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Bob Marley le prophète du reggae..

Qui n'a pas en tête au moins l'un des refrains de Bob Marley ? Qui s'intéresserait à la Jamaïque, son île de naissance, s'il n'avait attiré sur elle l'attention du monde entier ? 

En 1974, l'Occident découvre ce métis aux cheveux tressés, qui se dit descendant du peuple élu, appelle à un soulèvement mondial contre les oppressions matérielles et spirituelles et fait découvrir au monde entier le reggae, musique descendant du ska, au rythme souple et lancinant. Très lié au rastafarisme, un mouvement religieux prônant, entre autres, le retour des descendants d'esclaves en Afrique, le style conquiert le monde dans les années 1970 grâce à Bob Marley, icône rebelle du tiers-monde qui fait chalouper les foules, de Los Angeles à Harare, la capitale du Zimbabwe, en passant par Paris. 

Dans sa jeunesse, à la Jamaïque, Bob préfère le football aux études, mais il baigne déjà dans un climat musical. En effet, sa mère pratique et écrit des chants religieux. Pour nombre de jeunes jamaïcains, la musique représente l'un des rares moyens d'échapper à la misère des ghettos ou au travail harassant dans les mines de bauxite. 

Les débuts de Bob Marley sont difficiles. Il s'associe avec Jimmy Cliff pour former en 1963 The Wailers. Un groupe rebelle qui célèbre les gangsters dans ses chansons et se taille une solide réputation dans le ghetto dur de Trenchtown. Bob Marley, la voix du groupe, prône la prochaine libération du peuple noir. Coiffé d'un béret aux couleurs de la Jamaïque et un colt à la main, il pose en tenue de Black Panther, mouvement nationaliste noir. 

En même temps qu'il fait évoluer le ska primaire, binaire, vers le reggae, bien plus fluide, Bob Marley s'enracine chaque jour davantage dans la culture rasta. À partir de 1971, la réputation des Wailers dépasse le simple territoire des îles de la Caraïbe. 

L'album Burnin' est un succès. Il contient de nombreux classiques : Get Up Stand Up ; Put it on ; et surtout I Shot The Sheriff, inspiré par la violence qui règne en Jamaïque. La reprise de cette chanson par Eric Clapton se classe n°1 aux États-Unis. Mais le groupe se disloque, deux des trois Wailers originaux quittent le groupe.  

Pour leur prochaine tournée, les Wailers se produisent avec I-Threes, un groupe de femmes dont les membres comprenaient Marcia Griffiths, Judy Mowatt et la femme de Marley, Rita. Maintenant appelé Bob Marley & The Wailers, le groupe a fait de nombreuses tournées et a contribué à accroître la popularité du reggae à l'étranger. En Grande-Bretagne en 1975, ils ont marqué leur premier succès dans le Top 40 avec «No Woman, No Cry» 

En Jamaïque, il est considéré comme un dieu vivant, héritier du rebelle Marcus Garvey et du roi éthiopien Hailé Sélassié.  Marley devenait une icône de la musique internationale. Il était bien classé dans les charts américains avec l'album «Rastaman Vibration» en 1976. Un morceau se démarque de l'album :  le cultissime «War». «Tant que la philosophie qui tient une race pour supérieure et l'autre inférieure ne sera pas définitivement discréditée et abandonnée, il y aura la guerre...» Ce morceau ô combien humaniste et pacifiste est directement et en partie tiré du discours de l'empereur Haïlé Sélassié (considéré comme le chef spirituel du mouvement rastafarien) en 1963 devant les Nations Unies à New York. Peut-être le titre le plus emblématique de Bob Marley, et du reggae tout entier. Un plaisir pour les oreilles ! 

Kingston Jamaïque
Kingston Jamaïque

De retour en Jamaïque, Marley est toujours considéré comme un partisan du parti national du peuple. Mais son influence est perçue comme une menace pour les rivaux du PNP. Au cours d'un concert, il oblige les deux leaders politiques de la Jamaïque à se serrer la main, provoquant une trêve miraculeuse dans leur lutte sanglante. Mais l'espoir est de courte durée.  Cela a peut-être conduit à la tentative d'assassinat de Marley en 1976. Un groupe d'hommes armés a attaqué Marley and the Wailers alors qu'ils répétaient dans la nuit du 3 décembre 1976, deux jours avant un concert prévu au National Heroes Park de Kingston. Une balle a frappé Marley dans un bras, et une autre a touché sa femme, Rita, à la tête. Heureusement, les Marley n'ont pas été gravement blessés, mais le manager Don Taylor n'a pas été aussi chanceux. Il a du subir une intervention chirurgicale qui lui sauvera la vie. Malgré l'attaque et après de longues délibérations, Marley a continué les spectacles et la motivation derrière cette attaque n'a jamais été élucidée. 

Mais Marley, désabusé par la politique, préfère militer par la musique. Ses messages tiers-mondistes dénoncent en particulier les politiciens corrompus qui abandonnent leur peuple dans la famine.

Vivant désormais à Londres, en Angleterre, Marley travaille sur un nouvel album «Exodus», qui a été publié en 1977. La chanson titre trace une analogie entre l'histoire biblique de Moïse et les Israélites quittant l'exil et sa propre situation. «Exodus» a remporté un grand succès en Grande-Bretagne, et l'album entier est resté dans les charts britanniques pendant plus d'un an. Aujourd'hui, Exodus est considéré comme l'un des meilleurs albums jamais réalisés. 

Les problèmes de santé de Bob Marley ont débuté en 1977. Un orteil, le faisait souffrir et des cellules cancéreuses ont été découvertes dans ce dernier. Les médecins ont suggéré une amputation, cependant Marley a refusé de subir l'opération, parce que ses croyances religieuses l'interdisaient. 

Chansons de la rédemption 

Tout en travaillant sur Exodus, Marley et les Wailers ont enregistré des chansons qui ont ensuite été publiées sur l'album Kaya (1978). Avec l'amour comme thème, l'oeuvre comporte deux succès : «Satisfy My Soul» et «Is This Love». Toujours en 1978, Marley retourne en Jamaïque pour donner son «One Love Peace Concert».  Cette même année, Marley fait son premier voyage en Afrique et visite le Kenya et l'Éthiopie - une nation particulièrement importante pour lui, car elle est considérée comme la patrie spirituelle des Rastafariens. Peut-être inspiré par ses voyages, son prochain album, «Survival» (1979), a été perçu comme un appel à la fois à une plus grande unité et à la fin de l'oppression sur le continent africain.  

L'album «Uprising» a eu un énorme succès international,   sorti en 1980, il comprend «Could You Be Loved» et «Redemption Song».  Connue pour ses paroles poétiques et son importance sociale et politique, «Redemption Song» épurée et folklorique est une illustration de talents de Marley en tant qu'auteur-compositeur. Une ligne de la chanson dit «Émancipez-vous de l'esclavage mental ; personne d'autre que nous ne peut libérer notre esprit». 

En tournée pour soutenir l'album, Bob Marley & The Wailers ont voyagé à travers l'Europe, se produisant devant d'énormes foules. Ils avaient également prévu une série de concerts aux États-Unis, mais le groupe n'y donnera que trois concerts - deux au Madison Square Garden de New York et un au Stanley Theatre de Pittsburgh, en Pennsylvanie - avant que Marley ne tombe gravement malade. Le cancer découvert plus tôt dans son orteil s'était propagé dans tout son corps. 

Mort et mémorial 

En voyageant en Europe, Marley a suivi un traitement non conventionnel en Allemagne et a ensuite pu combattre le cancer pendant des mois. Cependant, il est rapidement devenu évident qu'il ne lui restait plus beaucoup de temps à vivre, alors le musicien décide de retourner une dernière fois dans sa chère Jamaïque. Malheureusement, il n'a pas réussi à terminer le voyage, mourant à Miami, en Floride, le 11 mai 1981 à l'âge de 36 ans. Peu de temps avant sa mort, en 1980,  il avait reçu l'Ordre du mérite du gouvernement jamaïcain et la médaille de la Paix des Nations Unies. Plus de 30 000 personnes ont rendu hommage au musicien lors de son service commémoratif, tenu à la national Arena de Kingston, en Jamaïque. 

Bob Marley à Munich en 1980 - ♪♫ Get Up, Stand Up ♫♪

Celui qui fera le meilleur écho du reggae en France dès 1979, sera Serge Gainsbourg. Hormis les textes, il récupérera la musique reggae sans la dénaturer. (Aux armes et cætera -1979) - La reprise de la Marseillaise fera controverse et permettra à Gainsbourg de doper ses ventes.

Bernard Lavillier

Le reggae, Bernard Lavilliers est tombé dedans quand il était encore un jeune chanteur. Il se rend dans la terre natale du reggae et rencontre de grands noms de l'époque, comme Bob Marley. En 1980, il sort l'album «O Gringo» contenant notamment le titre «Stand the Ghetto», regard du chanteur français sur la Jamaïque. La chanson très reggae fait un carton à l'époque. En 2004, il lance l'album reggae «Carnets de bord». Il fait un duo sensationnel avec Tiken Jah Fakoly, un cador du reggae, sur la chanson «Question de peau», tirée de l'album. Puis en 2008, c'est la sortie de «Samedi soir à Beyrouth», enregistré en partie en Jamaïque. Les deux albums font sensation auprès d'un public averti. Son amour du reggae n'est plus à prouver.

A travers toute la planète, la culture musicale populaire se connecte au reggae.

Alpha Blondy
Alpha Blondy

 

Le continent Africain n'est pas en reste ....Comme leurs frères Jamaïcains, les artistes africains ont également des messages politiques et des revendications sociales à faire entendre. En côte d'ivoire, le reggae de Seydou Koné, dit «Alpha Blondy» est encore aujourd'hui synonyme d'engagement. Il a été nommé ambassadeur des Nations Unies pour la paix en Côte d'Ivoire en 2005. 

Le comité de L'Unesco a inscrit en 2014, sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'Humanité, le reggae Jamaïcain. L'Unesco a souligné «la contribution» de cette musique à la prise de conscience internationale «sur les questions d'injustice, de résistance, d'amour et d'humanité». 

Hélène Lee, spécialiste du reggae, retraçait en 2014, sur France Culture, l'autre histoire de ce mouvement musical qui était à l'origine un mouvement de contestation : 

  • Les messages ont énormément varié au cours des périodes. Au départ, c'était essentiellement de la musique instrumentale, parce que c'était encore en pleine colonisation, et il n'était pas question d'écrire des textes révolutionnaires. C'est seulement lorsque la Jamaïque a été indépendante - et encore, pas tout de suite, car le premier gouvernement était encore très néo-colonialiste. Le reggae n'a pratiquement pas eu voix au chapitre jusqu'à l'avènement, dans les années 1980, de radios comme Irie FM. Il y a vraiment eu une sorte d'ostracisation de la musique reggae au niveau national, et c'est grâce à l'international que le mouvement a pu atteindre l'ampleur qu'il a aujourd'hui de créativité et de longévité.  Les textes vraiment politiques ne sont apparus que dans les années 1970. C'est d'ailleurs pour cela que le ska, qui était une musique rapide et dansante, a été obligé de ralentir pour laisser les textes monter à la surface. Et ce rythme lent, lancinant et assez simple qui est celui de Bob Marley est vraiment l'épitomé de ce qu'on peut faire de plus fort pour soutenir une parole militante. 

«Où que vous alliez, quand vous dites que vous êtes de Jamaïque, on vous dit «Bob Marley», se réjouit la ministre jamaïcaine de la Culture, présente lors de l'annonce de l'inscription par l'Unesco. 

Souvent réduit aux joints, aux dreadlocks et aux paroles naïves, le reggae a survécu à la mort de son prophète. Chronixx, Protoje, ou Damian Marley, fils du légendaire chanteur, portent aujourd'hui haut les couleurs vert-jaune-rouge du rastafarisme. Et le dance hall, version numérique et trash du reggae, fascine complètement l'industrie du hip-hop. Des stars mondiales comme Rihanna ou Drake lui empruntent énormément. 

Musée Bob Marley en Jamaïque (cliquez sur les images pour les agrandir) Musée Bob Marley en Jamaïque (cliquez sur les images pour les agrandir)
Musée Bob Marley en Jamaïque (cliquez sur les images pour les agrandir) Musée Bob Marley en Jamaïque (cliquez sur les images pour les agrandir)

Musée Bob Marley en Jamaïque (cliquez sur les images pour les agrandir)

Il serait impensable de visiter la Jamaïque sans visiter le beau Musée dédié à Bob Marley par son épouse Rita en 1987....Le musée se trouve au coeur de Kingston au sein même de l'ancienne maison du chanteur. 

Lorsque l'on songe au reggae, on pense évidemment Bob Marley & The Wailers, mais pas seulement.  Comment ne pas évoquer le pionnier du genre Lee Scratch Perry et le virtuose Jimmy Cliff qui mettra Bob Marley en contact avec Leslie Kong et l'aidera à enregistrer son premier titre «Judge Not». Jimmy Cliff, finira par souffrir du succès de Bob Marley, mais il a su tenir bon puisqu'il compte à ce jour plus de 30 albums à son actif et continue à se produire à plus de 70 ans. Jimmy Cliff tout au long de sa carrière s'est défini comme un artiste "complet".  Sans cesse en quête d'expérience, il a toujours su allier le reggae à d'autres courants musicaux, tandis que Bob Marley, était un vrai militant qui voyait le reggae comme un moyen de véhiculer un message de paix. 

Bob Marley a laissé un héritage musical toujours intact, qu'aucune autre vedette du reggae n'a réussi à éclipser. 

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