24 Avril 2019
Avez-vous déjà ressenti de l'incrédulité quand une personne qui vous était chère vous trahissait ?
Peut-être qu'un ami de confiance de longue date vous a donné un coup de poignard dans le dos, mais plutôt que de compromettre cette importante amitié, vous avez tout essayé pour vous sortir du dilemme : «Il a du s'égarer» ; Il n'y a aucune raison qu'il l'ait fait délibérément ; Il n'a pas du réaliser...»
Le sentiment de douleur que l'on éprouve quand quelque chose contredit nos croyances de longue date s'appelle «dissonance cognitive».
Lorsque cela arrive notre cerveau dispose d'une botte secrète pour retrouver l'harmonie. En règle générale, nos choix et nos actions reflètent nos valeurs. Nous choisissons ce que nous apprécions et rejetons ce qui nous déplaît. Mais parfois nos actions entrent en opposition frontale avec nos valeurs. Nous sommes alors en pleine dissonance cognitive. La cohérence de notre moi est menacée.
Par exemple les fans de Jackson disent qu'ils condamnent la pédophilie et ne la soutiennent pas, tout en défendant leur idole accusée cinq fois de pédophilie.
Cela aide à expliquer pourquoi certaines personnes refusent d'accepter les plaintes de maltraitance d'enfants contre Michael Jackson.
C'est extrêmement commun.
Il est peu probable qu'un être humain sur cette terre n'ait pas connu de «dissonance cognitive» et cherché les moyens de se libérer de cette dissonance ou, en d'autres termes, d'éliminer les mauvais sentiments.
Les réponses que nous lisons ou entendons de personnes qui ne peuvent tout simplement pas croire à la possibilité d'un comportement criminel de stars bien connues comme Jackson - qui niait avoir commis les abus - est extrêmement courante.
Ces réactions peuvent avoir l'effet involontaire de préserver la sécurité de puissants prédateurs.
Ce processus peut même aider les pédophiles, en particulier, à abuser des victimes avant même qu'ils ne soient soupçonnés, et s'ils se font prendre, ils seront encore moins reconnus coupables devant la justice.
Voici comment ça fonctionne :
Vous avez une image mentale de quelqu'un, basée sur votre expérience avec cette personne que vous avez respectée et même aimée pendant des années. Soudain, les nouvelles informations qui sont présentées jettent toute votre conception de cet individu dans le chaos.
Mais le vrai problème est le suivant :
Si vous avez tellement tort concernant cette personne, qu'est-ce que cela dit de «votre évaluation de la personnalité» de toutes les autres personnes que vous connaissez et aimez ?
C'est une chose horrible, et trop difficile à supporter pour certains. Pire encore, si vous avez véritablement soutenu cette personne contre des allégations, des revendications ou lors d'un procès : Qu'est-ce que cela dit de vous ? Pourquoi avez-vous donc tacitement soutenu ses actions ?
C'est là qu'un autre phénomène psychologique s'installe et permet aux gens qui ont un mauvais comportements d'influencer réellement les croyances de beaucoup, en faisant du prosélytisme et en s'entourant d'individus partageant le même avis qu'eux.
Si vous déclarez publiquement qu'une personne est innocente, vous aurez plus de chance de le croire vous-même. Cette croyance personnelle signifie que vous êtes encore plus susceptible de soutenir fortement un accusé, afin de renforcer vos propres croyances de longue date.
La dissonance cognitive, c'est quoi ?
Il y a dissonance cognitive lorsque les faits, la réalité sont en contradiction avec les croyances d'un individu. Cela créé alors un inconfort psychologique qu'il cherche à réduire.
Exemple :
Léon Festinger («la dissonance cognitive» 1957) étudie un groupe sectaire apocalyptique dont le gourou avait prédit la fin du monde. Lorsque les prédictions se trouvèrent démenties par les faits, les fidèles, au lieu de se détourner de leur gourou, renforcèrent leur croyance et les liens qui les unissaient. Les fidèles s'étaient tant investis dans leur croyance, qu'il était trop difficile pour eux d'en changer.
La dissonance cognitive est un processus psychique :
Lorsque les croyances sont profondément ancrées, la plupart d'entre nous visent à les conserver intactes face à une réalité dérangeante. Nous mettons alors en place des processus psychologiques inconscients. Nous minimisons et oublions ce qui nous dérange, ou détournons notre attention, ou bien nous transformons et réinterprétons le réel de sorte que nos croyances restent intactes.
Illustration d'une famille (fictive) déchirée par la culpabilité :
La condamnation d'un abuseur d'enfants, je l’appellerai Yann, constitue un exemple de dissonance cognitive ou encore de biais cognitif :
Sa condamnation pour l'abus de plusieurs enfants a divisé sa famille. Certains pensaient qu'il était innocent et d'autres non.
Cette famille était divisée par des relations gravement délabrées entre croyant et non-croyant, comme typiquement dans ces situations.
La soeur de l'accusé, Caroline, résume sa dissonance cognitive :
Si je découvrais, que Yann l'avait fait, je réfléchirais avant qu'il ne s'occupe de mes enfants, mais je me sentirais tellement malade si je savais vraiment que l'homme avec qui je partageais une grande partie de mon temps avait commis ces crimes, que je ne pourrais pas y faire face.
Caroline, décrit le véritable problème : Elle ne peut tout simplement pas croire Yann capable d'avoir commis ces crimes.
Les conséquences psychologiques qui en résulteraient seraient trop pénibles pour elle.
Pensez en outre au chaos mental que cela entraînerait pour Caroline si elle devait réfléchir sur chacune de ses relations et les jugements qu'elle a établis sur leur personnalité. Elle est émotionnellement plus sécurisée de croire que la police l'a condamné à tort, même si ce diagnostic est absurde pour un spectateur distancé.
Les divisions familiales qui surviennent lorsqu'un des membres d'une famille est mis en cause en tant qu'auteur de faits graves sont extrêmement courantes. Beaucoup de victimes sont extrêmement choquées de découvrir que lorsqu'elles avouent avoir été abusées, plutôt que d'être accueillies avec compassion et attention, elles se retrouvent ostracisées par une partie de leur famille.
Il est plus facile pour les familles de sauver la face en transformant l'accusateur en menteur, en fou ayant des désirs caché, qu'en évinçant un puissant agresseur - parce que cela couperait probablement court à des années de relations véritablement positives avec d'autres membres de la famille, ou des amis qu'ils détesteraient perdre.
Les accusateurs n'ont aucun doute sur le fait qu'en divulguant leurs mauvaises expériences, ils devront assumer la responsabilité «du déchirement de la famille» et seront ensuite condamnés au silence pour préserver l'image/ l'identité et l'harmonie familiale.
Lorsque nous voyons des individus puissants défendre des personnalités jouissant du même pouvoir ou du même statut, nous assistions à une réaction humaine relativement classique face à des informations contradictoires et pénibles.
Ce qui est le plus préoccupant, c'est la calomnie des victimes : «méchantes», «avides», «menteuses» «opportunistes» ou en train de vouloir réaliser un scoop !
Ceux qui sont incapables d'accepter des preuves désagréables devraient réfléchir à deux fois avant de montrer publiquement leur dissonance cognitive et de garder leur douleur psychologique pour eux-mêmes. Cela ne fait que rendre ridicule leur douleur, comparée à la douleur qu'ils causent aux autres en la diffusant.
Un grand jury avait inculpé Jackson en 2003 de dix chefs d’accusations, notamment ceux d'attouchements sexuels sur un mineur, (Gavin Arvizo). De conduites lubriques et obscènes, de tentative de séquestration et de lui avoir servi de l'alcool pour abuser de lui.
Vous allez insister, oui mais, Michael Jackson a été reconnu non coupable en 2005 !
C'est vrai, mais son procès met surtout en lumière l'usage abusif de récusations d'office utilisées à des fins inavouées. Le mot «manipulations» résonne de façon ironique au regard de toutes les manoeuvres dissimulées des avocats pour asseoir des jurés à leur convenance. Après le procès trois jurés ont reconnu publiquement que MJ était coupable. Et enfin Wade Robson confesse dans «Leaving Neverland» avoir menti en faveur de Jackson en 2005. Tout cela remet en question le verdict.
Enfin, voici un autre exemple d'inconfort psychologique généré par la croyance en des idées ou des valeurs qui se contredisent :
Lorsque La Jackson Estate, la famille Jackson et les fans accusent Robson et Safechuck d'être des parjures ! sans le vouloir, ils confirment que ces derniers ont menti sous serment et donc que Jackson était bien un agresseur d'enfants.
En utilisant la même approche de base que les apologistes de Michael Jackson : La pensée sélective, les preuves futiles (comme l'histoire de la gare par exemple ) , la paranoïa du complot et la totale ignorance - Tous les coupables pourraient être reconnus innocents.
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Il y a deux ans, lorsque Joe Vogel a accepté d'écrire un livre sur l'influence de Michael Jackson - (à paraître cet été, à l'occasion du 10ème anniversaire de la mort de Jackson) - il pensait qu'il s'agirait d'un travail exigeant mais gratifiant, une nouvelle occasion de s'informer sur l'héritage le plus formidable de la pop moderne, pour répondre à de nouvelles questions sur la collaboration de l'artiste avec le producteur Quincy Jones et pour célébrer le succès durable des chansons de MJ. Depuis que HBO a lancé le documentaire explosif «Leaving Neverland» Joe Vogel s'est retrouvé dans un cauchemar biographique, à devoir réexaminer des milliers d'heures de recherches - sur ses préjugés et sur ses suppositions inexprimés - à mesure que son paysage culturel et informationnel se dissolvait. «cela complique les choses de manière vraiment, vraiment contrariante» a déclaré Vogel. «Non seulement je suis obligé de réfléchir sur la manière dont je dois gérer cela personnellement, et sur la façon de le gérer de manière professionnelle».
Comme les fans de sa musique qui ont essayé de réconcilier le Jackson de «Leaving Neverland» - un pédophile effronté qui a laissé des enfants et leurs proches délabrés - avec le chanteur fascinant de «Thriller» dont l'ADN traverse les générations de la culture. Les biographes et les journalistes qui l'avaient décrit exceptionnel dans notre mémoire collective, sont tranquillement en train de revenir sur leurs pas, certains avec fierté, d'autres avec angoisse, certains hésitant entre deux camps.
Les neufs interviewés pour cette histoire couvrent le spectre équilibré d'une affinité personnelle pour Jackson avec un intérêt professionnel à suivre les faits là où ils les conduisent. Pour certains, «Leaving Neverland» corrobore leur propre travail d'enquête. Pour d'autres, c'est une histoire cinglante.
La plupart ont déclaré avoir été émus par les témoignages déchirants de James Safechuck et de Wade Robson, les accusateurs de Jackson. Trois auteurs révisent leurs livres sur le chanteur et publieront de nouvelles éditions cette année.
Mais face à un bras de fer manifeste - sur les méthodes du cinéaste Dan Reed - deux personnes interviewées ont déclaré qu'elles avaient refusé de regarder le documentaire, le préjugeant de désastre complètement fou.
La rupture entre les journalistes favorables à Jackson à propos de «Leaving Neverland» est la dernière manifestation d'un différend vieux de 25 ans sur la façon d'interpréter son histoire.
D'un côté, ceux qui considèrent Jackson avec circonspection, voient une puissante célébrité pour qui payer 25 millions de dollars US en règlement d'allégations de pédophilie en 1993, n'était qu'un exemple de sa volonté d'utiliser son argent et son influence pour camoufler un comportement grotesque. De l'autre côté, il y a ceux qui l'on vu comme une victime à vie - un artiste noir qui attirait les opportunistes, les tabloïds, les flics corrompus et les fraudeurs.
Pour les membres du premier camp, comme Maureen Orth, ancienne envoyée spéciale de Vanity Fair, «Leaving neverland» est le flambeau du dernier acte d'un roman policier rempli de quasi-accidents et de vraies émotions. Orth a beaucoup écrit sur les accusations de Jordie Chandler, âgé de 13 ans, dont la famille avait poursuivi Jackson en justice et avait été indemnisée en 1994. Elle a été frappée par la similitude de son histoire avec celle de Robson et Safechuck. «La première chose à laquelle j'ai pensé en regardant ça, a été oui, j'ai déjà entendu tout cela, a-t-elle déclaré à propos du documentaire et je me suis sentie très désolée et très triste pour ces victimes.
Diane Dimond, qui a pour la première fois exposé les allégations de Chandler en tant que journaliste pour l'émission de télévision «Hard Copy», a déclaré que les fans de Jackson lui adressaient des menaces de mort. Elle travaille sur trois nouveaux chapitres pour la version de son livre audio concernant Jackson en 2005 et a pleuré en regardant «Leaving Neverland». J'ai une fille et je déplore avoir passé autant de temps à faire des recherches sur Michael Jackson, a déclaré Dimond, qui était une jeune mère à l'époque. Mais j'espère que les gens vont maintenant comprendre que ces rapports n'ont pas été faits uniquement pour le sensationnalisme.
Cependant, certains journalistes considèrent le documentaire comme le dernier en date d'une série de tentatives peu recommandables visant à éclipser Jackson - celui-ci ayant été commercialisé de manière opportuniste après sa mort, alors que, conformément à la loi, il ne peut plus être diffamé.
Peu dans ce deuxième camp ont eu plus d'influence que Mary A.Fischer. Son histoire sur GQ magazine au sujet des allégations de Chandler, «Michael Jackson a-t-il été encadré» qu'elle a ensuite publiée sous forme de livre électronique, est encore fréquemment citée par les fans qui croient que Jackson est victime d'un complot sans fin.
Dans une interview, Fischer a qualifié «Leaving Neverland» de distorsion majeure et Robson et Safechuck d'accusateurs peu fiables. Elle a particulièrement critiqué Dan Reed qui, selon elle, éclipse les conflits d'intérêts potentiels, ainsi que le précédent procès intenté par les hommes contre la succession de Jackson, et des rapports qui stipulent que Robson avait déjà recherché un accord pour un livre. «Cela me semble très manipulateur et je m'en veux» (.....), a déclaré Fischer.
Joe Vogel, qui a écrit un article dans Forbes mettant en avant le procès et la vente d'un livre avant la sortie du film, avait également accusé Reed d'avoir choisi de vendre ses produits. «je pense qu'un film tout aussi convaincant pourrait être fait pour la défense de Jackson en incluant certaines personnes - et certaines preuves - et en excluant d'autres - Il a noté des incohérences alléguées dans la chronologie présentée par Robson et Safechuck dans le film, un point de discorde croissant pour les septiques en ligne. «Il y a encore beaucoup de questions à poser, si nous croyons en une procédure régulière, et je pense qu'il existe des moyens respectueux de le faire» a déclaré Vogel.
Suite aux entretiens donnés par Reed expliquant sa décision de ne pas interroger de sources pouvant défendre Jackson - arguant que les déclarations publiques de Jackson étaient suffisantes - les experts biographes ont été si troublés qu'ils ont condamné le film sans l'avoir vu.
Pour moi, c'est ce que je n'ai jamais fait dans le journalisme, a déclaré Linda Deutsch, une journaliste à la retraite de L'Associated Press, dont les reportages sur plusieurs affaires très médiatisées incluaient le procès criminel de Jackson en 2005, alors qu'il était accusé de molestation d'enfants et déclaré non coupable. Elle a soutenu Jackson, qui lui a personnellement téléphoné après le procès pour la remercier de sa couverture. «victime de sa propre célébrité». et a déclaré que «Laeving Neverland» n'aurait jamais dû être diffusé. «Il accusent faussement Michael, et je ne veux pas les entendre».
Susan Fast, directrice du programme d'études supérieures en genre et recherche féministe à l'université McMaster et auteur de «Dangerous» un livre sur Jackson et son album du même nom, a également refusé de regarder le documentaire de Reed. «Je n'ai simplement aucun intérêt à regarder quatre heures de témoignages sans fondement», a déclaré Fast. En ce qui concerne Jackson, a-t-elle expliqué, les médias se sont toujours «réjouis de la possibilité de sa destruction».
Pour certains vétérans de la musique de Jackson, la question la plus évidente n'est pas de savoir si l'artiste était une victime ou un prédateur, mais de savoir pourquoi il est si difficile pour certains d'accepter la possibilité qu'il soit les deux.
Pouvons-nous ressentir plus de sagesse en gardant simultanément des opinions, des sentiments et des ensembles d'informations contradictoires dans notre esprit ? a demandé Margo Jefferson, l'auteur de «On Michael Jackson» et ancienne critique du Times qui a remporté le prix Pulitzer pour ses critiques de livres. Il est plus intéressant d'essayer de faire avancer les choses en ne se complaisant pas dans les mêmes vieux principes binaires de défense, et de se justifier soi-même. Margo Jefferson travaille sur une nouvelle adaptation de son livre, inspirée de «Leaving Neverland».
Steve Knopper, auteur de « MJ : The Genius Of Michael Jackson» a déclaré que le film lui faisait regretter certains de ses propres angles morts. Son livre, publié peu après que Robson et Safechuck aient ensemble poursuivi en justice le domaine Jackson en 2013, exprimait le scepticisme à l'égard de leurs revendications et défendait Jackson contre les allégations de 1993 et de 2005.
J'ai trouvé «Leaving Neverland» assez dévastateur a déclaré Steve Knopper - Je crois que Jackson était coupable. Ou, je le crois le plus souvent : « Mais il y a une toute petite partie de moi qui dit : je voudrais davantage de preuves».
source : The New York Times.
Je pense que ces biographes ou journalistes qui défendent encore Jackson sont incapables de reconnaître des preuves désagréables, surtout après avoir investi inutilement, tellement de temps sur Jackson, au lieu de faire des recherches en profondeur sur sa vraie nature. D'un côté, ces personnes perçoivent une réalité et de l'autre, elles nient les faits, car il sont incompatibles avec ce qu'ils ont dans la tête. Mais à ce stade c'est surtout une forme d'insincérité plus ou moins consciente, une tricherie destinée à préserver des convictions ou des intérêts personnels.