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Sombrons nous de plus en plus dans la connerie ?

«Psychologie de la Connerie» sous la direction de Jean-François Marmion, Psychologue et rédacteur en chef du magazine Le Cercle Psy. 

«Psychologie de la Connerie» sous la direction de Jean-François Marmion, Psychologue et rédacteur en chef du magazine Le Cercle Psy. 

Des scientifiques se sont attaqués au phénomène de la connerie pour le comprendre et tenter de le combattre. Il y a quantité d'articles intelligents (c'est le moins qu'on puisse attendre), amusants, originaux, éclairants, et des anecdotes à foison. 

Le bref texte de présentation sur le dos du livre dit ceci   : 

Un monde sans connards est possible ! 

En fait, non. Désolés
Mais ça n'empêche pas d'y réfléchir.

La connerie, chacun la connait : nous la supportons au quotidien.
C'est un fardeau. Et pourtant les psychologues, spécialistes du comportement humain, n'ont jamais essayé de la définir.
Mieux la comprendre pour mieux la combattre, tel est l'objectif de ce livre, même si nous sommes vaincus d'avance.
Des psys de tous les pays, mais aussi des philosophes, sociologues et écrivains, nous livrent ici leur vision de la connerie humaine.
C'est une première mondiale.
Et peut-être une dernière, profitez-en ! 

Ce petit livre de 374 pages, est le fruit de témoignages de philosophes, de sociologues et autres professionnels de la nature humaine, invités à se pencher sur cette douloureuse question : 

La connerie est-elle innée, inévitable, inhérente à chacun, affichée ou sournoisement tapie sous les atours d'une intelligence moyenne ou la simple expression d'une bêtise évidente ? 

Ainsi, dans le chapitre intitulé «Connerie et Post-Vérité» Sébastian Dieguez (neuropsychologue et chercheur au Laboraty for Cognitive and Neurological Sciences de l'Université de Fribourg)  explique ceci : 

Sombrons-nous de plus en plus dans la connerie ? À voir certains développements contemporains, on peut légitimement se poser la question. Des gens apparemment instruits et capables de s'informer librement rejettent aujourd'hui les recommandations scientifiques sur la vaccination et le climat, s'abreuvent de «théories du complot» farfelues, votent allègrement pour des abrutis et souscrivent à des projets stupides, s'indignent contre des bêtises sans intérêt, se passionnent pour des lubies sans lendemain, et certains ont même décidé que dorénavant, pour eux, la Terre serait plate quoi qu'on en dise.  Sur fond de tensions diplomatiques, de terrorisme et de guerres sans fin, de destruction méthodique de notre environnement et d'une économie qui ne profite plus qu'à une poignée d'individus - dont rien n'indique d'ailleurs qu'ils soient particulièrement malins - notre époque semble entièrement vouée au triomphe de la connerie. Participant de ce naufrage, des esprits qui se pensent éclairés y vont de leurs explications toutes prêtes : c'est la faute aux Américains, la société, aux pesticides, aux glucides, au gluten, aux perturbateurs endocriniens, à la gauche, à la droite, aux élites, au bas peuple, aux étrangers et à leurs gènes défectueux, à ces flemmards de profs et aux pédagogues idéologues, aux tablettes et aux ondes qui pourrissent le cerveau.....

Et si, dans le fond, tout cela n'était que du bullshit ? 

Bullshit (équivalent de connerie en anglais)  et post-vérité 

Non que la connerie n'existe pas et que l'état des lieux n'ait rien d'alarmant. J'avance plutôt que ce qui semble être une baisse globalisée de l'intelligence se comprend mieux si on l'interprète comme une augmentation du Bullshit. De fait, la connerie n'est pas ou pas seulement, le contraire de l'intelligence. On peut-être très intelligent et très con : il suffit pour s'en convaincre de mettre n'importe quel intellectuel à son poste politique ou d'encourager tel expert à s'exprimer sur un sujet qu'il ne connaît pas. Ce qu'il produira alors se nomme du bullshit. 

Selon la célèbre analyse qu'en fournit le philosophe Harry Frankfurt, l'essence du bullshit est une indifférence à l'égard de la vérité. Contrairement au menteur, qui doit toujours garder un oeil sur la vérité afin de la travestir ou de la dissimuler, le bullshitteur n'en a cure. Il déblatère tout ce qui lui passe par la tête, du moment que ça peut l'arranger, sans le moindre souci pour la véracité ou la fausseté de ce qu'il asserte. Il déconne joyeusement, et pour ce faire il dispose de multiples stratégies : noyage de poisson, enfumage, changement de sujet, obscurantisme, lyrisme, solennité affectée, langue de bois, discours creux, foutage du gueule....Peu importe la manière ou le contexte, le bullshitteur cherche à «s'en tirer» à bon compte, en faisant comme s'il disait quelque chose, alors qu'il ne dit rien, dans le sens où il ne transmet aucune information pertinente. Le bullshit est donc une forme de camouflage épistémique : il se fait passer pour une contribution à la discussion, tout en faisant obstruction à son avancée. C'est le contraire du progrès discursif, en somme. 

Pourquoi tolère-t-on un tel parasite intellectuel ? Après tout le menteur, lorsqu'il est démasqué, se voit généralement réprouvé, méprisé et désavoué. Le bullshitter, lui, semble sévir en toute impunité. Frankfurt laissait cette question ouverte, «à titre d'exercice pour le lecteur», mais il semble que certaines dispositions psychologiques, couplées à des facteurs sociaux et culturels particuliers, permettent d'expliquer ce curieux phénomène. D'une part, nous semblons excessivement charitables envers le bullshit : si quelqu'un dit n'importe quoi, notre premier réflexe est de tenter de trouver un sens à son discours, d'inférer en quoi il est pertinent dans la situation donnée, et au besoin d'y fournir une interprétation qui satisfasse à ce besoin. 

D'autre part, le bullshit peut également profiter d'une certaine culture ambiante : si l'aplomb, la certitude de soi, l'authenticité et la sincérité sont davantage valorisés que le simple fait de dire quelque chose de clair et de correct , alors le bullshit non seulement passera inaperçu, mais pourra prospérer. Etc...

Bref, les nuisances que produisent la connerie sont infinies. 

Pourtant le connard peut se révéler très intelligent. Et il important de distinguer le con et connard, la conne et la connasse, l'imbécile et le crétin, le bête et l'animal, l'idiot et le village, séparer la nouille de la truffe, le benêt du simplet, la gourde de la cruche...En résumé, il faut savoir séparer le bon grain de l'ivraie pour distinguer le faux con du vrai.  

Internet, réseaux sociaux, connerie globale, fake news, théories du complot en passant par Donald Trump et la propension à croire aux inepties les plus évidentes : Psychologie de la connerie passe en revue (survole parfois) les grands thèmes de notre époque qui tendent à prouver que la connerie règne en maître.sse sur la destinée de millions d’hommes et de femmes. En n’opposant pas systématiquement  intelligence et connerie, en mixant histoire, littérature, arts, sciences, sociétés, justice, l’essai s’attache à définir la connerie depuis toutes ses composantes possibles.

Au sommaire : 

  • L'étude scientifique des cons par Serge Ciccotti ( Psychologue et chercheur associé à l'université de Bretagne sud) 
  • La typologie des cons par Jean-François Dortier (fondateur et directeur du Cercle Psy et de Sciences humaines)
  • La théorie des Connards (rencontre avec Aaron James, professeur de philosophie à l'Université de Californie, Irvine) Le con suprême serait Donald Trump qualifié aussi de «uber-connard» Trump qui inspire le respect pour sa maîtrise du sujet et qui est passé maître dans l'art d'enchaîner connerie sur connerie avec un aplomb qui force l'admiration.  Un grand nombre d'Américains, quel qu'ait été leur statut social, se sont reconnus dans son incivilité, ses haines, son comportement extravagant, ses idées simplistes, ses positions manichéennes, ses théories du complot, son racisme et son exaltation de la grandeur des États-Unis. 
  • De la bêtise à la foutaise par Pascal Engel ( Philosophe et directeur d'études à l'école des hautes études en sciences sociales) 
  • Un être humain, ça se trompe énormément par Jean-François Marmion (Psychologue et rédacteur en chef du magazine Le Cercle Psy) 
  • Connerie et biais cognitifs par Ewa Drozda-Senkowska (Professeur de psychologie sociale à l'Université Paris Descartes) 
  • La pensée à deux vitesses, rencontre avec Daniel Kahneman (Professeur émérite de psychologie à l'Université de Princeton - Prix Nobel d'économie) 
  • De la connerie dans le cerveau par Pierre Lemarquis (Neurologue et essayiste) 
  • La connerie en connaissance de cause par Alexandre Thalmann ( Docteur en sciences naturelles, professeur de psychologie au Collège Saint-Michel de Fribourg) 
  • Pourquoi les gens très intelligents croient-ils parfois à des inepties ? Par Brigitte Axelrad (Professeure honoraire de philosophie et de psychologie) Les passages sur Jimmy Carter et Steve Jobs sont extrêmement bien choisis pour étayer la thématique des gens très intelligents qui croient néanmoins parfois à des inepties.  
  • Pourquoi nous trouvons du sens au coïncidences, rencontre avec Nicolas Gauvrit (Psychologue et mathématicien. Professeur à l'ESPE Lille Nord-de-France, Membre institutionnel du laboratoire universitaire Cognitions Humaines et Artificielles.) 
  • Le langage de la connerie par Patrick Moreau ( Professeur de littérature au collège Ahuntsic de Montréal, rédacteur en chef de la revue Arguments) 
  • Les émotions ne rendent pas (toujours) stupides, rencontre avec Antonio Damasio (Professeur de neurologie et directeur du Brain and Créative Institute, à l'Université de Californie du Sud à Los Angeles)
  • Connerie et narcissisme par Jean Cottraux (Psychiatre honoraire des Hôpitaux, membre fondateur de l'Académie de Thérapie Cognitive de Philadelphie.) 
  • Les pires manipulateurs médiatiques ? Les Médias ! - Rencontre avec Ryan Holiday (écrivain, ancien directeur marketing, chroniqueur du New York Observer) 
  • Les réseaux sociaux bêtes et méchants par François Jost ( Professeur émérite en sciences de l'information et de la communication à la Sorbonne nouvelle, Paris 3) 
  • Internet la défaite de l'intelligence ? Rencontre avec Howard Gardner ( Professeur en cognition et sciences de l'éducation à la Harvard Graduate School of Education, théoricien des intelligences multiples)
  • Connerie et Post-Vérité de Sébastien Dieguez (Neuropsychologue et chercheur au Laboratory for Cognitive and Neurological Sciences de l'Université de Fribourg) 
  • Les métamorphoses des sottises nationalistes par Pierre de Senarclens ( Professeur honoraire de relations internationales à l'Université de Lausanne, ancien haut fonctionnaire de l'UNESCO et de la fédération internationale de la Croix-Rouge)
  • Comment lutter contre les erreurs collectives ? Par Claudie Bert (Journaliste scientifique spécialisée en sciences humaines) 
  • Pourquoi nous consommons comme des cons - Rencontre avec Dan Ariely (Titulaire de la chaire d'économie comportementale au MIT.) 
  • L'Humain l'espèce animale qui ose tout par Laurent Bègue ( Membre de l'Institut Universitaire de France et directeur de la Maison des Sciences de l'homme.) 
  • Que faire contre les connards par Emmanuelle Piquet (Psychopraticienne fondatrice des centres Chagrin Scolaire) 
  • La connerie vue par les enfants - Rencontre avec Alison Gopnik (Professeure de psychologie et de philosophie à Berkley.) 
  • Rêvons-nous des conneries ? par Delphine Oudiette ( chercheuse à l'Institut du Cerveau et de la Moelle épinière dans l'équipe «Motivation, cerveau et comportement». 
  • La pire bêtise, c'est de se croire intelligent - Rencontre avec Jean-Claude Carrière (écrivain et scénariste) 
  • Vivre en paix avec ses conneries - Par Stacey Callahan - (Professeure de psychologie clinique et psychopathologie ) l'Université de Toulouse 2 - Jean Jaurès.) 
  • La connerie est le bruit de fond de la sagesse - Entretien avec Tobie Nathan (Professeur émérite de psychologie à l'Université Paris VII, Vincennes-Saint-Denis, écrivain et diplomate.) 

Ce livre permet de prendre du recul sur la connerie des autres ainsi que la sienne. 

D’aucuns se reconnaîtront «peut-être» dans ce livre ou auront immédiatement à l’esprit telle ou telle personnalité en vue et susceptible d’emporter tous les suffrages du connard ultime, universel. 

Et de conclure souvent que si la connerie est acceptable en tant que telle − on dit, on fait tous des conneries − et fait partie du monde, il en est quelques-unes qui ont été, sont et seront toujours inacceptables parce que le fait d’immenses et odieux et odieuses connasses et connards. Des archétypes aujourd’hui communément admis, du potentat en place au candidat en campagne, du chef de service au soutier, du général au troufion, du voisin de palier au vieil oncle en bout de table à la communion du petit, du pervers narcissique manipulateur à l’incompétent notoire (souvent le même), du fan au fanatique - Il en est du connard comme de la grippe hivernale : il revient toujours, et même un peu plus fort si on ne fait rien pour s’en prémunir.

On a tous en tête un exemple, un nom à donner pour illustrer le propos. ▼

Michael Jackson

Ce blog abrite plus de mille commentaires remplis de bullshit, de propos affligeants, malveillants, choquants,  de procès d'intention, de menaces, et qui étaient là pour expliquer que, quoi que je dise, de toute façon, c'était stupide et mensonger. 

Les Jacksoniens m'ont chassée en meute ! 

Amer constat, la légitime défense est un piège. Essayez de raisonner le con, de le changer, vous êtes perdu !  Pire encore, lutter contre la connerie la renforce. Plus on s'attaque à l'ogre, plus il cannibalise, après tout, le con, lui aussi, veut vous décérébrer : les ratés ne vous rateront pas. Le comble du con, c'est qu'il est parfois intelligent, cultivé en tout cas : il brûlerait bien des livres, et leurs auteurs avec, au nom d'un autre livre, d'une idéologie, ou de ce que lui ont appris de grands maîtres (cons ou non), tant il a le chic pour transformer sa grille de lecture en barreaux de cage.

- Jean-François Marmion -

La connerie est un mélange d'ignorance et d'arrogance qui s'oppose non pas à l'intelligence, mais à la sagesse. Le con croit savoir et avoir raison, et il cultive souvent la cruauté.

Ces comportements sont davantage imputables aux hommes qu'aux femmes. «On trouve dans la connerie une volonté de domination, d'imposer aux autres une façon de penser ou d'agir. Or, ce caractère dominateur, voire sadique, est davantage l'apanage des hommes», concède Jean-François Marmion

L'un des remèdes réside dans sa faculté à douter. Mais attention, pas trop. Car trop hésiter peut conduire à la paralysie. «Il faut avoir des convictions, des valeurs, tout en sachant qu'on peut se tromper. C'est un juste équilibre entre nos émotions et la raison». 

Et enfin, trouver le vaccin contre la stupidité pourrait être néfaste pour notre bien-être. «Si la connerie n'existait pas, il faudrait l'inventer ! Avoir des cons dans notre entourage, cela nous rassure». Sachant qu'on est tous le con de quelqu'un on ne peut être que rassuré(e) ....ou inquiet(e)...

Le succès de ce livre,  a été immédiat. C'est dire si le sujet intéresse autant qu'il intrigue.

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