeur de Cologne Deutz.
En 1909, Ettore Bugatti fonde sa propre marque et installe son usine à Molsheim, dans une ancienne teinturerie. Les voitures produites impressionnent par la qualité et leur finition, alors que les premiers résultats en compétition lui assurent une belle promotion. Il élabore par ailleurs des moteurs pour les aviations française et américaine au cours de la Première Guerre Mondiale.
Une fois la paix revenue, les bolides à la couleur bleue emblématique et à la calandre en forme de fer à cheval remportent à plusieurs reprises les courses les plus prestigieuses : la Targa Florio sur les routes sinueuses de Sicile, le Grand Prix de Monaco ou encore la course du Mans. Les pilotes français ou italiens, évoluent sous la houlette du fils aîné d'Ettore, Jean, qui perd malheureusement la vie dans un accident lors d'une séance d'essai en 1939.
La marque se distingue également dans la fabrication et la vente d'automobiles à des particuliers souvent fortunés. Selon la formule d'Ettore Bugatti, «rien n'est trop beau ni trop cher».
L'harmonie des lignes de la Bugatti, Royale, avec son moteur puissant et son bouchon de radiateur en forme d'éléphant dressé (dessiné par Rembrandt, le frère d'Ettore, ancien élève de Rodin), en fait l'emblème de l'élégance, du luxe, mais aussi de l'innovation technologique.
Le millier de brevets déposés par Ettore Bugatti témoigne du travail mené par ses ingénieurs, recrutés parmi les meilleurs.
L'entrepreneur sait aussi s'adapter aux effets de la crise de 1929 en investissant le secteur ferroviaire. En 1933, il livre au réseau français un autorail, considéré parmi les plus modernes et les plus rapides de son époque. Il s'associe avec l'ingénieur Belge Louis de Monge pour mettre au point un avion de course voué à battre le records du monde de vitesse. La Seconde Guerre Mondiale porte néanmoins un coup d'arrêt à ce projet, comme au reste de l'activité de l'entreprise.
En 1940, les Allemands, qui occupent l'Alsace l'obligent à céder son usine de Molsheim à un fabricant de véhicules militaires. S'il parvient après le conflit à en reprendre possession, les grandes heures de Bugatti semblent passées.
Le décès d'Ettore en 1947, peu de temps après sa naturalisation, scelle le déclin de la marque, malgré les efforts de son deuxième fils, Roland. En 1956, la production de voitures cesse. Les frères Schlumpf, qui ont fait fortune dans le textile, rachètent les belles Bugatti pour enrichir leur immense collection, visible aujourd'hui à la Cité de l'automobile de Mulhouse.
Bugatti n'appartient pas seulement au patrimoine Alsacien. Elle continue de contribuer au dynamisme de sa région d'origine. Elle est rachetée en 1963 par la marque Hispano-Suiza, associée ensuite à l'entreprise Messiers, pour former Messier-Hispano-Bugatti. Spécialisé dans les fonctions d'atterrissage et de freinage des aéronefs, le groupe, désormais appelé Safran Landing Systems, développe toujours une partie de sa production à Molsheim. C'est aussi sur le site historique de Bugatti que le groupe Volkswagen décide à la fin des années 1990 de redonner à la marque ses lettres de noblesse par la fabrication de bolides d'exception. Bugatti demeure un symbole de perfection à la française et ...à l'Italienne.
De la légendaire Type 35 aux monstres actuels que sont la Veyron ou la Chiron, découvrez la légende de cette marque unique en son genre à travers son histoire ainsi que celle de son génial créateur, Ettore Bugatti. ▼